UnsĂ©jour parfait, en famille, sous les Ă©toiles : voilĂ  ce que vous rĂ©serve la Perle Magique! Les enfants vont probablement adorer dormir dans la mezzanine hamac installĂ©e Samedi 11 septembre Souviens toi de vivre ». Ce petit Ă©criteau en bois fixĂ© sur un tronc au bord de mon sentier accroche mon regard, et me laisse de quoi mĂ©diter pour la fin de journĂ©e. J’ai quittĂ© Briançon tĂŽt ce matin, ses rues en pente, sa citĂ© Vauban et sa position stratĂ©gique entre cinq vallĂ©es, ouvrant un rĂ©seau infini d’escapades pour les amateurs d’ la derniĂšre ligne droite » de mon aventure en entrant dans le Parc Naturel RĂ©gional du Queyras. Avec son environnement riche et variĂ©, c’est un condensĂ© de petites merveilles pour en prendre plein les yeux du matin au soir, et du soir au matin. Transition entre les Alpes du Nord et celles du Sud, il offre tantĂŽt forĂȘts de pins et de mĂ©lĂšzes, tantĂŽt prairies d’alpages, lacs, cascades ou riviĂšres. C’est sous un beau soleil que je monte aux Chalets des Ayes, paisible hameau situĂ© en bas du col du mĂȘme nom. Quatre chevaux chillent en libertĂ© devant ce panorama montagnard. Un papy accompagnĂ© par son berger allemand aussi vieux que lui leur apporte quelques croutons de pain, rituel silencieux qui semble instaurĂ© entre ce petit groupe de locaux. Quelques cuillĂšres de beurre de cacahuĂštes et un reste de pizza en guise de pause une fois arrivĂ©e lĂ -haut, et je redescends Ă  Brunissard, village dĂ©couvert quelques annĂ©es plus tĂŽt lors de mes premiers tests de montagne en solo, rĂ©alisant alors le tour du Queyras sur une dizaine de jours. Je me retiens de pousser la porte de l’apiculteur local, chez qui j’avais trouvĂ© Ă  l’époque un rĂ©gal de miel de montagne
 mais lĂ  non, vraiment pas besoin de 500g additionnels dans mon sac de sherpa ! Pour compenser, je m’offre un goĂ»ter gaufre & glace un peu plus loin. Mon corps me rĂ©clame des calories que j’ai du mal Ă  gĂ©rer au quotidien, me contentant souvent d’en-cas rapides un peu trop lĂ©gers Ă  son goĂ»t. Recharge des rĂ©serves d’eau Ă  la fontaine du village, point stratĂ©gique et salvateur de tout randonneur, puis direction le lac de Roue pour un bivouac aux conditions d’eau atypique perchĂ©e Ă  1850 mĂštres au-dessus des villages qui l’entourent, ancienne tourbiĂšre transformĂ©e en lac, elle est en partie recouverte par des plantes aquatiques qui lui donnent cet aspect si particulier. Toute une palette de couleurs s’étale devant moi, du dorĂ© des prairies au vert des mĂ©lĂšzes, du ciel bleu au gris des roches escarpĂ©es. Pour moi, peu de lieux offrent une ambiance aussi sereine qu’un lac de montagne. ÉclairĂ©e par les rayons de fin d’aprĂšs-midi, je profite de cette quiĂ©tude particuliĂšre entourĂ©e de quelques libellules, bien trop rapides pour se laisser photographier. Le soleil disparaĂźt doucement pour laisser place Ă  une belle nuit Ă©toilĂ©e, sans un bruit. MĂȘme pas un Ă©cureuil pour me rĂ©veiller parmi les arbres de la forĂȘt au petit matin
 Dans la vallĂ©e suivante, c’est ChĂąteau-Queyras et son fort qui domine le village, lui aussi remaniĂ© par la patte de Vauban. Plus haut, un massif tranche au milieu de la lande rouge orangĂ©e, ses deux pointes rappelant les oreilles d’une tĂȘte de loup. Puis arrive le Col Fromage » pour lequel, a priori, l’équipe de brainstorming en charge des nominatifs montagnards Ă©tait en panne d’inspiration
