Peintresde la Marine : des artistes distinguĂ©s portent un regard sur le Gers Anne Smith Ă©tait Ă  Plieux en mai dernier. Venez la rencontrer avec d’autres artistes le
24 heures» tire le portrait de ces crĂ©ateurs, musiciens, professionnels de la scĂšne, programmateurs
 qui vont faire rayonner la culture du 11h27Mis Ă  jour 14h19BĂ©nĂ©dictePoussez la porte et entrez donc vous installer, le rideau s’est levĂ©!Qui sont les 100 qui feront la culture, cet automne, en terre vaudoise? Tenter d’y rĂ©pondre s’est avĂ©rĂ© stimulant et passionnant. Frustrant, parfois. Urgent, surtout! AprĂšs de longs mois durant lesquels les artistes se sont retrouvĂ©s rĂ©duits au silence ou stoppĂ©s dans leurs Ă©lans, aprĂšs l’enchaĂźnement des fermetures qui ont forcĂ© le public Ă  rester plus ou moins Ă©loignĂ© des théùtres, salles de concert, lieux d’exposition et cinĂ©mas, nous avons choisi d’imaginer un cahier spĂ©cial qui traverse les forces crĂ©atives du canton. De Lausanne Ă  Yverdon, de Nyon Ă  Aigle.Parlons talents et imaginations, rĂ©activons la curiositĂ© et le plaisir!»Ces quatorze pages se veulent un reflet du foisonnement artistique qui a rejailli un peu partout. Il ne sera question, ici, ni d’enjeux politiques ni de combats idĂ©ologiques. Parlons talents et imaginations, rĂ©activons la curiositĂ© et le plaisir! Savourons la rĂ©jouissance qu’il y a Ă  se laisser surprendre par une nouvelle crĂ©ation qui fusionne les Ă©nergies d’une bande de saltimbanques. Retrouvons ce bonheur qu’il y a Ă  communier autour d’un mĂȘme objet je craignais que le plaisir se soit Ă©moussĂ© au fil de la pandĂ©mie. Pour moi comme pour beaucoup. M’écharper, il y a quelques jours, avec des amis pour savoir si le film Dune» mĂ©ritait ou non des louanges m’a excitĂ©. Observer le regard captivĂ© des spectateurs, masques tombĂ©s et assis en cercle, quand ils dĂ©couvraient, mercredi, la nouvelle piĂšce chorĂ©graphique de Philippe Saire, m’a rassurĂ©. Sentir, le lendemain, la joie communicative du public venu Ă©couter Renaud Capuçon et les musiciens de l’OCL, Ă  nouveau autorisĂ©s Ă  faire salle comble, m’a soufflĂ©. C’est sĂ»r, le plaisir est toujours est donc venu le temps de fĂȘter nos artistes. D’ici ou d’ailleurs. En choisir 100 n’a pas Ă©tĂ© Ă©vident. La sĂ©lection devait se limiter Ă  ceux qui ont une actualitĂ© avant la fin de l’annĂ©e. Avouons-le d’emblĂ©e le chiffre est symbolique. Il en figure bien plus que cela dans notre cahier spĂ©cial. Car chaque talent qui se retrouve en haut de l’affiche le doit Ă  des hommes et des femmes qui l’accompagnent dans l’ombre, Ă  des collĂšgues avec qui il partage les feux de la rampe. Qu’à cela ne tienne. Nous avons donc choisi de mettre Ă  l’honneur ces chanteurs, musiciens, comĂ©diens, humoristes, metteurs en scĂšne, danseurs, plasticiens, Ă©crivains, programmateurs, producteurs
 qui vont faire buzzer l’automne culturel vaudois. Celles et ceux qui – au-delĂ  des chapelles esthĂ©tiques et dans toutes les disciplines – nous impressionnent par leur parcours, par leur rayonnement et leur rĂ©ussite, par leur force d’innovation, par le succĂšs qu’ils engrangent auprĂšs du public ou, tout simplement, par leur motivation Ă  se faire une place sous les projecteurs. Finalement, c’est une passionnante et trĂšs subjective cartographie de la scĂšne romande qui se dessine. Un arrĂȘt sur image qui fait la nique Ă  la pandĂ©mie. Et nous rappelle que l’heure de la rentrĂ©e culturelle a bel et bien sonnĂ©!Notre dossier spĂ©cialDix artistes portĂ©s par le succĂšs, dix carriĂšres qui forcent le respectSous les feux de la rampe, dans leur studio ou leur atelier, ces crĂ©ateurs tissent un parcours qui leur vaut une reconnaissance publique ou critique loin Ă  la ronde. et expositionsLausanne, le 31 aoĂ»t 2021. Les artistes Manuel MĂŒller et sa fille Gilda MĂŒller dans l’atelier de Manuel Ă  SĂ©beillon. Ils exposent ensemble Ă  MeylanQuatre MĂŒller se sont fait un prĂ©nom d’artiste Les liens de l’art unissent aussi Robert, le sculpteur, Miriam, la crĂ©atrice de bijoux, Manuel, facteur d’icĂŽnes», et Gilda, dessinatrice. Une histoire qui s’expose et se raconte, belle!Les eaux nomades» de Catherine Bolle inondent de sens La plasticienne vernit sa premiĂšre exposition chez Fabienne Levy. Histoire d’une rencontre entre deux Lausannoises dĂ©fendant l’art dans leur peintres et photographes Ă  dĂ©couvrir cet automne Une sĂ©lection d’expositions et d’évĂ©nements au programme jusqu’à la fin de l’ et danse, spectacles musicaux, humour et jeunesseEt j’ai criĂ© Aline
Thierry Romanens et Format A3Mercedes RiedyLes salles de spectacle ouvrent leurs rideaux Foisonnant, le menu des scĂšnes vaudoises promet un automne riche en dĂ©couvertes. De quoi oublier la longue fermeture des théùtres. DĂ©couvrez 11 personnalitĂ©s qui dĂ©fendent haut leur art et une sĂ©lection de douze spectacles Ă  ne pas et musique l’automne sera festif ComĂ©dies musicales, spectacles musicaux et propositions jeune public Ă©gaieront la le 10 septembre 2021. Nathalie Devantay, humoriste, chez elle. 24 heures/Odile MeylanNathalie Devantay ne connaĂźt pas la crise Notre rencontre avec l’humoriste qui lance un nouveau spectacle tout en jouant dans la Revue vaudoise et en projetant une nouvelle sĂ©rie de ses soirĂ©es Humour et Terroir chez les vos zygomatiques! Wiesel, Rollmann, Auer & Veillon, Bersinger, Karin Ce
Les humoristes dĂ©goupillent leurs vannes sur les scĂšnes vaudoises. Avant-goĂ»t et sĂ©lection de 13 spectacles incontournables cet Recrosio ou l’ñge de raison, presque ScĂ©nariste, directeur, comĂ©dien, papa
 Le Veveysan d’adoption entame une saison aux multiples casquettes, lui qui a un large Aymon , JĂ©rĂ©mie Kisling et Matthieu Gafsou. Patrick MartinQuelques beaux humains pour porter aux nues Marc Aymon. Sur la musique de JĂ©rĂ©mie Kisling et les photos de Mathieu Gafsou, le chanteur prend son envol. Des notes et des D! Club a 25 ans et Les Docks font le plein de concerts. La salle lausannoise s’offre un automne chargĂ© pour cĂ©lĂ©brer un quart de siĂšcle entre electro, hip-hop et fiesta pendant que Les Docks libĂšrent leur Vallon toujours dans le vent tonifiant Portrait du pianiste originaire d’ l’EVL et le Sinfonietta clĂšbrent leur anniversaire, cette saison. L’Ensemble vocal de Lausanne de Pierre-Fabien Roubaty et le Sinfonietta de David Reiland cĂ©lĂšbrent les 60 ans de l’un et les 40 ans de l’autre Ă  un tournant de leur histoire. Rencontre avec les deux chefs David Reiland et Pierre-Fabien Roubaty. CinĂ©maL’affiche de la Nuit du court mĂ©trage 2021DRCinĂ©-Festival a survĂ©cu au scĂ©nario catastrophe. Cet automne, CinĂ©toile Malley fĂȘte ses 20 ans et son rendez-vous d’avant-premiĂšres vivra sa 24e Ă©dition du 2 au 7 novembre. Rencontre Jean-Daniel Cattaneo et Fabrice Gevisier qui dirigent le multiplex de l’Ouest rendez-vous du cinĂ©ma romand cet automne. Des fondus de cinĂ©ma qui s’activent Ă  le dĂ©fendre, ça ne manque pas dans le canton. Au menu courts mĂ©trages, comĂ©dies, documentaires, cinĂ©ma underground
 Notre sĂ©lection de festivals et nuits et littĂ©raturePajak, Pellegrino, Delay
 TĂȘtes d’affiche de l’automne littĂ©raire Que nous rĂ©serve la rentrĂ©e? Quelques Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse avec des auteurs attendus au Cordonier est chef de la rubrique Culture et Magazines depuis 2017. FormĂ© au sein de la rubrique locale puis chargĂ© de l’actualitĂ© politique lausannoise, il a codirigĂ© la rubrique Vaud et RĂ©gions de 2010 Ă  2013. En 2010, il a Ă©tĂ© nominĂ© au Prix Suisse du d'infosVous avez trouvĂ© une erreur?Merci de nous la signaler.
