Boizel Une très ancienne marque familiale Retrouvez notre sélection de champagnes 2019 Les Boizel en 1994 se sont associés avec Bruno Paillard et Philippe Baijot pour créer le groupe BCC Boizel Chanoine Champagne, qui développe des marques rachetées par le groupe comme Lanson, Alexandre Bonnet ou Philipponnat… D’autres filiales produisent des champagnes destinés à la grande distribution. Boizel, sous l’énergique direction d’Evelyne Roques-Boizel, a continué son chemin. Elle vient seulement de passer la main à ses deux fils, Lionel et Florent Roques-Boizel On a repris avec Florent le 1 er janvier de cette année, mais cela fait dix ans pour moi et onze ans pour Florent qu’on travaille chez Boizel, raconte Lionel. On a fait beaucoup de choses avant. Moi, j’ai été commercial pour Bonduelle, j’ai monté une société de services à la personne. Quand j’ai voulu revenir, mes parents m’ont dit “Fais tes armes ailleurs !”, et je suis allé faire du commerce dans d’autres maisons. Mon frère est parti en Nouvelle-Zélande puis il a travaillé pour Michel Chapoutier, dans le Rhône, en export, avant de revenir chez Boizel. Cette fois, ma mère et mon père étaient confiants pour l’avenir. Ils ont pris une retraite méritée. » La maison, située dans la belle avenue de Champagne à Epernay, a pas mal changé. Rénovée dans ses bâtiments, elle s’ouvre beaucoup au tourisme. On apporte des nouvelles pratiques. Le but n’est pas une rupture, mais de chercher à s’améliorer. On est marqué pinot noir. On n’est pas assez reconnus pour nos vins, dont on veut en faire des pépites. »§ Ayala Une cuverie remise à neuf Avec Caroline Latrive, cheffe de cave, et Hadrien Mouflard, directeur, pas question de quitter le site sans visiter la nouvelle partie de la cuverie, qui permet d’augmenter de 30 % la capacité de vinification et de stockage des vins. Et on s’en sert à plein, on était autour de 600 000 bouteilles en 2012. On est aujourd’hui aux alentours de 1 million. » Une très belle cuverie en noir et Inox qui comprend plus de 1 230 cuves pour isoler des lots avec des petits contenants ». La maison située à Aÿ, avec sa façade 1920 entre mairie, école communale et fabrique, s’est ouverte à l’œnotourisme On vend en direct, sans intermédiaire, et des cuvées premium. Pour la première fois, on ouvre le week-end et on se demande si on ne va pas recruter une deuxième personne. On constitue un fichier de clients et les visites débouchent sur une sorte de club », commente Hadrien Mouflard§ Lanson Le nouveau patron s’appelle François Van Aal Il succède à Philippe Baijot, désormais retraité, mais qui reste actionnaire du groupe dont il est cofondateur. François Van Aal était auparavant chez Rémy Cointreau Je suis arrivé il y a sept mois. En 2020, nous allons fêter nos 260 ans d’existence. Avec les représentants de tous les services, on s’est mis autour d’une table en se demandant ce qu’on pouvait faire pour arriver à un projet, pour recréer une image fédératrice. Certaines maisons ont des dizaines de millions d’euros à dépenser pour l’image. Nous, on a investi 20 millions dans la partie production depuis huit ans, il faut qu’on investisse dans le reste. On a appelé ça “la reconquête”. On commence à présenter aux distributeurs notre nouvelle gamme, plus facile à comprendre. On passe de 15 à 10 produits, mais dans une croissance responsable, dans le respect de l’environnement. On a 550 hectares d’approvisionnement, 57 en propriété, dont 16 hectares en biodynamie, l’accès à plus de 100 crus, dont 50 % en grands crus et premiers crus, plus de 400 livreurs de raisins et une certification collective pour le développement durable on fédère tous les vignerons qui sont intéressés. »§ Palmer RémI Vervier, directeur de la coopérative Palmer On est en croissance contrôlée, on veut se développer mais en gardant la notion de temps. On a la chance d’être en progression, mais il ne faut pas qu’on aille plus vite que la musique. On est passé à 700 000 cols. Il y a dix ans, on en faisait 300 000. On n’a pas de problème d’approvisionnement en raisins et on a des vignerons qui nous rejoignent tous les ans. On sélectionne, on a instauré une période d’essai pour voir si on partage les mêmes valeurs qualitatives. On a vraiment une empreinte, une histoire, une connaissance, une expertise historique dans la Montagne de Reims. Mais, pour le reste, en côte des Blancs ou en vallée de la Marne, on n’a que des îlots. Palmer s’est constitué à partir de grands vignerons de la Montagne puis du Sézannais, car les gens de la Montagne ont investi dans le Sézannais, aux Riceys. Nos blancs, c’est Trépail Montagne et Sézanne. »§ Taittinger Un vignoble aussi en angleterre Alexandre Ponnavoy est arrivé dans la maison en 2015 pour se roder et prendre ensuite la succession de Loïc Dupont Pour être à l’aise comme chef de cave, il faut trois ou quatre ans. » Depuis la vendange 2018, c’est lui qui est aux commandes et qui nous reçoit dans la nouvelle cuverie géante de Bezannes, à proximité de Reims, une ville nouvelle qui a poussé en quelques années autour de la gare TGV. Et, pour changer un peu de l’actualité