 A Ceillac, village dĂ©part de nombreuses randonnĂ©es dans le Queyras, on accĂšde plus haut Ă  deux superbes lacs, qui mettent une fois de plus en lumiĂšre les Ɠuvres d’art créés par MĂšre Nature. Le lac Miroir, qui commence lui aussi Ă  prendre ses teintes automnales, faisant ressortir sa vĂ©gĂ©tation Ă  l’ambiance canadienne. Et quelques centaines de mĂštres plus en altitude, le lĂ©gendaire lac Saint Anne, au bord duquel j’installe mon bivouac du y est si claire que mĂȘme d’en contrehaut, je peux y voir les poissons nager sur ses abords. J’ai encore un peu de temps avant l’arrivĂ©e de la fraicheur de fin de journĂ©e, et je profite de crapahuter pieds nus autour du lac, les orteils sur l’herbe moelleuse, instants de douceur aprĂšs une journĂ©e renfermĂ©s dans mes lourdes chaussures de marche. Autour des cimes, on entend Ă  intervalles rĂ©guliers le bruit de pierres qui roulent le long du versant, signe du passage de chamois ou de bouquetins qui escaladent les rochers. J’essaye sans succĂšs de les apercevoir, attablĂ©e » devant mon repas de luxe » Ă  la french touch ; soupe de lĂ©gumes, fromages du Queyras et croissant-nutella ! Au matin, le soleil se lĂšve timidement avant de retourner se cacher derriĂšre une brume nuageuse, crĂ©ant une nappe opaque et lumineuse en fond de scĂšne. Une hermine furtive qui devait me surveiller alors que j’étais de dos Ă  admirer le lac file en sautillant derriĂšre les rochers. Tout au loin, la vue du col s’ouvre jusque sur la barre des Écrins, dĂ©voilant l’imposant sommet de la Meige et son glacier, unique touche blanche dans cet univers minĂ©ral. Dans la vallĂ©e suivante, les marmottes sont de sortie en nombre, toujours plus grasses, se gavant de leur petit dĂ©jeuner, pas une seconde effarouchĂ©es par mon passage. L’air humide fait ressortir l’odeur de la forĂȘt. Je rejoins la vallĂ©e de l’Ubaye en suivant sa riviĂšre du mĂȘme nom, dĂ©connectĂ©e des rĂ©seaux dans cette rĂ©gion reculĂ©e et prĂ©servĂ©e. AprĂšs un mois de mĂ©tĂ©o idĂ©ale, une nouvelle dĂ©pression approche. Pluies, orages et alertes oranges qui compliquent Ă  nouveau mes plans
 Je laisse le bivouac de cĂŽtĂ© pour une option gĂźte, dont l’accueil froid des propriĂ©taires est heureusement compensĂ© par un chaleureux groupe croisant les infos de leurs itinĂ©raires du jour et de ceux Ă  venir. Le lendemain, aprĂšs une nuit d’averses, le ciel menaçant me fait presser le pas pour avaler une nouvelle Ă©tape. Je ressors avec rĂ©signation le poncho, ses crissements plastifiĂ©s et ses claquements dans les bourrasques de vent. Le passage au milieu d’anciennes fortifications et baraquements militaires ajoute Ă  la touche austĂšre de l’étape. Pas un bruit, pas un animal, ni au sol ni en l’air. Silence magistral au beau milieu des sommets embrumĂ©s. A onze heures, on a dĂ©jĂ  l’impression que la nuit tombe sur la vallĂ©e en contrebas. Ambiance de fin du monde. J’arrive au pas de course Ă  Larche, village entiĂšrement dĂ©truit par les Allemands lors de la seconde guerre mondiale, reconstruit depuis mais nĂ©anmoins semblable Ă  un village fantĂŽme sous ces conditions, qui plus est hors saison. RĂ©fugiĂ©e au chaud et au sec dans une petite auberge, je tergiverse sur mes Ă©tapes Ă  venir, du fait de l’instabilitĂ© mĂ©tĂ©o et d’infos diverses glanĂ©es ces derniers jours. Finalement, c’est Julien qui m’offre une alternative idĂ©ale. Breton installĂ© Ă  Tahiti depuis dix ans, il est venu passer un peu de temps au calme dans une paisible maison familiale et m’accueille Ă  Embrun, au bord du lac de Serre-Ponçon, un peu plus Ă  l’ouest de mon itinĂ©raire initial. C’est la premiĂšre personne originaire de la CĂŽte Atlantique que je rencontre depuis mon dĂ©part, et je renoue avec plaisir avec le monde de la Mer. Nos conversations maritimes me reconnectent en douceur avec mon environnement Ă  venir, faisant baisser mon apprĂ©hension de laisser les montagnes derriĂšre moi
 Un week-end pour profiter du lac et de son rooftop. Des sources chaudes finalement pas si chaudes pour s’y aventurer. Des vues panoramiques dans les alentours. De Vauban et de ses fortifications, encore lui. Et puis, aprĂšs un gros orage nocturne, des premiĂšres neiges tombĂ©es sur les sommets