Lautomne a aussi inspirĂ© les peintres. L’automne, « la saison de brumes et de moelleuse fĂ©conditĂ© », pour John Keats. Pour les impressionnistes, celle Suivez la guide ! Restez dans la boucle ! Et recevez l'actualitĂ© culturelle chez vous Expositions / Autres lieux Dans la grisaille de l’automne, une soixantaine d’artistes exposent leurs couleurs Suivez la guide !Clubbing, expos, cinĂ©ma, humour, théùtre, danse, littĂ©rature, fripes, famille
 abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rĂ©dac’ ! PoĂšmeillustrĂ© par : Martine Tron. www.saudade.unblog.fr. La lumiĂšre est si belle en ce beau jour d’automne. Qu’on s’y sent aspirĂ© en un grand tourbillon ; LumiĂšre flamboyante et arabesque jaune. OĂč le regard se perd et glisse jusqu’au fond. De la mer dĂ©chaĂźnĂ©e par le grand mistral blanc ; Soleil Ă  l’agonie avant un long hiver,
PubliĂ© le 1 Novembre 2014 par chriswac PubliĂ© dans POEMES...Divers Automne Le Revenant Je n'aime pas l'automne C'est la saison des animaux craintifs Des branches qui craquent sous les bottes Des coups de feu dans le ciel blanc C'est la saison qui caresse la nuque Avec des doigts humides Qui foule aux pieds les nuages Et cloue le soleil sur les arbres C'est la saison des cimetiĂšres De la Toussaint portes ouvertes C'est la saison oĂč tu reviens La priĂšre et la peur dans le regard C'est la saison oĂč je te vois Face Ă  moi dans la glace Je vois ta main aux taches brunes Et le rasoir qui tremble en passant sur ma joue Liens PoĂšmes PoĂšme. Toussaint. PoĂšme. Jour des Morts. Automne sale saison. Liste et liens des poĂšmes Alzheimer. Mon pĂšre. Liste des poĂšmes pour les enfants. Liens. Liste et liens des poĂšmes. Divers. Liens poĂšmes d'amour . .................................................................................................................................................................... .. ...............................................................................................................
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FondĂ©een 1966 par Maurice Nadeau et François Erval, La Quinzaine littĂ©raire se poursuit depuis 2013 dans la Nouvelle Quinzaine littĂ©raire. Regards critiques sur l’actualitĂ© de la Vous avez peut-ĂȘtre vu le film de Jarmila Buzkova, Matisse et Picasso, la couleur et le dessin » sur France 5 le jeudi 1er mai. DĂ©solĂ©, votre navigateur ne supporte pas la balise vidĂ©o HTML5 en format MP4/H264 Sollers y participe briĂšvement, trop briĂšvement. Il y dĂ©veloppe des thĂšmes qu’ils aborde dans son roman L’Éclaircie. Je les ai Ă©voquĂ©s Ă  plusieurs reprises cf. notamment Matisse/Picasso Ă  la lumiĂšre de L’Éclaircie. Voici un trĂšs court extrait qui aurait mĂ©ritĂ© un plus long dĂ©veloppement que Sollers n’a pas manquĂ© de faire mais qui n’a pas Ă©tĂ© conservĂ© au montage. Il commence avec une reproduction des Figures au bord de la mer de Picasso 1931 [1]. DĂ©solĂ©, votre navigateur ne supporte pas la balise vidĂ©o HTML5 en format MP4/H264 La confrontation — le duel » — entre Picasso et Matisse est une figure quasi-imposĂ©e expositions, essais, documentaires, etc.. Confrontation dont il est bien difficile — et sans doute vain — de dire s’il en sort un vainqueur sinon la peinture elle-mĂȘme Ă  la diffĂ©rence du duel par trop inĂ©gal entre Picasso et Braque [2]. Mais confrontation imposĂ©e par qui et pourquoi ? Eh bien, au-delĂ  de la convention, par les peintres eux-mĂȘmes. Amis ? Ennemis ? Rivaux ? La question est plus Matisse, nĂ© en 1869, est plus ĂągĂ© que Picasso, nĂ© en 1881, il n’en est pas "le pĂšre" comme le rĂ©pĂšte un peu trop le documentaire de France 5, mais seulement l’aĂźnĂ©. Le pĂšre, c’est CĂ©zanne CĂ©zanne est notre pĂšre Ă  tous », dira Picasso, et Matisse c’est une sorte de bon Dieu de la peinture ». Les deux peintres ont commencĂ© Ă  peindre Ă  peu prĂšs au mĂȘme moment, dans les annĂ©es 1890 le premier tardivement, le second prĂ©cocement. N’est-il pas significatif qu’il se rencontrent, pour la premiĂšre fois, en 1906, l’annĂ©e de la mort de CĂ©zanne ?Le dialogue exigeant, tendu, souvent ironique, entre les deux peintres, le Français et l’Espagnol, durera prĂšs de cinquante ans, jusqu’à la mort de Matisse en 1954. AprĂšs quoi, Picasso, seul, reprendra, pendant prĂšs de vingt ans, et comme s’il avait toujours vingt ans, toute l’histoire de la grande peinture occidentale — en prĂȘtant une attention toute particuliĂšre Ă  Manet, le plus espagnol des peintres français. Mais c’est une autre histoire [3]. * Le 28 octobre 1980, Marcelin Pleynet fait une confĂ©rence Ă  la Fondation Juan March Ă  Madrid Ă  l’occasion d’une rĂ©trospective des oeuvres de Matisse. Elle est publiĂ©e dans le numĂ©ro 87 de Tel Quel au printemps 1981 et reprise dans Les Modernes et la Tradition en 1990. Elle pourrait avantageusement servir de commentaire au documentaire de France 5. Pleynet revient sur la rencontre essentielle, sur les multiples rencontres, entre Picasso et Matisse dĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle. Oui, je suis convaincu que Matisse et Picasso dialoguent », Ă©crit Pleynet. Analyse. Tel Quel 87, printemps 1981. Cliquer sur les images pour agrandir [4]. par Marcelin Pleynet La confĂ©rence commence aprĂšs la prĂ©sentation de Marcelin Pleynet par son hĂŽte espagnol 65’ CrĂ©dit Marcelin Pleynet. Je vous prie, Mesdames et Messieurs, de bien vouloir excuser la sorte d’incongruitĂ© qu’il y a Ă  venir, dans son propre pays, parler d’un peintre dont on ne connaĂźt pas la langue et soumettre ses compatriotes au pĂ©nible protocole de la traduction. Je vous demande de m’en excuser et, de plus, de faire l’effort de me comprendre ; de bien vouloir comprendre ce qui ici peut me servir d’excuse. L’historien comme le critique et l’amateur savent ce qu’il en est des difficultĂ©s de traduction qu’impose l’approche de la peinture, qu’impose la nĂ©cessitĂ© de traduire oralement la grandeur troublante et toujours en derniĂšre instance mystĂ©rieuse des signes plastiques que nous proposent les peintres et les sculpteurs. Et je dirais qu’au-delĂ  de cette Ă©vidence il n’est pas d’oeuvre d’art qui ne soulĂšve ce problĂšme de communication ; tel que l’on peut dire, si nous considĂ©rons l’histoire de notre culture, que l’art produit tout Ă  la fois un langage qui n’est qu’à lui et aux professions qui auront pour tĂąche d’en faciliter plus ou moins, par traduction et adaptation, la communication. Les Italiens Ă  ce propos jouent significativement des consĂ©quences de la traduction Traduttore/Traditore ». Peut-ĂȘtre que ce soir le filtre que ne peut pas ne pas constituer le passage de la langue française Ă  la langue espagnole vous dissimulera-t-il mes propres errements. Choisir, Ă  l’occasion d’une rĂ©trospective de l’oeuvre de Henri Matisse, de vous parler de Matisse et Picasso, n’est-ce pas Ă©galement tenter de prendre une prĂ©caution supplĂ©mentaire vis-Ă -vis de ces erreurs de traduction, de ces traĂźtrises de bonne foi que sont le plus souvent les interprĂ©tations critiques ? Je n’ai bien entendu pas l’inconsĂ©quence de penser vous rendre compte en une soirĂ©e de deux oeuvres aussi importantes et aussi complexes dont l’établissement a dĂ©jĂ  fait, et fait encore, l’objet de nombreuses Ă©tudes je pense notamment Ă  l’important ouvrage sur Matisse que termine Pierre Schneider, et au Catalogue raisonnĂ© de l’oeuvre peinte de Picasso dont Pierre Daix a Ă©ditĂ© cette annĂ©e un volume essentiellement consacrĂ© au Cubisme et qui s’arrĂȘte Ă  l’annĂ©e 1916. Ne me considĂ©rant ni comme critique, ni comme historien, ni comme spĂ©cialiste, mais plus justement, et sans modestie aucune, comme amateur en ce que MallarmĂ© prĂ©sentait Baudelaire comme un amateur, je me permettrai de vous renvoyer Ă  l’importante documentation d’ouvrages spĂ©cialisĂ©s consacrĂ©s Ă  ces deux artistes pour tout ce qui concerne l’établissement de leur Ɠuvre. Et je me contenterai ce soir, si vous le voulez bien, de partager avec vous, en amateur donc, en amateur plus ou moins Ă©clairĂ©, les questions d’ordre plus gĂ©nĂ©ral que ne peuvent pas ne pas poser les oeuvres de ces deux gĂ©ants de l’art moderne. Nous avons tout Ă  la fois la chance et l’infortune de nous trouver historiquement dans ce que je dirais la semi-proximitĂ© de ces deux oeuvres. Nous n’avons pas, comme quelques hommes aujourd’hui