champenoise, nous lui faisons parler du vignoble créé par Taittinger en Angleterre pour le marché anglais On a 30 hectares pour le moment. Ça finira à 60 ou 80 hectares. C’est une région très vallonnée qui ressemble beaucoup à l’Aube. On veut surtout comprendre les sols, c’est de la craie. C’est le prolongement du Bassin parisien, mais c’est assez riche, car il y a beaucoup de forêts et des terres qui n’ont pas été exploitées. Le gros travail, c’est de faire plonger les racines parce qu’elles trouvent de quoi se nourrir en surface et développent un feuillage important. On part de zéro. La plupart de ceux qui ont créé des vignobles sont allés dans le sud de l’Angleterre et, nous, on est partis là où il n’y avait pas de vignes, à côté de Canterbury, à la sortie du Shuttle. » Retour en Champagne, où Taittinger possède 288 hectares, qui assurent de 40 à 45 % de son approvisionnement et produisent 6,5 millions de bouteilles, contre 4 millions en 2006§ Vincent Chaperon Nouveau chef de cave Dom Pérignon Ma grand-mère était une Despujol du Château Nénin, à Pomerol » Je suis arrivé en 1999 chez Moët – c’était mon premier job. Ils cherchaient des candidats pour partir en coopération seize mois au Portugal, en Espagne, au Maroc, avec une mission sur le liège. Moët avait mis la pression sur la recherche pour les bouchons. Après, ils m’ont proposé de venir en tant qu’œnologue. En 2005, je suis parti sur Dom Pérignon avec Richard Geoffroy. On ne peut pas dire que j’étais programmé pour lui succéder. On n’en a jamais parlé, avec Richard. Je ne l’ai su qu’au dernier moment. Je suis originaire de Bordeaux. Ma grand-mère était une Despujol du Château Nénin, à Pomerol. Moi, j’avais une relation très forte avec la mer, j’étais très attiré par l’halieutique. Quelque chose m’avait marqué c’était ces occasions de déguster avec mon grand-père des vieux vins, des Nénin de vingt ou trente ans. C’était beaucoup d’émotion. On dégustait tous les deux et il me racontait toute l’histoire de Pomerol. C’est vraiment là que j’ai compris, et j’ai commencé mes études d’ingénieur agro. »§ Michel Fauconnet Futur ex-chef de cave de Laurent-Perrier Je ne pensais jamais devenir chef de cave. Je suis encore là, mais je ne serai plus en avant » Je suis entré en 1973 comme stagiaire jusqu’à ce qu’Alain Terrier arrive comme chef de cave. Bernard de Nonancourt [dit “le Grand”, décédé en 2010, alors patron de Laurent-Perrier] a cherché quelqu’un de Bordeaux, car à l’époque l’œnologie, c’était Bordeaux. Alain a été recruté en 1973 mais, à cause de la crise pétrolière de 1974, il n’est venu qu’en 1975, ce pourquoi je l’ai attendu deux ans comme stagiaire. La première phrase d’Alain Terrier, je m’en souviens encore “On va faire ce qu’ils savent faire et après on tâchera de s’améliorer.” Moi, je suis aubois et fils de paysan. Je suis atypique. J’étais le seul fils et je devais revenir à la ferme. Mais mon père m’a dit “Va d’abord voir ailleurs !”, et je ne suis pas revenu. Après, j’ai rencontré Bernard de Nonancourt. Il m’a fait confiance et Alain Terrier m’a formé, m’a construit. Je ne pensais jamais devenir chef de cave, même quand Alain a arrêté. Je suis encore là, mais je ne serai plus en avant. Dominique Demarville arrive et désormais, c’est lui le chef. Moi, je vais préparer le changement. Je suis là pour l’aider. »§ Le mercato des chefs de cave C’est tout à fait inédit en Champagne où, en principe, quand on atteint l’échelon envié de chef de cave dans une grande maison, on ne bouge plus. Les anciens, ceux qui sont partis à la retraite ces cinq ou dix dernières années, avaient ainsi fait leur carrière dans la même entreprise. Le chef de cave, c’est le personnage le plus important, à la fois premier violon, celui qui donne le la avant le concert, et le chef d’orchestre. Il fut des maisons autrefois où le propriétaire, pour descendre dans les caves, devait au préalable obtenir son autorisation. Mais, ces trois dernières années, on a assisté à un étrange balai, entre mercato footballistique, chaises musicales et théorie des dominos. Le départ de l’un pour une autre marque provoquant le départ d’un autre pour le remplacer. Ce fut d’abord le départ de Séverine Frerson, nouvellement nommée chez Piper-Heidsieck et partie pour Perrier-Jouët, puis pour abréger celui de Didier Mariotti de Mumm et qui vient d’être nommé chez Veuve Clicquot en remplacement de Dominique Demarville, qui rejoint Laurent Perrier en remplacement du futur retraité Michel Fauconnet, tandis que Laurent Fresnet quitte Henriot au profit de Mumm et qu’Emilien Boutillat part de Cattier pour rejoindre Piper-Heidsieck. Ouf ! S’ajoutent à cela les départs dits classiques, car Michel Fauconnet n’est pas le seul à faire valoir ses droits à la retraite, et l’on assiste aussi à l’arrivée de nouvelles têtes, telles celles de Julie Cavil chez Krug qui, depuis longtemps déjà, se préparait à succéder à Eric Lebel, ou Vincent Chaperon à la tête de Dom Pérignon, ou encore d’Alexandre Ponnavoy, chef de cave depuis la vendange 2018 de Taittinger… Iannis G./RÉA x2 – Romain Gaillard/RÉA pour LE POINT » x3