 Winter is coming ! Ces quelques jours m’apportent l’énergie parfaite pour entamer mes derniĂšres Ă©tapes, direction les Alpes Maritimes. Ici, winter is not coming at all, les tempĂ©ratures estivales ne laissant mĂȘme pas encore songer Ă  l’automne. Je retrouve l’ambiance mĂ©ridionale dans laquelle j’ai vĂ©cu ces derniĂšres annĂ©es. Les maisons crĂ©pies, l’accent chantant, les petits villages provençaux perchĂ©s sur les hauteurs. Les oliviers et les figuiers. Les lauriers roses et les chĂšvrefeuilles. Les odeurs changent, l’air est plus sec, les buissons Ă©pineux griffent les mollets sur les petits sentiers. Ca sent le Sud, les Ă©corces de pin et le thym. Par ici les hauteurs sont plus homogĂšnes, courbes vallonnĂ©es recouvertes de forĂȘts. AprĂšs avoir vĂ©cu les quatre saisons en quatre mois, je termine sur une note estivale sous 27°C, marques de bronzage Ă  leur apogĂ©e, piqĂ»res d’insectes et pieds en fusion. Je ressens la nostalgie des derniers », sentiment familier Ă  l’approche de chaque clĂŽture de chapitre. Derniers rayons de soleil matinaux Ă  travers les arbres de la forĂȘt. Derniers crissements des feuilles mortes sous mes pieds. Derniers Ă©cureuils. Derniers ponts. Derniers cols. DerniĂšres vues panoramique. Derniers dĂ©rapages sur les pierriers
 Jeudi 23 septembreMONACO. HuitiĂšme et dernier pays » de ma traversĂ©e. L’envers de l’ambiance vĂ©cue jusque-lĂ , mais nĂ©anmoins Ă©tape de fin officielle de la Via Alpina. Cinq cent mĂštres de descente depuis les hauteurs de la Turbie pour un retour au niveau zĂ©ro, celui de la Mer, aprĂšs 115 jours perchĂ©e en altitude. Les reliefs vont me manquer. L’énergie des montagnes aussi, mais celle vivifiante de la mer se ressent dĂ©jĂ . Et me voilĂ , entre deux mondes, un peu secouĂ©e par le tumulte MonĂ©gasque, et pourtant dĂ©connectĂ©e de cet Ă©talement de luxe, planant encore dans ma bulle. Clap de fin aux pieds de la statue du Prince Albert 1er, perchĂ© sur son rocher. Le bruit des vagues dans les oreilles, le nez au vent face Ă  la MĂ©diterranĂ©e agitĂ©e par le vent, sa couleur mĂȘlĂ©e avec celle du ciel, je savoure ces derniers instants de plĂ©nitude. MĂ©lange d’émotions cumulĂ©es. De joie. D’accomplissement. De fatigue. Le tout sereinement enroulĂ© dans une euphorie lĂ©gĂšre. Quatre mois de marche, et prĂšs de 1500 kilomĂštres de 90 000 mĂštres de dĂ©nivelĂ©s cumulĂ©s
 c’est un peu comme gravir une vingtaine de fois le Mont Blanc !Au final, j’aurai suivi environ 80% de mon tracĂ© planifiĂ©, les 20% restant ayant Ă©tĂ© adaptĂ©s aux visites des proches, aux rencontres faites au grĂ© du chemin, et aux nombreux! alĂ©as mĂ©tĂ©o qui font que les plans d’une aventure au long cours sont aussi faits pour ĂȘtre modifiĂ©s
 J’ai vagabondĂ© sous les Ă©toiles des Alpes et je leur suis infiniment reconnaissante de m’avoir laissĂ© fouler leur sol, m’ouvrant leur univers brut, me distillant les fragments de leur histoire gĂ©ographique, gĂ©ologique, montagnes sont remplies d’histoires, chargĂ©es d’un passĂ© parfois lourd, gardant secrĂštement les traces des guerres des siĂšcles derniers, les vestiges d’anciens hameaux, les rĂ©cits de ceux qui y ont vĂ©cu. Elles sont aussi un terrain de jeu infini pour les amoureux de la nature, oĂč l’on y trouve la beautĂ© dans chaque me suis nourrie d’elles pendant ces quatre mois. Leur rudesse, leur splendeur et leurs changements d’humeur. J’ai adorĂ© photographier leurs courbes et leurs lumiĂšres. J’y ai affĂ»tĂ© tous mes sens, du premier au sixiĂšme, tissant un lien quotidien avec cet environnement sans faux semblants. J’ai montĂ© et descendu des versants, et vice versa. LongĂ© des crĂȘtes, sillonnĂ© des flancs. TraversĂ© des forĂȘts enchantĂ©es, et d’autres un peu moins. AdmirĂ© des mers de nuages, des sommets lĂ©gendaires. DĂ©couvert tant de spots de rĂȘve. ÉtĂ© rĂ©veillĂ©e par des chevreuils, des Ă©cureuils, un renard, un mulot, et des tonnes d’oiseaux. Fait de la thalasso dans des riviĂšres trĂšs fraiches. Failli participer Ă  mon insu Ă  un ultra trail. PeaufinĂ© mes Ă©changes de bons plans entre voyageurs. Me suis rĂ©galĂ©e de baies sauvages, de fromages locaux et de chocolats chauds. UsĂ© mes semelles sur tous ces sentiers, avec parfois de petits cailloux dans les chaussures, au