encore vivants, participĂ© Ă  l’élaboration de l’oeuvre de Matisse ou de Picasso, et nous sentons pourtant qu’à ĂȘtre modernes ces deux Ɠuvres participent encore par bien des aspects de notre contemporanĂ©itĂ©. Sans doute ceux qui connurent Matisse et Picasso connurent-ils deux artistes de gĂ©nie, mais ils les connurent, si je puis dire, dans les limites, dans la fragilitĂ© et dans l’incertitude du quotidien. Notre quotidien Ă  nous ne les rencontre que dans l’évidence et la monumentalitĂ© de leurs oeuvres qui, bornĂ©es hier dans l’ordre in progress » de la crĂ©ation, pourraient bien l’ĂȘtre encore aujourd’hui et pour longtemps dans ce que je nommerais une aveuglante Ă©vidence. Choisir de parler ce soir de Matisse et Picasso, c’est pour moi choisir, au lieu de la voie toujours de quelque façon exclusive de la passion, celle du dialogue. Comment deux oeuvres et deux hommes aussi apparemment dissemblables furent-ils avec une telle maĂźtrise et une telle grandeur contemporains ? Qu’en est-il de cette apparence et qu’en est-il de cette contemporanĂ©itĂ© ?Mais tout d’abord qu’en est-il de cette apparence ? N’est-ce pas la premiĂšre question que nous posent les arts visuels ? N’est-ce pas dans la rĂ©ponse qu’implicitement nous apportons Ă  cette question de l’apparence que nous qualifions les oeuvres d’art ? Certes, nous hĂ©ritons aujourd’hui de l’oeuvre de Matisse et de l’oeuvre de Picasso comme de deux grands monuments de notre culture. Mais devrons-nous nous contenter de reconnaĂźtre cela comme ces touristes qui traversent les musĂ©es en se contentant de lire, sur l’étiquette qui accompagne chaque tableau, le nom de l’artiste et le titre de la toile, sans plus prendre le temps de considĂ©rer l’oeuvre ? Devrons-nous dĂ©sormais nous contenter de vĂ©rifier l’identitĂ© de Matisse, de Picasso et de leurs oeuvres sans plus nous laisser distraire de nos occupations ? C’est sans doute ce Ă  quoi nous engage la semi-proximitĂ© dont je parlais tout Ă  l’heure ; Ă  considĂ©rer Matisse et Picasso comme deux monuments contemporains contournables dans la connaissance que nous pouvons avoir de leur identitĂ©. Est-on plus sensible au caractĂšre ibĂ©rique, et l’on se retrouvera dans la proximitĂ© de Picasso ; plus sensible au caractĂšre latin et mĂ©diterranĂ©en, et l’on se retrouvera sans autre question dans l’environnement de Matisse. Mais, Ă  ĂȘtre bien l’un et l’autre attachĂ©s Ă  ces particularitĂ©s, ne sont-ils que ces particularitĂ©s ? Leur Ɠuvre ne prĂ©sente-t-elle pas une dimension qui justement tend Ă  transcender ces particularitĂ©s dans l’interprĂ©tation de ce qui les fait contemporains ? Nous connaissons tous la provocation de Matisse dĂ©clarant que l’art doit avoir quelque chose d’analogue Ă  un bon fauteuil ». Mais, outre que cette dĂ©claration de 1908 pourrait bien ĂȘtre une pointe adressĂ©e Ă  Picasso les deux artistes ne se mĂ©nageaient ni l’admiration, ni la critique, ni les piques, on peut ĂȘtre assurĂ© que si quelque jour Matisse a pensĂ© son art comme un bon fauteuil, il n’a jamais voulu dire par lĂ  que ce fauteuil Ă©tait destinĂ© Ă  des assoupissements. L’oeuvre de Matisse montre assez combien il a su, et parfois rudement, le secouer, le fauteuil. Au-delĂ  de la contemplation esthĂ©tique et de l’hĂ©donisme auxquels invite l’oeuvre de Matisse, sa contemporanĂ©itĂ© avec Picasso nous introduit objectivement au fond du complexe dĂ©bat sur lequel elle se constitue. Comme au-delĂ  de sa constante prĂ©sence aux aventures et aux mĂ©saventures de notre siĂšcle l’oeuvre de Picasso, dans ce qu’elle partage avec celle de Matisse, nous introduit Ă  des contemplations tragiques au moins Ă©gales en sublimes grandeurs Ă  celles du peintre de la Danse et de la Joie de vivre. Oui, je suis convaincu que Matisse et Picasso dialoguent. » Matisse, La joie de vivre, 1906. Picasso, La joie de vivre, 1946 [5]. Pour bien comprendre ce qu’il en est de la dimension et de la vocation culturelles de l’esthĂ©tisme et de l’hĂ©donisme de Matisse, il nous faut nous arrĂȘter Ă  ce qu’il en est de la perception de l’histoire et de l’actualitĂ© par un artiste. Pour un artiste, le monde passe par son art ; quel que soit l’artiste et quelle que soit la forme de son art le monde passe par son art comme son art passe par le monde. L’effort considĂ©rable, et sans doute inimaginable pour qui n’y a pas accĂšs, qu’implique la crĂ©ation artistique dans un monde qui n’y est pas prĂ©parĂ© et bien souvent la refuse, le pari absurde qu’est Ă  l’origine la crĂ©ation artistique, impliquent que dans l’économie de l’artiste tout soit soumis Ă  l’ordre de sa crĂ©ation. Mais cette soumission mĂȘme est une pensĂ©e du monde. Et c’est bien me semble-t-il ce qu’il faut entendre lorsque Matisse raconte qu’en mai 1940, allant chez son tailleur, il rencontre Picasso qui lui dit Comment, vous ne savez pas que le front est complĂštement enfoncĂ© ? L’armĂ©e a fait la culbute, c’est la dĂ©bandade, les Allemands approchent de Soissons, demain ils seront peut-ĂȘtre Ă  Paris. — Mais alors nos gĂ©nĂ©raux qu’est-ce qu’ils font ? » demande Matisse ; et Picasso regardant sĂ©rieusement Matisse Nos gĂ©nĂ©raux c’est l’école des Beaux-Arts ! » Boutade sans doute, impromptu de Picasso qu’il nous faut pourtant, comme l’indique bien son interlocuteur, prendre au sĂ©rieux. Tout aussi sĂ©rieusement que cette dĂ©claration d’Henri Matisse Ă  son fils Pierre, le 1er octobre 1940 ... ce qui me prĂ©occupe, Ă©crit Henri Matisse, c’est l’incertitude dans laquelle on vit et la honte de subir une catastrophe dont on n’est pas responsable. Comme a dit Picasso " C’est l’école des Beaux-Arts". Si tout le monde faisait son mĂ©tier comme Picasso et moi faisions le nĂŽtre, ça ne serait pas arrivĂ©. » N’est-ce pas lĂ  donner Ă  entendre qu’au-delĂ  comme en deçà de l’esthĂ©tique, l’éthique de ce mĂ©tier fait Ă  la fois histoire, culture et, par voie de consĂ©quence, sens ; et qu’avec le plaisir qu’elle nous procure l’oeuvre nous engage aussi dans une praxis. En 1929, Henri Matisse dĂ©clare Je crois Ă  la possibilitĂ© d’un art en commun. Les dĂ©fauts des autres m’instruisent sur les miens. Si travailler c’est enlever quelques scories Ă  la tradition, plus on est d’ouvriers et plus cela ira vite. » On sait qu’en faisant cette sorte de dĂ©claration Matisse pensait essentiellement Ă  Picasso. Qu’en fut-il donc de leur communautĂ© ?De leur diffĂ©rence et de ce qu’ils rivalisaient de gĂ©nie leurs contemporains les ont souvent opposĂ©s. Et l’on peut dire que cette opposition est mise en scĂšne dĂšs leur rencontre avec les collectionneurs qui vont dĂ©cider de leur fortune Ă  tous les deux LĂ©o et Gertrude Stein qui, la mĂȘme annĂ©e, achĂštent le Nu bleu souvenir de Biskra et le Nu Ă  la draperie. LĂ©o Stein dans un livre Appreciation qu’il publie Ă  New York en 1947 Ă©crit The homes, persons ands minds of Picasso and Matisse were extreme contrasts. Matisse — bearded, but with propriety ; spectacled neatly ; intelligent ; freely spoken, but a little shy — in an immaculate room, a place for everything and everything in its place, both within his head and without. — Picasso with nothing to say except an occasional sparkle, his work developing with no plan, but with the immediate outpourings of an intuition which kept on to exhaustion...Matisse was a social person rather than a convivial one. Picasso was more convivial than social. Matisse felt himse1f to be one of many, and Picasso stood apart, alone... Matisse exhibited everywhere. He always wanted to learn, and believed there was no better way than to see his work alongside the work of everybody else. Picasso never showed with others... » On sait que marquant cette opposition, les Stein, le frĂšre et la soeur, se partagĂšrent l’amitiĂ© et les oeuvres des deux artistes. Gertrude Stein s’étend longuement sur les anecdotes du duel, d’abord dans l’Autobiographie d’Alice Toklas, puis dans Matisse, Picasso and Gertrude Stein, enfin dans Everybody’s Autobiography, livre qui confirme sa brouille avec Matisse. Mais qu’en Ă©tait-il de fait de ces deux caractĂšres et de ces deux hommes ? Picasso, Science et charitĂ©, 1897. Si Picasso, nĂ© en 1881, est de douze ans plus jeune que Matisse, il est paradoxalement son aĂźnĂ© en peinture. NĂ© en 1869, on peut dire que Matisse n’a jamais touchĂ© un pinceau ni ouvert une boĂźte de couleurs avant 1890, c’est-Ă -dire avant l’ñge de 21 ans ; alors qu’à l’ñge de 16 ans, Picasso peint Science et CharitĂ© et voit tour Ă  tour sa toile primĂ©e Ă  l’Exposition nationale de Barcelone en 1897, lui rapporter, toujours en 1897, une mention d’honneur lors de l’Exposition des Beaux-Arts de Madrid et une mĂ©daille d’or Ă  celle de Malaga. On sait que Picasso n’a pas encore 20 ans lorsque s’ouvre, en juin 1901, sa premiĂšre exposition chez Ambroise Vollard ; exposition prĂ©facĂ©e par le critique Gustave Coquiot. Un semblable Ă©vĂ©nement ne se produira dans la carriĂšre de Matisse qu’en 1897 avec la Desserte ; Matisse a alors 28 ans. Matisse, La desserte, 1897. C’est Ă  propos de la Desserte, qui fera scandale au Salon, que Matisse dira Le public dĂ©couvrit que j’avais des microbes au fond de mes carafes. » Je retiens ici la prĂ©cocitĂ© du talent de Picasso et la vocation tardive de Matisse dans la mesure oĂč, contrairement Ă  ce que semblent dĂ©montrer les faits, ces Ă©lĂ©ments biographiques me paraissent dĂ©cisifs de ce qui distinguera bien sĂ»r, mais plus essentiellement rapprochera, les deux artistes, dans la mesure oĂč, dans un cas comme dans l’autre, selon deux modes de rapports Ă  la crĂ©ation, se manifeste pour ces deux hommes une urgence devant laquelle ni l’un ni l’autre ne se dĂ©roberont. Nous nous trouvons ici selon deux modes d’ĂȘtre confrontĂ©s Ă  l’une des caractĂ©ristiques spĂ©cifiques de ce que nous nommons l’art moderne son caractĂšre d’urgence. De ce caractĂšre d’urgence on trouve, selon moi, le symptĂŽme dans la prĂ©cocitĂ© de Picasso et plus encore peut-ĂȘtre dans la commune et double dĂ©cision de son passage de Barcelone Ă  Madrid, de Madrid Ă  Paris. La prĂ©cocitĂ© de Picasso, c’est d’abord celle d’une maĂźtrise acadĂ©mique ; le destin et les honneurs rĂ©servĂ©s Ă  Science et CharitĂ© en tĂ©moignent. Et c’est sans doute avec cette prĂ©cocitĂ©, mais plus encore dans la dĂ©cision de rupture et de rĂ©flexion implicite que suppose l’installation Ă  Paris, que l’on peut voir Picasso faire face Ă  l’urgence qui le dĂ©termine envers et contre tout c’est-Ă -dire aussi contre sa propre prĂ©cocitĂ©, contre sa prĂ©coce habiletĂ© Ă  ĂȘtre lui-mĂȘme. Matisse certes paraĂźt rĂ©agir diffĂ©remment. EngagĂ© dans des Ă©tudes d’avouĂ©, il passe brillamment son examen de capacitĂ© en droit, et ce n’est qu’à l’ñge de 21 ans, immobilisĂ© Ă  la suite d’une opĂ©ration d’appendicite, et sa mĂšre lui ayant fait cadeau d’une boĂźte de couleurs, qu’il commencera Ă  peindre et dĂ©cidera d’abandonner le droit et de se consacrer Ă  l’art. Matisse s’inscrit Ă  l’AcadĂ©mie Julian oĂč enseigne Bouguereau en 1891. Il entre dans l’Atelier de Gustave Moreau en 1892. Il y a donc Ă  peine un peu plus de cinq ans entre les premiĂšres Ă©tudes de Matisse d’aprĂšs Chardin et Ribera et l’exposition de la Desserte en 1897. L’urgence, cette fois, apparemment commandĂ©e par la vocation tardive du peintre, est manifeste, et, comme souvent chez Matisse, si explicite, que l’artiste la prĂ©sentera lui-mĂȘme comme un des Ă©lĂ©ments moteurs de sa vocation. En 1952, lors de l’inauguration du musĂ©e qui lui est consacrĂ© dans sa ville natale au Cateau-CambrĂ©sis, Matisse dira C’est avec le sentiment constant de ma dĂ©cision, malgrĂ© la certitude de me trouver dans la vraie voie, oĂč je me sentais dans mon climat et non devant un horizon bouchĂ© comme dans ma vie prĂ©cĂ©dente, que j’ai pris peur, comprenant que je ne pouvais reculer. J’ai donc foncĂ© tĂȘte baissĂ©e dans le travail, avec le principe que j’avais entendu toute ma vie Ă©noncer par ces mots "dĂ©pĂȘche-toi". Comme mes parents, je me suis dĂ©pĂȘchĂ© au travail, poussĂ© par je ne sais quoi, par une force que je perçois aujourd’hui comme Ă©trangĂšre Ă  ma vie d’homme normal. » Cette analyse, et cette admirable confidence, que nous livre Matisse Ă  l’ñge de 83 ans deux ans avant sa mort reste Ă  mĂ©diter. Quelle sagesse incite alors le vieux maĂźtre Ă  nous confier cette folie » qui gouverna sa vie la peinture. Et que cherche-t-il Ă  nous dire en rapprochant cette urgence » qui le dĂ©pĂȘche dans sa vocation d’une force Ă©trangĂšre Ă  sa vie d’homme normal » ? N’est-ce pas inscrire l’hĂ©donisme de la pure contemplation esthĂ©tique sur le fond d’une bien Ă©tonnante et bien dissonante perspective ? Cette conviction et cette force Ă©trangĂšre Ă  la vie » de l’homme normal, et telles qu’on les retrouve chez Matisse et Picasso, font de ces artistes, je dirais des sensibilitĂ©s sismographiques de leur siĂšcle. Et n’est-ce pas d’abord en cela qu’ils dialoguent ? N’est-ce pas cela que fondent, que portent et que qualifient les oeuvres dont nous devons aujourd’hui assumer tout Ă  la fois l’hĂ©ritage et la grandeur l’urgence. L’urgence bien entendu qu’il y a pour un artiste Ă  ĂȘtre lui-mĂȘme, ce lui-mĂȘme, celui-lĂ  mĂȘme qui, comme le dit Matisse, aprĂšs Rimbaud celui-lĂ  mĂȘme qui est Ă©tranger Ă  la vie de l’homme normal ». Celui-lĂ  mĂȘme, ce je de l’artiste qui est normalement et anormalement un autre ». Notre proximitĂ©, notre semi-proximitĂ© avec ces oeuvres, ne nous fait-elle pas aussi les hĂ©ritiers de l’urgence qui les porta et dont jusqu’à nous elles tĂ©moignent essentiellement aujourd’hui encore ? Urgence Ă  se dresser tĂ©moignage force et pari de la grandeur de l’homme de culture dans la misĂšre de l’homme. Matisse dit-il autre chose lorsqu’il oppose au mufle puant de la guerre qui va ravager l’Europe l’intĂ©gritĂ© de sa vocation Si tout le monde faisait son mĂ©tier comme Picasso et moi faisions le nĂŽtre, ça ne serait pas arrivĂ© » ? C’est d’abord en cela, me semble-t-il, que les deux oeuvres se rencontrent que les deux hommes et les deux Ɠuvres se rencontrent, et que nous les retrouvons, que nous les rencontrons aujourd’hui encore aussi vivantes, aussi dynamiques, aussi pressĂ©es, aussi jeunes que quel mĂ©tier ? Et qu’en est-il de ce mĂ©tier habitĂ© par une force Ă©trangĂšre Ă  la vie de l’homme normal ? Qu’en est-il du mĂ©tier de peintre ? Quelle consĂ©quence y a-t-il Ă  faire mĂ©tier d’une anomalie ? Quelles furent les conditions qui portĂšrent dans le mĂȘme temps l’Espagnol et le Français Ă  donner cette dignitĂ© au mĂ©tier » qu’ils avaient choisi ? Recevons leur oeuvre avec l’attention qu’impose leur grandeur, et, disons le mot, leur majestĂ© ; mais sans oublier que cette grandeur et cette majestĂ© participent de la vie qu’elles portent, et que nous ne saurions vĂ©ritablement reconnaĂźtre qu’à la partager. Cette vie, la dĂ©claration commune de Matisse et de Picasso, devant l’horreur d’une nouvelle guerre, nous dit bien qu’elle se tisse dans le siĂšcle d’une force constructive de rĂ©sistance et d’honneur. Faudra-t-il toujours qu’elle soit vĂ©cue comme une anomalie ? Car c’est bien de cela que tĂ©moignent les cris, les protestations et le scandale qui accueillent au dĂ©part deux artistes qui sont aujourd’hui les plus grands parmi les reprĂ©sentants de notre culture et la fiertĂ© de leur pays. N’est-il pas Ă©tonnamment symptomatique que Matisse dĂ©finisse les qualitĂ©s proprement gĂ©nĂ©tiques de son Ɠuvre en les dĂ©signant comme des microbes » le public dĂ©couvrit que j’avais des microbes au fond de mes carafes ». On sait, d’autre part, qu’en 1913, Ă  l’occasion de l’Armory Show Ă  New York, le Nu bleu souvenir de Biskra fut Ă  ce point intolĂ©rable au public » qu’il fut brĂ»lĂ© en effigie dans la rue. Matisse, Nu bleu souvenir de Biskra, 1907. De son cĂŽtĂ©, le cubisme ne donna-t-il pas lieu Ă  une intervention Ă  la Chambre des DĂ©putĂ©s de Paris contre des manifestations aussi nettement anti-artistiques et anti-nationales ». Et nous retrouvons ici Matisse et Picasso plus voisins que jamais faisant leur mĂ©tier comme nul autre. Mais, tout de mĂȘme, quel Ă©tonnant mĂ©tier ! Quel Ă©tonnant mĂ©tier qui construit, disons-le, ces Ɠuvres sublimes sur un abĂźme ! Et quel abĂźme !A nous retrouver aujourd’hui devant la monumentalitĂ© de ces deux oeuvres, nous pourrions sans doute oublier avec et contre quoi elles furent rĂ©alisĂ©es ; mais nous y autoriseraient-elles ? Pourrions-nous encore les voir ? Pourrions-nous les voir sans les connaĂźtre ? Et leur semi-proximitĂ© ne nous signifie-t-elle pas aussi justement que cet abĂźme nous est encore bien proche ? Si nous cĂ©lĂ©brons l’annĂ©e prochaine le centenaire de la