propre comme au eu chaud, un peu. Froid, beaucoup. J’ai laissĂ© quelques gouttes de sang sur les sentiers Autrichiens et leurs troncs d’arbres morts fourbes. Un zest de larmes dans les moments difficiles. Des salves de sa *$* bordel de mer** » dans les dĂ©nivelĂ©s positifs. Des poignĂ©es de waahh put*** » aux cols en dĂ©couvrant les prochaines vallĂ©es qui s’ouvraient devant moi. Des centaines de sourires partagĂ©s, offerts et rĂ©coltĂ©s. Et des milliers de bonjour » dans tout plein de j’ai traversĂ© l’intĂ©gralitĂ© de la chaine des Alpes Ă  pied. Gratitude envers tous ceux qui ont croisĂ© mon chemin et m’ont nourri de leurs moments de vie. Gratitude Ă©galement envers les personnes qui Ɠuvrent dans l’ombre ; ceux qui entretiennent et sĂ©curisent nos sentiers pour nous permettre de les arpenter en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. Aux bergerĂšs qui gĂšrent courageusement les alpages et maintiennent accessibles ces paradis d’altitude. Aux gardiens de refuges, cocons providentiels dans les moments durs. Continuons Ă  protĂ©ger ces derniers espaces sauvages pour permettre Ă  chacun d’entre nous d’aller y assouvir sa quĂȘte de liberté  Le monde d’en haut » est brut, rude et intransigeant, mais il est tout aussi pur, authentique et merveilleux. Le temps y est parfois suspendu, rendant l’agitation d’en bas » d’autant plus insensĂ©e. Une fois dĂ©connectĂ©, on n’a parfois plus envie de s’y rebrancher
Et, en mĂȘme temps, prendre le temps d’y clarifier ses pensĂ©es, d’y laisser infuser ses idĂ©es, c’est se laisser aller Ă  tout un nouveau monde d’opportunitĂ©s. Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles, mais uniquement par manque d’émerveillement. » De l’émerveillement, j’en ramĂšne tout un nouveau stock. Respecter, protĂ©ger, et rester connectĂ© Ă  cette Nature qui nous fait vivre. C’est la suite que je veux donner Ă  mon prochain chapitre de vie. Et Ă  force de vagabonder sous les Ă©toiles, il se pourrait bien qu’elles s’alignent vers de chouettes nouveaux horizons
 Et puis, comme dirait notre cher Francis, quand j’aurai tout donnĂ©, tout Ă©crit, quand je n’aurai plus ma place
 je prendrai une guitare avec moi, et peut-ĂȘtre mon chien s’il est encore lĂ  et j’irai dormir chez la dame de haute savoie ». Ultimes remerciements et big up Ă  tous ceux qui ont suivi et vĂ©cu cette aventure avec moi, ce genre d’énergie est contagieuse
 ne l’économisons pas ! Vendredi 20 aoutAprĂšs de belles retrouvailles familiales et amicales, je reprends mon pĂ©riple en solo depuis le village Suisse de ChampĂ©ry, en fond de soleil se lĂšve derriĂšre les montagnes, passant doucement au-dessus des crĂȘtes. Juste derriĂšre elles, cĂŽtĂ© Est, le lac de Salanfe, au bord duquel j’étais 24h plus tĂŽt. Ce matin, c’est vers l’Ouest que je me dirige pour rejoindre la frontiĂšre
 Française ! Mon itinĂ©raire du jour est pour le moins imagĂ©, via la route du Grand- Paradis », puis le Sentier des contrebandiers ». Passeurs d’un autre temps, la contrebande entre la France et la Suisse Ă©tait pratiquĂ©e jusqu’aprĂšs la guerre par nos anciens. Moyen risquĂ©, occasionnel ou professionnel, d’amĂ©liorer leur quotidien souvent prĂ©caire ; tabac, sucre, sel, jambon, miel, Ă©toffes, et mĂȘme parfois moutons et chĂšvres
 tout cela en tentant de dĂ©jouer la surveillance des douaniers embusquĂ©s en dans la forĂȘt en longeant un petit torrent, j’arrive rapidement sur le joli plateau de Barme, oĂč la routine quotidienne de la traite matinale se termine. Tout au long du chemin qui mĂšne au col, framboises et fraises des bois viennent raviver mes papilles entre deux en-cas. Un peu plus loin, ce sont les bosquets de myrtilles qui font chuter ma moyenne de marche ! Et puis le voilĂ , Ă  1920 mĂštres d’altitude. En plein vent, avec son ancien poste de douane plantĂ© lĂ -haut, c’est le col de Cou. Une borne en pierre matĂ©rialise la frontiĂšre. Les Dents Blanches et autres sommets alentours eux ne s’en soucient guĂšre, mais moi, la symbolique me rattrape. ChahutĂ©e par les bourrasques de vent qui tentent de dĂ©rober ma casquette, c’est comme une gamine que je pose les mains sur ce morceau de roc, petit pincement au cƓur et larme Ă  l’Ɠil, aprĂšs trois mois Ă  gravir toutes ces montagnes pour finalement rallier mon petit pays natal. La sensation de revenir Ă  la maison, bien que mon parcours soit encore loin d’ĂȘtre terminĂ©. En face, la Pointe de Nyon, vers laquelle je me dirige pour une longue descente vers SamoĂ«ns, avalĂ©e en toute lĂ©gĂšretĂ©. La mĂ©tĂ©o redevenue clĂ©mente depuis ces derniers jours ajoute un cran de plus Ă  mon humeur enjouĂ©e, semblant finalement offrir une atmosphĂšre estivale qui se prolongera pour les deux semaines Ă  venir. Quand toutes les conditions – topographiques, mĂ©tĂ©orologiques, physiques et mentales – sont rĂ©unies, le cheminement est un pur bonheur. BercĂ©e de tendre insouciance », je dĂ©roule mes Ă©tapes en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. Joie de pouvoir Ă  nouveau parler en Français sur les chemins, en traversant les hameaux, et quand arrivent les pauses de fin de journĂ©e. Échanges de banalitĂ©s ou de petits morceaux de vie qui retissent un lien humain un peu perdu ces derniers temps, du fait de la barriĂšre de la langue Ă©galement de retrouver sur ma carte des noms qui rĂ©sonnent lors de mes prĂ©parations de topos. Tous ces sommets, vallĂ©es et passages montagneux prĂ©sents dans les documentaires et livres que j’ai vu, entendu, lu, et dont je peux aujourd’hui prendre la mesure en rĂ©el. A SamoĂ«ns, je fais la connaissance d’Alex, un Allemand qui suit le GR5, de Thonon-les-bains Ă  Nice. Nos Ă©tapes suivantes sont similaires, la Via Alpina empruntant le mĂȘme parcours, et nous aurons l’occasion de nous revoir Ă  quelques points de passage, Ă©changeant sur les traditionnels sujets entre randonneurs ; parcours, matĂ©riel et nourriture!Je retrouve avec amusement cette petite rigiditĂ© » allemande dans certains dĂ©tails, comme le fait de l’entendre me dire j’attends encore un peu avant de diner car il me reste trois heures avant d’aller me coucher » 
 moi qui ai abandonnĂ© tout fuseau horaire, me laissant bassement diriger par mon estomac pour le timing des repas et par mon cerveau pour les crĂ©neaux de repos ! Marchant le long du Giffre, jolie riviĂšre bleutĂ©e qui court le long de la ville, je remonte dans les alpages par les chalets puis le lac d’Anterne. Un beau dĂ©gradĂ© de couleurs s’étend entre roches minĂ©rales, prairies marĂ©cageuses et forĂȘts. AprĂšs un mois d’aoĂ»t marquĂ© par une quasi exclusivitĂ© de troupeaux de vaches, c’est avec plaisir que je retrouve la mĂ©lodie plus lĂ©gĂšre des sonnailles de moutons, qui s’étalent largement des deux cĂŽtĂ©s de mon sentier. Mais qui dit moutons
 dit patous, ces gros chiens de montagne chargĂ©s de leur protection. Sachant qu’il est toujours dĂ©conseillĂ© de passer au milieu d’un troupeau, perçu comme une menace potentielle, c’est avec une petite apprĂ©hension que je me faufile parmi les brebis. En le cherchant des yeux, je finis par voir un peu plus haut une grosse boule de poils blanche, affalĂ©e de tout son long, pile sur mon tracĂ©, en train de se faire un gros roupillon
 A pas de loups, je prends soin de le contourner, de loin, sans mĂȘme qu’il remarque ma prĂ©sence ! Plus tard, au col, ce sera au tour d’un grand Berger d’Anatolie de croiser ma route, autre chien de protection originaire des pays de l’Est, de plus en plus utilisĂ© face Ă  la menace grandissante du loup. A ce stade, lui fait plutĂŽt face Ă  un bouquetin, plantĂ© sur l’autre versant, dubitatif devant ce molosse en direction duquel il devrait aller pour rejoindre le reste de son groupe un peu plus loin
 Le bivouac du jour en contrebas d’un refuge annonce le dĂ©but de nuits de plus en plus fraiches, souvent entre 0 et 5°C. Le vent glacial de fin d’aprĂšs-midi fini par tomber en mĂȘme temps que l’obscuritĂ©. Accalmie synonyme de nuit paisible, malgrĂ© un rĂ©veil Ă  1h30 en pensant que le jour se lĂšve, alors que ce n’est que le reflet de la pleine lune sur ma toile de tente