naissance de Picasso, nous ne pouvons pas oublier qu’il y a tout juste un peu plus de sept ans qu’est mort celui qui sera, n’en doutons pas, considĂ©rĂ© comme le peintre du XXe siĂšcle. Je dirais que le centenaire de la naissance de Picasso, c’est le centenaire de la naissance de la peinture moderne, et qu’en consĂ©quence, une fois encore, Matisse ne peut pas ne pas s’y trouver associĂ©. Mais au-delĂ  de cette association, en ce que, selon moi, ces deux oeuvres tĂ©moignent de notre civilisation et portent tous les germes de la culture moderne et contemporaine, je dirais que l’on peut dĂ©jĂ  considĂ©rer le centenaire de la naissance de Picasso comme le centenaire de notre siĂšcle avec tout ce qu’il comporta, et ce qu’il comporte encore de crises et de tragĂ©dies ; un siĂšcle que nous avons pour charge de poursuivre et non pas d’ idĂ©alement si je puis dire, je me trouve seul avec la prĂ©sence et la mĂ©moire prĂ©sente de ces deux oeuvres monumentales, je ne peux pas m’empĂȘcher de penser qu’au-delĂ  de l’évidence contemplative qu’elles imposent, sans la familiĂšre et inquiĂ©tant Ă©trangetĂ© de leur charme, elles m’entretiennent du dĂ©but d’un siĂšcle dont, sans doute, je ne suis plus mais que je n’emporte pas moins avec moi. Hier, elles firent scandale ; aujourd’hui, elles ne le font plus. Que s’est-il donc passĂ© ? Je devrais le savoir. Elles le disent, elles le savent, et le plaisir que j’ai de les connaĂźtre et de les reconnaĂźtre s’en trouve confortĂ©. Lorsque Matisse dĂ©finit nĂ©gativement les qualitĂ©s mĂȘmes qui fondent son art microbes », anomalie » ne tend-il pas Ă  nous signaler, par le dĂ©tour, Ă  la fois le chemin que prend son Ɠuvre et en quoi elle est Ɠuvre de scandale ? N’est-elle pas oeuvre de scandale par la nĂ©gation mĂȘme qu’elle porte ? NĂ©gation que l’on retrouvera, chez tous les artistes du dĂ©but du siĂšcle, dirigĂ©e contre l’école des Beaux-Arts et contre les acadĂ©mies. Mais, une fois encore, est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Certes, l’art de Matisse, comme l’art de Picasso, ne tarde pas Ă  transgresser toutes les rĂšgles acadĂ©miques. Mais, ce faisant, que font-ils ? Et pourquoi le font-ils ? Par simple esprit de contradiction ? Par pur goĂ»t de la destruction et de l’anarchie ? Auraient-ils construit l’oeuvre qu’ils ont construite s’ils eussent Ă©tĂ© les iconoclastes que l’on crut qu’ils Ă©taient ? Ceux qui s’en sont tenus lĂ  occupent aujourd’hui leur place dans la rubrique des faits divers culturels et mondains. Nous savons bien, par ailleurs, que l’AcadĂ©mie ne manquait pas de ce qu’il est convenu d’appeler de bons peintres. Bouguereau n’est assurĂ©ment pas un mauvais peintre, il y a pire parmi les modernes ». Alors ? Alors, je dirai que la rĂ©action de Matisse et Picasso, face Ă  la catastrophe de 1940, est bien significative. Ce qu’ils reprochent aux peintres de l’école des Beaux-Arts et de l’AcadĂ©mie, c’est de ne pas bien faire leur mĂ©tier dans cette situation d’urgence » oĂč avec le siĂšcle ils sont prĂ©cipitĂ©s. Il suffit de considĂ©rer le climat culturel et social dans lequel furent Ă©levĂ©s, vĂ©curent et travaillĂšrent ces deux hommes pour se rendre compte combien l’illusion de stabilitĂ© et de continuitĂ© qu’entretiennent alors les acadĂ©mies Ă©tait, disons le mot, mensongĂšre. L’optimisme euphorique de la civilisation industrielle, avec sa foi dans la raison et dans la science, connaĂźt alors ses premiĂšres crises. 1896 ouvrira l’époque qu’il est convenu de nommer de la Grande DĂ©pression ». L’unification de l’Italie et de l’Allemagne interviendront sur un marchĂ© jusqu’alors dominĂ© par la France et l’Angleterre, et donneront lieu Ă  une guerre Ă©conomique dont les consĂ©quences ne sont pas sans bouleverser les structures sociales et institutionnelles ; ce dont tĂ©moigne la fondation du syndicalisme en Belgique, les analyses des Ă©conomistes traditionnels et celles de Karl Marx, ou encore les dĂ©clarations du pape LĂ©on XIII rĂ©clamant l’institution d’une plus grande justice entre employeurs et employĂ©s. C’est l’époque du dĂ©veloppement du colonialisme que, par euphĂ©misme, on dĂ©signe comme dĂ©veloppement des sphĂšres d’influences. En France, Ă  l’instigation d’Émile Combes, la loi de la sĂ©paration de l’Église et de l’État est votĂ©e en 1905. Conduisant Ă  la guerre de 1914 faut-il encore citer le climat raciste de l’affaire Dreyfus de 1898 Ă  1906, le boulangisme jouant Ă  l’intĂ©rieur la tension et l’aggravation des problĂšmes internationaux et des menaces de guerre ? Ce parcours, ĂŽ combien sommaire ! ces gros titres gĂ©nĂ©riques de bouleversements qui occupent le siĂšcle, ne sont-ils pas significativement Ă©loquents ? Picasso, Jeune fille nue avec panier de fleurs, 1905. C’est sur le fond de cette instabilitĂ© Ă©conomique, politique et culturelle que prend naissance l’Ɠuvre des deux artistes qui nous prĂ©occupent aujourd’hui ; et c’est en fonction de ce qu’ils en vivent qu’ils peuvent effectivement revendiquer leur nĂ©gativitĂ© comme une Ă©thique poussĂ© par une force Ă©trangĂšre Ă  la vie d’homme normal », dira Matisse. Il serait Ă©videmment absurde de se demander ce qu’il serait advenu de l’oeuvre de chacun s’ils ne s’étaient pas rencontrĂ©s. Pouvaient-ils ne pas se rencontrer ? Et n’est-il pas Ă©tonnant et significatif que nous sachions sur quoi ils se rencontrĂšrent ? L’annĂ©e mĂȘme de la mort de Paul CĂ©zanne en 1906, les Stein, qui ont dĂ©jĂ  achetĂ© la Femme au chapeau de Matisse et la Jeune Fille au panier de fleurs de Picasso, commandent Ă  Picasso le Portrait de Gertrude et lui prĂ©sentent Henri Matisse. C’est deux ou trois mois plus tard que Picasso verra la Joie de vivre au Salon des IndĂ©pendants. Matisse, qui vient de traverser et d’abandonner la contraignante influence du pointillisme, comme il le dit lui-mĂȘme, par nĂ©cessitĂ© de s’éloigner de toute contrainte, de toute idĂ©e thĂ©orique », Matisse s’impose alors comme le jeune maĂźtre d’une peinture qui sera qualifiĂ©e de Fauve », et il est Ă  ce moment, comme l’écrit Alfred Barr, un cĂ©zannien prĂ©maturĂ© » A. Barr ajoute il comprenait sans doute l’oeuvre de CĂ©zanne plus profondĂ©ment que Picasso, Derain ou Braque ne le faisaient alors... ». Quant Ă  Picasso, non moins prĂ©occupĂ© par le maĂźtre d’Aix-en-Provence, il vient de dĂ©couvrir cette mĂȘme annĂ©e au Louvre les sculptures ibĂ©riques d’Osuna, et le Bain turc d’Ingres au Salon d’Automne. De l’un Ă  l’autre, de Matisse Ă  Picasso, l’urgence » et la vigilance du mĂ©tier et de la vĂ©ritĂ© s’établissent en ces annĂ©es dĂ©cisives. Picasso n’a pas pu ne pas voir, quasiment cĂŽte Ă  cĂŽte, sur les murs de l’appartement des Stein le Portrait de madame CĂ©zanne et la Femme au chapeau de Matisse. En cette annĂ©e 1906, le parti pris que Matisse tire avec la Joie de vivre de l’étude du nu cĂ©zannien et du Bain turc de Ingres justifie effectivement A. Barr de qualifier Matisse de cĂ©zannien prĂ©maturĂ© ». N’est-ce pas dĂšs 1899 que Matisse acquiert le petit tableau des Baigneuses de CĂ©zanne aujourd’hui au Petit Palais dont il ne se dĂ©fera qu’à la fin de sa vie, et dont la familiaritĂ©, la vision quotidienne, dut lui ĂȘtre d’une aide inestimable en cette Ă©poque d’invention et de virtuositĂ© formelles. Picasso a-t-il alors vu chez Matisse la petite toile de CĂ©zanne ? Ne doutons pas que quelle que soit la diffĂ©rence de leur caractĂšre les deux hommes ne se soient immĂ©diatement reconnus et frĂ©quentĂ©s. Picasso a alors 25 ans et Matisse 37. Ne doutons pas qu’ils se soient retrouvĂ©s dans la jeune maturitĂ© qui les caractĂ©rise. Pierre Daix rapporte Ă  ce propos un trĂšs Ă©clairant entretien qu’il eut avec Picasso Tu allais souvent chez Matisse ? » Grognement Bien sĂ»r ! » Et Matisse venait au Bateau-Lavoir ? » Picasso s’éloigna en silence et me fit signe de le suivre. Il me montra le portrait de Marguerite, la fille de Matisse, qui date de 1906-1907, et qu’il avait sorti pour le faire photographier. Ça ne te rappelle rien ? » Peut-ĂȘtre ai-je suivi son regard sur la toile. Elle a le nez de travers comme tes demoiselles. » Il rit comme quelqu’un qui a rĂ©ussi son coup. Tu commences Ă  savoir lire la peinture. Il faudrait pouvoir mettre cĂŽte Ă  cĂŽte tout ce que Matisse et moi avons fait en ce temps-lĂ . Jamais personne n’a si bien regardĂ© la peinture de Matisse que moi. Et lui