 l’occasion d’admirer la voie lactĂ©e scintillante, loin de toute lumiĂšre citadine artificielle. Puis, paisible dĂ©marrage de journĂ©e par un versant Nord, avec le bonnet et la petite laine supplĂ©mentaires. La lune est encore visible alors que le soleil prend progressivement sa place, m’offrant une magnifique lumiĂšre sur le Mont Blanc, barrĂ© de lĂ©gers nuages rosĂ©s. Plus Ă  l’Est, les Grandes Jorasses, autres arĂȘtes renommĂ©es dans le monde de l’alpinisme. Et face Ă  moi, dans la derniĂšre partie menant au col, une Ă©tagne bouquetin femelle et son petit me toisent de loin. Au bout d’un moment, m’ayant a priori exclu de leur liste de menaces potentielles Ă  la vue de ma vitesse de marche en ascension, je les vois s’allonger sur un replat, semblant profiter eux aussi du panorama matinal. Je rejoins l’itinĂ©raire extrĂȘmement rĂ©putĂ© du TMB » – Tour du Mont Blanc. Au col du BrĂ©vent, la vue lui fait face, les nuages dĂ©voilant furtivement son sommet, immense stature enrobĂ©e dans un Ă©pais manteau de neige. A ce point de passage, c’est au moins quatre langues diffĂ©rentes que j’entends en quelques minutes. Et pour cause, tout en bas dans la vallĂ©e, c’est Chamonix, oĂč a sonnĂ© hier le lancement du mythique UTMB – Ultra Trail du Mont Blanc. Sommet mondial du trail, il s’étend sur une semaine et regroupe plus de 10 000 coureurs de 19 pays, crĂ©ant une effervescence dans les rues de la ville et les environs, avec le passage sur les sentiers de nombreux randonneurs et trailers en tous genres. Sexy et stylĂ©e Chamonix. Berceau d’aventures, Ă©picentre des amateurs d’outdoor. Un El Chalten » Ă  la passe une journĂ©e et retrouve l’ambiance vĂ©cue plus en amont de mon pĂ©riple Ă  l’ultra trail de Cortina d’Ampezzo dans les Dolomites. En bonus, le petit dĂ©j’ local que j’avais presque oubliĂ© ; french baguette, maxi chocolatine et jus d’orange pressĂ© 🙂 Le lendemain, je remonte en altitude. Dans le hameau oĂč dĂ©bute mon parcours, un gros husky est postĂ© en camĂ©ra de surveillance, assis sur une chaise de jardin, le nez au-dessus de sa palissade
 on est loin de l’image habituelle du chien-loup hyperactif ! Je quitte Ă  nouveau la France pour repasser en Suisse. Peu importe le pays, les Ă©cureuils dans la forĂȘt sont toujours les mĂȘmes, pestant Ă  l’identique lors de mon passage sur leur territoire
 ArrivĂ©e Ă  Trient, un espace libre basique mais apprĂ©ciable est dĂ©diĂ© aux campeurs, avec une petite redevance collectĂ©e chaque soir par une personne de la commune. Il est encore tĂŽt, et je profite du temps clĂ©ment pour chiller au soleil. Le berger un peu plus haut replie ses filets pour changer les parcs de ses chĂšvres, son chien sautillant autour de lui. Petit Ă  petit, des randonneurs arrivent, la grande majoritĂ© rĂ©alisent le TMB. Un anglais me partage ses options de bivouac sur les Ă©tapes Ă  venir, fier de me brandir son bouquin du World’s famous trek » et de m’énumĂ©rer tous les sommets qu’il a gravi du haut de ses 66 ans
 L’étape suivante s’annonce sportive », mais pas vraiment comme Ă  l’habitude. AprĂšs un dĂ©but de matinĂ©e paisible, passant le col de la Forclaz au-dessus d’une mer de nuages, des randonneurs qui arrivent dans l’autre sens m’indiquent que le dĂ©part de la course de 56kms de l’UTMB a Ă©tĂ© donnĂ©, et que les trailers de tĂȘte ne devraient pas tarder. En effet, mon itinĂ©raire passe par une partie de leur tracĂ©, et je vais avoir l’occasion durant les trois heures suivantes de croiser les 1460 inscrits, du premier
 au dernier ! Bon, mis Ă  part le fait que j’ai failli me faire Ă  peu prĂšs dix-huit fois une cheville en grimpant sur les rebords des sentiers pour laisser la prioritĂ© aux coureurs et ne pas freiner leur progression, l’expĂ©rience est vraiment belle !Étant en sens inverse, je vois les groupes progresser dans les hauteurs, entourĂ©s par les nuages qui crĂ©ent une petite ambiance mystique sur certains passages. Ponctuellement, je les encourage d’un Courage ! – Good luck ! – Forza ! ou Suerte ! » en fonction du drapeau sur leurs maillots
Le trail est une discipline que j’admire et qui me tente depuis de nombreuses annĂ©es, en phase avec les valeurs qu’elle reprĂ©sente et avec mon attrait pour le sport en milieu naturel. C’est trĂšs intĂ©ressant d’observer d’aussi prĂšs la progression d’une course. Attitudes, foulĂ©es, souffles, gestion des appuis, de l’effort, de la souffrance. Les trailers de tĂȘte sont dans un Ă©tat de flow total, une bulle de concentration extrĂȘme, focus sur leurs traces et paraissant annihiler tout ce qui est autour d’eux. Les diffĂ©rences de niveaux Ă©voluent au fur et Ă  mesure du passage des coureurs. Sur la derniĂšre partie du groupe, je souris Ă  la rĂ©flexion de l’un d’entre eux qui, en me croisant avec mon gros sac Ă  dos, dit Ă  son coĂ©quipier je ne sais pas si je serais capable de faire de la rando comme ça sur plusieurs jours
 ». Et moi qui, Ă  l’inverse, pensais le trail inaccessible du fait de l’instabilitĂ© de mes genoux capricieux, je rĂ©alise que finalement, c’est peut-ĂȘtre le dĂ©clic qu’il me fallait pour me lancer
 un objectif Ă  ajouter sur ma bucket list 🙂 Retour au calme pour la fin de journĂ©e. Installant mon bivouac autour d’un petit refuge nichĂ© sur une prairie dans la forĂȘt, je suis bien contente de boucler mes Ă©tapes Suisses sur une note plus authentique, savourant une derniĂšre fondue. Mon ultime Ă©tape dans ce pays m’amĂšne quelques heures avant le col de la frontiĂšre Italienne. Ma marche est maintenant bien rodĂ©e, et j’arrive la plupart du temps Ă  boucler mes Ă©tapes plus rapidement que sur les indications signalĂ©tiques ou sur mes prĂ©visions de topos. ArrivĂ©e avant midi dans un super petit camping tenu par un homme adorable, je n’aurais pu rĂȘver meilleur endroit pour profiter de mes derniĂšres heures locales. Terrasse ensoleillĂ©e, grande piĂšce pour cuisiner, de quoi faire une bonne lessive et reposer mes articulations qui tirent un peu. Le lendemain matin, je fais mes adieux dĂ©finitifs au pays du Toblerone que je continuerai malgrĂ© tout Ă  consommer rĂ©guliĂšrement en hommage
 en rejoignant l’Italie par le col du Grand Saint Bernard. MontĂ©e finale sous un vent glacial. ArrivĂ©e lĂ -haut Ă  11h. 2469 mĂštres. 2,5°C
 PremiĂšre fois que j’enfile ma doudoune pour randonner en pleine journĂ©e ! Ce trĂšs historique passage est une ancienne voie militaire, notamment empruntĂ©e au 19eme siĂšcle par NapolĂ©on Bonaparte, son armĂ©e de 40 000 hommes et ses 5 000 chevaux partis guerroyer contre les Autrichiens. Sur un ton plus pacifiste qui leur est propre, les Suisses y ont, eux, créé depuis 1050 l’Hospice du Grand Saint Bernard, qui accueille et protĂšge les pĂšlerins, voyageurs et randonneurs de passage. Une communautĂ© religieuse de Chanoines y rĂ©side Ă  l’annĂ©e, alliant priĂšre et accompagnement des hommes sur leur route, qu’elle soit montagnarde et-ou spirituelle. L’église y conserve un trĂ©sor dont certaines piĂšces sont exposĂ©es, offertes par des donateurs laĂŻcs ou religieux ; tissus prĂ©cieux, artisanat d’art, joailleries, sculptures, cĂ©ramiques
 PiĂšces d’art dont l’unique but est de soutenir la priĂšre et accompagner la dĂ©marche du pĂšlerin » car le regard paisible et lumineux de Saint Bernard Ă©veille notre humanitĂ© et nous invite Ă  cheminer en quĂȘte du trĂ©sor vĂ©ritable».En dessous, reposent dans une morgue aujourd’hui murĂ©e les corps momifiĂ©s par le froid de deux cent personnes qui n’ont a priori pas trouvĂ© de trĂ©sor vĂ©ritable, mais ont perdu leur vie en montagne