la mienne... » De ce double regard les oeuvres tĂ©moignent. Et pas seulement de l’échange formel que souligne ici Picasso ; dans ce regard mĂȘme les Ɠuvres tĂ©moignent de l’essentiel de ce qui nous prĂ©occupe ici, de la qualitĂ© d’un Ă©change. A gauche Étude pour les Demoiselles d’Avignon, crayon et pastel. droite Étude pour les Demoiselles d’Avignon. Printemps 1907. Philadelphie. Picasso, Les demoiselles d’Avignon, 1907. Cet Ă©change de regard et ce qui le qualifie se trouve, me semble-t-il, particuliĂšrement mis en Ă©vidence en ces annĂ©es 1906-1907. Matisse expose la Joie de vivre au Salon des IndĂ©pendants en avril 1906. Picasso termine le portrait de Gertrude Stein au milieu du mois d’aoĂ»t 1906. La conception des Demoiselles d’Avignon doit, sans certitude, se dater de l’hiver 1906-1907. Picasso ayant conservĂ© la quasi-totalitĂ© des dessins prĂ©paratoires et des Ă©tudes des Demoiselles d’Avignon, ce n’est que trĂšs rĂ©cemment que l’on a pu dĂ©couvrir la complexe genĂšse de l’oeuvre. Pierre Daix publie, dans son catalogue raisonnĂ© des peintures rattachĂ©es au cubisme de Picasso, deux dessins et deux toiles appartenant Ă  la succession de Picasso, qui apportent en ce qui concerne la genĂšse des Demoiselles, et cette Ă©poque de vive invention picturale, de trĂšs prĂ©cieuses informations. De 1906-1907 le dessin et la petite toile 17,5 X 13,5 des Marins en bordĂ©e qui semblent bien effectivement prĂ©parer les Demoiselles d’Avignon et le dessin d’une tĂȘte de femme, que l’auteur nous dit ĂȘtre par son rythme et son tracĂ© totalement isolĂ© dans la production de Picasso », et oĂč l’on ne peut pas ne pas voir le regard aigu et l’expĂ©rience vive et vite que Picasso pratique de la dĂ©monstration de Matisse. Nous touchons ici en ce qui concerne les deux artistes au secret le plus intime et je dirais mĂȘme quasi alchimique de la crĂ©ation. Les historiens d’art, Ă©blouis par cette admirable scĂšne primitive, n’ont cessĂ© de dĂ©couvrir tĂ©moignages, documents, photographies... tout le tissu complexe et, disons-le, toujours en derniĂšre instance alĂ©atoire du fantasme. Picasso a-t-il vu la reproduction des cinq baigneuses de CĂ©zanne accrochĂ©e au mur de l’atelier de Derain ? A-t-il vu... Mais que n’a-t-il pas vu chaque jour ? Et comment le voyait-il ? Ce que nous savons avec certitude, c’est qu’il voyait les oeuvres de Matisse comme Matisse voyait les siennes dans, comme disent les Anglais, un challenge » Ă  leur mesure. Ce regard oĂč le plus jeune surveille le plus ĂągĂ©, peut-ĂȘtre parce que plus ĂągĂ© et plus mĂ»r ; et oĂč le plus ĂągĂ© surveille le plus jeune parce que plus jeune et peut-ĂȘtre plus dynamique ; ce challenge », je dirais qu’il eut pour eux les consĂ©quences les plus heureuses dans la mesure oĂč il redoublait ce que l’un et l’autre vivaient intimement l’urgence Ă©thique de leur situation d’artiste. Urgence challenge » que Picasso ne manque pas de tenir dĂšs l’hiver 1906-1907 dans ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme la mise en place et l’actualisation de la dimension mythique de l’hĂ©donisme matissien. La Joie de vivre est, comme on disait alors, une grande machine de 2m 40 x 1m 75. Picasso va s’engager dans une Ɠuvre de 2m 43 x 2m 33 Ă  porter le dĂ©bat formel au lieu cachĂ© de son actualisation. Picasso, Marins en bordĂ©e, 1906. Ce sera d’abord la notation des Marins en bordĂ©e, puis les projets des Demoiselles d’Avignon, titre dont l’euphĂ©misme ne doit pas nous cacher qu’initialement Picasso passa de la bordĂ©e » au bordel. Le premier projet de Picasso est en effet prĂ©sentĂ© comme le Bordel d’Avignon ; d’oĂč les marins vont se trouver progressivement exclus pour laisser la place Ă  ces fantastiques demoiselles ». Telle est, dĂšs 1907, la rĂ©ponse de Picasso Ă  la Joie de vivre et Ă  l’ñge d’or de Matisse. Tel va ĂȘtre le dialogue de ces deux artistes engagĂ©s Ă  dire la double vĂ©ritĂ©, l’urgence de la double vĂ©ritĂ© qui les constitue dans la crise, le dĂ©sĂ©quilibre de leur monde, le nĂŽtre peintres crĂ©ateurs d’images et iconoclastes. Picasso, Les Demoiselles, croquis, hiver 1907. Ces mĂȘmes annĂ©es, qui furent comme l’on sait dĂ©cisives pour Matisse et Picasso, sont Ă©galement celles de la dĂ©couverte de l’art nĂšgre » qui jouera un rĂŽle considĂ©rable dans la torsion formelle et expressive des figures de Picasso. On a beaucoup dĂ©battu pour authentifier et attribuer Ă  tel ou tel artiste français la dĂ©couverte de l’art nĂšgre », jusqu’à ce que le beau livre de Jean Laude, la Peinture française et l’Art nĂšgre, vienne clore les disputes. Reste Ă  souligner, au-delĂ  du seul dĂ©bat formel, ce qu’il pouvait en ĂȘtre, dans une sociĂ©tĂ© colonialiste et raciste, de cette appropriation et de cette mise en Ă©vidence de l’art nĂšgre ? D’opposer Ă  la toute confiante et Ă  l’apparemment toute-puissante peinture acadĂ©mique un art de sauvage » ; ce qu’il Ă©tait convenu d’appeler, nous dit Jean Laude, des fĂ©tiches barbares, des curiositĂ©s ethnographiques ». C’est dans la cohĂ©rence mĂȘme de leur oeuvre et de l’activitĂ© de leur oeuvre, que Matisse et Picasso se trouvent ici une fois de plus associĂ©s et symptomatiquement prĂ©sentĂ©s comme les inventeurs » de l’art nĂšgre. Au-delĂ  de l’anecdote historique, l’adage qui veut qu’on ne prĂȘte qu’aux riches se trouve une fois de plus vĂ©rifiĂ©. Comme se trouve vĂ©rifiĂ©e, au-delĂ  des particularitĂ©s et du caractĂšre unique de l’oeuvre de chacun de ces deux peintres, une association en vĂ©ritĂ© dont la force, ponctuellement nĂ©gative, ne peut plus ĂȘtre interprĂ©tĂ©e qu’à travers ce qui dĂ©sormais pour nous spĂ©cifie en chacune de ces Ɠuvres notre culture. Dans l’ordre de ce mode d’association spontanĂ©e, n’est-il pas tout aussi Ă©tonnant que, lĂ  sans doute oĂč Matisse et Picasso se sĂ©parent le plus, que le cubisme, qui fut vraisemblablement baptisĂ© par un journaliste mal intentionnĂ©, que le nom mĂȘme de cubisme » ait Ă©tĂ© donnĂ© comme une invention » de Matisse ? En ces annĂ©es 1906-1907, nous ne pouvons pas ne pas voir le rapport d’intelligence et d’échange entre Matisse et Picasso qui tĂ©moignent et surenchĂ©rissent de talent et de corrosive vĂ©ritĂ© ; bouleversant, avec ce qui subsiste d’habitudes acquises et dĂ©sormais mensongĂšres, une image de l’homme et une image du monde que, sans le savoir, l’homme et le monde ont depuis longtemps abandonnĂ©es. En ce sens, on peut dire que ces deux artistes sont aussi des artistes profondĂ©ment rĂ©alistes, profondĂ©ment plus rĂ©alistes que le monde dans lequel ils vivent, et qui courent vers les catastrophes que l’on sait. C’est la vĂ©ritĂ© de leurs oeuvres, la stricte vĂ©ritĂ© de leurs oeuvres qui est intolĂ©rable au faux Ă©quilibre dont leur monde et le nĂŽtre aussi sans doute Ă  sa façon maintient l’illusion. Entendons-nous je ne veux pas dire qu’un nu de Matisse ou un nu de Picasso soient un nu ressemblant. Matisse, que la sottise n’épargna pas plus qu’un autre, rĂ©pondit Ă  une dame qui lui demandait ce qu’il ferait s’il voyait dans la rue une femme ressemblant Ă  l’une de ses peintures Mais, madame, je fuirais ! » Il n’y a vraisemblablement ni chez Matisse ni chez Picasso vocation de ressemblance. Ce qu’il y a par contre, chez l’un et chez l’autre, c’est une incontestable vocation de vraisemblance. Leur art nous place systĂ©matiquement dans un espace oĂč les critĂšres qui nous sont communs viennent Ă  faire dĂ©faut, il insiste essentiellement sur l’inadĂ©quation entre ce que nous vivons et l’image que nous nous faisons de nous-mĂȘmes et de notre vie ; sur l’inadĂ©quation entre ce que vit le siĂšcle et l’image qu’il se fait de lui-mĂȘme. Et leur grandeur Ă  tous deux n’est-ce pas d’avoir rĂ©ussi Ă  imposer superbement la logique folle » de cette nouvelle, de cette autre image dressĂ©e contre la mĂ©diocritĂ© et la bĂȘtise d’un monde dont, aujourd’hui encore, nous savons si peu, pour ne pas dire que nous n’en savons rien. Oui, je suis convaincu que Matisse et Picasso dialoguent. » Matisse, Nu couchĂ©, 1907. Picasso, La femme couchĂ©e, 1938 [7]. Oui, je suis convaincu que Matisse et Picasso dialoguent. Et pour bien connaĂźtre ce qu’il en est de ce dialogue, on pourrait non seulement comme Picasso le suggĂ©ra Ă  Pierre Daix mettre cĂŽte Ă  cĂŽte les oeuvres rĂ©alisĂ©es par l’un et l’autre en ces annĂ©es 1906-1907, mais encore l’ensemble des deux oeuvres. L’histoire elle-mĂȘme nous y invite qui, Ă  partir de 1906-1907, va plus ou moins rĂ©guliĂšrement, plus ou moins Ă©pisodiquement faire se rencontrer les deux hommes et les deux oeuvres. En 1918, Matisse et Picasso exposeront ensemble chez Paul Guillaume, avec une prĂ©face du mĂȘme Apollinaire. En 1919, l’exposition des aquarelles de Picasso chez Paul Rosenberg incite Pierre Daix Ă  souligner une fois de plus l’enseignement que les deux artistes tirent l’un de l’autre La ressemblance avec le thĂšme de la fenĂȘtre ouverte, si fort chez Matisse depuis son installation Ă  Nice, ne pouvait ĂȘtre tenue pour fortuite », Ă©crit Pierre Daix Ă  propos de cette exposition d’aquarelles, et il ajoute Picasso avait pu voir des toiles de son aĂźnĂ© chez Paul Guillaume ou chez Bernheim-Jeune au dĂ©but de l’annĂ©e et y trouver l’incitation supplĂ©mentaire Ă  sortir de ses propres limites. » Si les rapports entre les deux hommes et les deux oeuvres semblent plus distendus entre 1919 et 1930, ce n’en est pas moins immĂ©diatement Ă  Matisse que pense la critique lorsque Picasso travaille toute une saison Ă  rĂ©aliser des sculptures dont la Femme couchĂ©e reprend, nous dit Pierre Daix, les formes fluides venues abondamment dans la peinture, et en mĂȘme temps souligne une rĂ©fĂ©rence quasi directe Ă  la sculpture de Matisse, Ă  ce Nu couchĂ© de 1907 que Picasso avait remarquĂ©... Justement, en 1929-1930 Matisse Ă©tait revenu Ă  la sculpture. Les contacts entre eux Ă©taient restĂ©s assez Ă©troits pour que Picasso soit au courant ». Ces contacts au demeurant ne cesseront pas et les artistes eux-mĂȘmes, comme leurs contemporains, nous en laissent un certain nombre de tĂ©moignages. La rencontre en 1940, telle que je l’ai citĂ©e, Ă  partir de ce qu’en rapporte Matisse dans une lettre Ă  son fils Pierre, manifeste clairement l’estime dans laquelle se tenaient les deux artistes ; et l’on peut ajouter que quoi qu’il arrive cette estime ne se dĂ©mentira jamais. En 1944, c’est sur l’initiative de Picasso qu’une toile de Matisse figure au Salon de la LibĂ©ration. En 1945, Matisse et Picasso se retrouveront Ă  nouveau cĂŽte Ă  cĂŽte Ă  la fois au Salon d’Automne de Paris et au Victoria and Albert Museum Ă  Londres. Si, lors de la rĂ©trospective de Matisse au musĂ©e d’Art moderne de Paris en 1949, on sait que Picasso demanda de visiter l’exposition la veille du vernissage, une anecdote rapportĂ©e par Pierre Cabanne nous prĂ©sente Matisse dĂ©couvert par M. de la SouchĂšre dans les salles Picasso du musĂ©e d’Antibes, prenant des croquis de la Joie de vivre. Et si la chapelle de Vence semble un moment les diviser, n’est-elle pas d’une certaine façon Ă  l’origine du Temple de la Paix de Picasso Ă  Valauris. Françoise Gilot a conservĂ© cet Ă©change de propos entre les deux peintres Mais pourquoi faites-vous ces choses-lĂ  ? rĂ©pĂ©ta Picasso Ă  Matisse. Je serais d’accord si vous Ă©tiez croyant. Dans le cas contraire je pense que vous n’en avez moralement pas le droit ! » Pour moi, rĂ©torqua Matisse, tout cela est essentiellement une Ɠuvre d’art. Je mĂ©dite et me pĂ©nĂštre de ce que j’entreprends. Je ne sais pas si j’ai ou non la foi. Peut-ĂȘtre suis-je plutĂŽt bouddhiste. L’essentiel est de travailler dans un Ă©tat proche de la priĂšre. » La dispute entre les deux hommes, Ă  propos de la chapelle de Vence, est incontestablement riche d’enseignement sur ce qui fondamentalement les sĂ©pare, et plus profondĂ©ment encore les unit. Le malentendu quant Ă  l’attitude humaine semble total, et pourtant n’est-il pas totalement transcendĂ© dans le sentiment qu’ils ont l’un et l’autre d’un art oĂč, superbement au-delĂ  des idĂ©es, ils se retrouvent. Matisse dira Picasso Ă©tait furieux que je fasse une Ă©glise. "Pourquoi est-ce que vous ne feriez pas plutĂŽt un marchĂ© ? Vous y peindriez des fruits, des lĂ©gumes." Mais je m’en fiche pas mal j’ai des verts plus verts que les poires et des oranges plus orange que les citrouilles. Alors Ă  quoi bon ? Il Ă©tait furieux !... Je lui ai dit, Ă  Picasso "Oui, je fais ma priĂšre, et vous aussi, et vous le savez bien, quand tout va mal nous nous jetons dans la priĂšre pour retrouver le climat de notre premiĂšre communion. Et vous le faites aussi." Il n’a pas dit non. » Le dĂ©bat, ce dernier dĂ©bat entre les deux grands artistes, dĂ©borde largement les idĂ©es qui s’y expriment. Matisse ne nous le signale-t-il pas lorsqu’il Ă©voque justement Ă  ce propos le rapport qu’il entretient avec la couleur j’ai des verts plus verts... et des oranges plus orange... ». C’est bien prĂ©cisĂ©ment parce que le dĂ©bat excĂšde la mesure et la vĂ©rification de nature, oĂč viennent communĂ©ment se fixer les couleurs et les idĂ©es, et qu’il implique, dans la rĂ©alisation oĂč se trouve alors engagĂ© Matisse, la dimension surnaturelle de leur art qu’une fois de plus les deux peintres s’y cĂŽtoient, s’y opposent et s’y retrouvent. Matisse meurt le 3 novembre 1954, et Picasso qui, au dire de ses amis, rĂ©pĂšte souvent Au fond, il n’y a que Matisse... », abandonne lui aussi Ă  sa façon le siĂšcle et se tourne vers d’autres sont dĂ©sormais les grands maĂźtres du passĂ© qui vont partager la contemporanĂ©itĂ©, la gloire et le monologue de ce grand maĂźtre du XXe siĂšcle. Courbet et Greco, dĂ©jĂ  en 1950, ensuite, plus prĂ©cipitamment semble-t-il, Delacroix en 1955 les Femmes d’Alger, Rembrandt en 1956, VĂ©lasquez en 1957, Murillo en 1959, Manet en 1960-1970, participent dorĂ©navant Ă  travers Picasso au grand tribunal de la modernitĂ©, telle qu’incontestablement Ă  travers Matisse et Picasso, Ă  travers le Français et l’Espagnol, elle convoque dĂ©sormais pour nous aujourd’hui l’ensemble de notre histoire. Marcelin Pleynet, Tel Quel 87, 1981. Matisse dans la Chapelle de Vence. La Vierge et l’Enfant. Dessin pour la façade la chapelle. Encre et gouache sur papier, 1951. MusĂ©e Matisse, Le Cateau-CambrĂ©sis. Photo 4 janvier 2018. Zoom cliquez l’image. Picasso, Le Temple de la paix. 1. La guerre. Picasso, Le Temple de la paix. 2. La paix. * Les articles sur Matisse et sur Picasso sont trĂšs nombreux dans les livres de Pleynet. Signalons le dernier essai en date Essais et confĂ©rences, 1987-1998 les Ă©ditons Beaux-arts de Paris, 2012. En mai 2007, Marcelin Pleynet prononça deux confĂ©rences Ă  Banja Luka Bosnie-HerzĂ©govine, la premiĂšre portait sur Matisse et Picasso », la seconde sur CĂ©zanne ». Ces confĂ©rences furent suivies d’une discussion, dont voici la video en bas de page. Sur Pileface, voir plus spĂ©cifiquement Matisse/Picasso Ă  la lumiĂšre de L’Éclaircie Matisse d’autres points de vue Matisse, L’invitation au voyage Picasso by night by Sollers Picasso et les femmes * Ateliersenfants / vacances de la Toussaint : L’automne dans le regard des peintres. Public · Hosted by Passage Sainte-Croix. clock. 2 Dates · Oct 27 - Oct 28 · UTC+02. Event ended about 2 days ago. pin. Passage Sainte-Croix. Nantes, France. Show Map
Exposition temporaire Alfred-Auguste Janniot 1889-1969, gĂ©nie de l'Art DĂ©co Exposition, Patrimoine - Culture, Peinture, SculptureSaint-Quentin 02100Du 01/04/2022 au 18/09/2022DĂ©couvrez cette magnifique exposition temporaire au MusĂ©e des Beaux-Arts Antoine LĂ©cuyer, du 1er avril au 18 septembre 2022. AprĂšs l’Art Nouveau qui a vu Ă©merger de grandes figures individualistes comme le belge Victor Horta ou le français Hector Guimard, l’Art dĂ©co va promouvoir et consacrer le travail Ă  plusieurs mains. La nouvelle architecture, clef de voĂ»te de tous les Arts », appelle alors Ă  l’union de tous les artistes sculpteurs, peintres, mosaĂŻstes, ferronniers, vitraillistes et grands dĂ©corateurs. Parmi les sculpteurs de cette pĂ©riode si fĂ©conde pour l’Art français, le MusĂ©e des Beaux-Arts Antoine LĂ©cuyer a dĂ©cidĂ© de mettre en lumiĂšre la figure d’Alfred-Auguste Janniot. Ce dernier est l’un des reprĂ©sentants majeurs de l’Art dĂ©co au mĂȘme titre que l’architecte-dĂ©corateur Jacques- Émile Ruhlmann ou le peintre Jean Dupas. De Paris Ă  New-York, il a multipliĂ© les chefs d’Ɠuvres pour les nombreux architectes qui le sollicitaient avec insistance Wallace Harrison Rockefeller Center de New-York, Michel Roux-Spitz, Pierre Patout paquebots Ile de France et Normandie, Albert Laprade MusĂ©e des Colonies, Jean Niermans, Aubert, Dastugue, Viard et Dondel Palais[...]
Lesartistes nous ont aidĂ©s de tous temps Ă  le comprendre. Les peintres de plein air puis les impressionnistes ont rĂ©ussi Ă  saisir dans leurs tableaux l’importance de l’esprit des lieux. C’est grĂące Ă  eux que l’on a encore aujourd’hui connaissance de la rĂ©alitĂ©, de la force, de la beautĂ© de Crozant dans les annĂ©es 1890-1900. Pourtant, les paysages ont profondĂ©ment changĂ© L'impressionnisme, prisĂ© du grand public mais peu mis en vedette ces derniĂšres dĂ©cennies en France, fait un retour en force avec le festival Normandie impressionniste Ă  partir de vendredi, 4 juin, une exposition au musĂ©e Marmottan Ă  la mi-juin et la grande rĂ©trospective Monet au Grand Palais de Paris, Ă  l'automne."C'est le retour en grĂące des impressionnistes", a dĂ©clarĂ© Ă  l'AFP Jacques-Sylvain Klein, commissaire gĂ©nĂ©ral du Festival Normandie impressionniste et auteur d'un ouvrage faisant de cette rĂ©gion le berceau de ce mouvement pictural majeur nĂ© dans le dernier tiers du XXe phare de ce festival, "Une ville pour l'impressionnisme Monet, Pissarro et Gauguin Ă  Rouen", sera inaugurĂ©e vendredi au musĂ©e des Beaux-Arts de Rouen. Elle prĂ©sentera jusqu'au 26 septembre quelque 130 oeuvres dont onze cathĂ©drales peintes aux diffĂ©rentes heures de la journĂ©e par Claude Monet au dĂ©but des annĂ©es la France, "les prĂȘts sont venus de tous les horizons, beaucoup des Etats-Unis, mais aussi d'Europe, du Japon, du Mexique", de musĂ©es comme de collectionneurs privĂ©s, a indiquĂ© Ă  l'AFP Laurent SalomĂ©, directeur des musĂ©es de coup d'envoi officiel du festival, nĂ© sous l'impulsion de Laurent Fabius, dĂ©putĂ© socialiste de Seine-Maritime, sera donnĂ© samedi avec la crĂ©ation d'un tableau vivant gĂ©ant devant le parvis de l'HĂŽtel de Ville de Rouen."Monet vu du ciel" rĂ©unira participants qui s'employeront Ă  reconstituer la toile de l'artiste "La CathĂ©drale de Rouen, effet de soleil, fin de journĂ©e" en portant chacun un fragment de toile Ă  bout de bras, tournĂ© vers le sera filmĂ©e depuis un hĂ©licoptĂšre et un Ă©cran gĂ©ant retransmettra les vues de cette crĂ©ation Ă©phĂ©mĂšre. Un juge du Guinness World Records sera prĂ©sent pour estampiller cette performance comme "plus grand tableau impressionniste vivant au monde".Le festival, qui se dĂ©roulera sur quatre mois, prĂ©sentera environ 200 initiatives, autour de la peinture mais aussi de la musique, de la photographie, du théùtre, du cinĂ©ma et de la littĂ©rature. Des "dĂ©jeuners sur l'herbe" seront organisĂ©s dans toutes les communes normandes qui le souhaitent. La nappe sera fournie par les organisateurs. Un rouleau de 25 kilomĂštres de toile Ă  carreau rouge et blanc a Ă©tĂ© commandĂ© pour l'occasion. Le 14 juillet, des guinguettes impressionnistes reprendront vie."J'espĂšre que cette manifestation aura le succĂšs qu'elle mĂ©rite", a dĂ©clarĂ© Ă  l'AFP Pierre BergĂ©, prĂ©sident de l'association Normandie impressionniste. "On a fait un grand coup en rĂ©unissant la Basse et la Haute Normandie, Caen et Rouen", deux villes souvent rivales, a-t-il Paris, le musĂ©e Marmottan-Monet prĂ©sente Ă  partir du 17 juin et jusqu'au 26 septembre une exposition sur "Monet et l'abstraction", mettant en regard des tableaux de Monet 1840-1926 avec des peintres abstraits de la seconde moitiĂ© du XXe prĂ©voit une autre exposition autour de Monet du 6 octobre au 20 fĂ©vrier. A peu prĂšs en mĂȘme temps que la grande exposition Claude Monet qui aura lieu au Grand Palais du 22 septembre au 24 par la RĂ©union des MusĂ©es nationaux RMN et le musĂ©e d'Orsay, l'exposition rĂ©unira prĂšs de deux cents oeuvres du peintre impressionniste dans les galeries nationales du Grand toile manquera. "Impression soleil levant" 1872 de Monet, qui a donnĂ© son nom au mouvement mais que le musĂ©e Marmottan n'a pas souhaitĂ© prĂȘter, prĂ©fĂ©rant l'exposer dans ses murs. La douceur impressionniste ne rend pas forcĂ©ment tendre.

5artistes qui rĂ©veillent l’automne sur Artistics Par InĂšs Boittiaux ‱ le 15 octobre 2020 Le ciel fait grise mine ? Qu’importe, l’automne sera survitaminĂ© ! Beaux Arts a sĂ©lectionnĂ©, sur le site de la galerie en ligne Artistics, cinq peintres Ă  la palette explosive pour une saison haute en couleurs. Ahn Hyun-Ju : associations libres

Cet article date de plus d'un an. PubliĂ© le 08/07/2021 2231 Mis Ă  jour le 08/07/2021 2232 DurĂ©e de la vidĂ©o 4 min. FRANCE 3 Article rĂ©digĂ© par dessins Daniel Lallemand - France TĂ©lĂ©visions Honfleur Calvados a inspirĂ© des gĂ©nĂ©rations d'artistes. Parmi eux, EugĂšne Boudin, considĂ©rĂ© comme le prĂ©curseur de l'impressionnisme. En Normandie, le ciel tourmentĂ© fait le bonheur des peintres depuis prĂšs de 200 ans. "Je regarde quand mĂȘme une application mĂ©tĂ©o, comme quoi la modernitĂ©, ça sert", dĂ©clare Daniel Lallemand. Le peintre pose son chevalet Ă  Honfleur Calvados depuis plus de 20 ans. Il ne se lasse pas des reflets et des devantures colorĂ©es, malgrĂ© une mĂ©tĂ©o morose. "C'est un bon ciel pour peindre, il y a des nuances de gris qui sont fantastiques", explique-t-il. En matiĂšre de ciel, la rĂ©fĂ©rence s'appelle EugĂšne Boudin. Peintre nĂ© Ă  Honfleur en 1824, autodidacte et radical, il abandonne la peinture acadĂ©mique pour se concentrer sur la couleur et les nuances. Sur la cĂŽte normande, il trouve le sujet parfait la plage de Trouville. "C'est ici que Boudin est venu peindre ses fameuses scĂšnes de plages", explique Karl Laurent, conservateur du musĂ©e Boudin Ă  Trouville Calvados. GrĂące aux chemins de fer, l'aristocratie parisienne dĂ©couvre les joies de la plage. "Une station comme Trouville devient surtout un lieu de rencontre et de sociabilitĂ©. Les gens discutent, se rencontrent. On se montre dans ses plus beaux atouts", explique Karl Laurent. Boudin, l'enfant de Honfleur, aura passĂ© sa vie Ă  peindre les ciels torturĂ©s.
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  • l automne dans le regard des peintres