 Et puis, le lieu est Ă©galement Ă  l’origine de la cĂ©lĂšbre race Saint Bernard, Ă©levĂ©s depuis 1800 sur ce col par les Chanoines, entretenant la tradition des chiens d’aide au sauvetage en montagne. De l’autre cĂŽtĂ©, les degrĂ©s remontent Ă  mesure de ma descente pour mon plus grand plaisir. Bienvenue dans la vallĂ©e d’Aoste ! Un saut en navette dans la jolie ville du mĂȘme nom pour une dĂ©couverte rapide du vieux centre, un petit ravitaillement et une grosse glace, et me voilĂ  de retour un peu plus haut dans un typique petit village sur mon itinĂ©raire. Samedi 28 aoutTrois mois tout pile que j’ai commencĂ© Ă  marcher. Alors quand Lorenzo, italien venu faire de la rando dans le coin et sĂ©journant dans mon camping, me propose une virĂ©e Ă  Courmayeur, c’est avec bonheur que je savoure mon premier mojito estival pour fĂȘter ça en bonne compagnie! Trois mois au cours desquels je me rends compte Ă  quel point mon corps a mutĂ©, et s’adapte chaque jour aux efforts consĂ©quents que je lui impose. Chaque semaine, je veille Ă  Ă©laborer mes topos en y intĂ©grant des temps de repos, ou des Ă©tapes plus lĂ©gĂšres aprĂšs une accumulation de forts gestion des signes ponctuels de fatigue n’est pas Ă  prendre Ă  la lĂ©gĂšre sur ce type de distances, pour Ă©viter toute blessure ou incident de parcours tellement vite arrivé  Et, malgrĂ© toutes les prĂ©cautions, l’usure progressive semble inĂ©vitable. De petites douleurs quotidiennes, plus ou moins chroniques, qui me rappellent l’accumulation des kilomĂštres ; les tendons d’achille qui tirent, une Ă©paule qui s’inflamme, un faux mouvement en rotation du genou qui a dĂ» dĂ©placer quelques nerfs dans une jambe, une mauvaise position figĂ©e dans mon duvet qui coince un psoas
 Ajoutant Ă  cela le froid qui brĂ»le de l’énergie mĂȘme au repos, et un rĂ©gime alimentaire un peu bancal, l’organisme est constamment soumis Ă  rude avec un peu de repos et de recul, je me surprends chaque jour de la capacitĂ© de rĂ©gĂ©nĂ©ration du corps humain, vĂ©ritable machine dont nous sous-estimons bien souvent le pouvoir. Dans cette rĂ©gion, le temps semble s’ĂȘtre figĂ©, comme suspendu en altitude. Des petits hameaux en vieilles pierres, surplombĂ©s de nombreux chĂąteaux, et les traces d’un passĂ© français encore trĂšs prĂ©sent. Le climat y est plus sec et ensoleillĂ©, avec un vent imposant. Les sauterelles ont remplacĂ© les limaces, leur grĂ©sillement me rappelant le Sud. MalgrĂ© cela, les nuits sont toujours plus fraiches. La transition de l’intĂ©rieur du duvet Ă  la mise en route de la marche pique chaque jour davantage. En journĂ©e, j’ai la chance d’avoir le soleil avec moi, mais les tempĂ©ratures restent de fin de saison. Le vent rafraichi en marche, mais refroidi instantanĂ©ment Ă  l’arrĂȘt. A Valgrisenche, l’un de ces petits villages perdus en montagne, je dĂ©couvre une coopĂ©rative de tisserands qui valorisent Ă  eux seuls toute une filiĂšre. En lien avec les Ă©leveurs de brebis, ils prĂ©servent une race locale en rĂ©alisant les tontes et en travaillant la laine par le tissage entiĂšrement manuel de vĂȘtements, sacs, couvertures et autres accessoires. Une belle dĂ©couverte alliant tradition et rĂ©silience pour ces mĂ©tiers anciens. Encore plus haut, perchĂ© Ă  2462 mĂštres, c’est le Lago Di San Grato qui me dĂ©voile ses plus belles couleurs, enclavĂ© parmi les massifs italiens, et entourĂ© de quelques cascades qui s’écoulent depuis les glaciers. Et puis, arrive l’heure de faire Ă©galement mes adieux Ă  l’Italie en passant le col du Mont qui, Ă  2639m, m’ouvre son panorama sur la France, empruntant la haute route glaciĂšre ».Sur le chemin j’y rencontre GĂ©rard, dit Popeye GĂ©gĂ© », retraitĂ© qui rĂ©alise lui aussi la Via Alpina, mais par portion d’un mois, depuis quatre ans. Trois vautours fauves nous survolent alors que nous faisons une petite pause avant d’attaquer la descente qui mĂšne au refuge. De mon cĂŽtĂ©, j’installe ma tente Ă  proximitĂ©, sur un promontoire offrant un replat parfait pour observer en toute quiĂ©tude le berger et ses vaches en contrebas, et le ballet de chasse des faucons crĂ©cerelles en contrehaut. Je savoure pour quelques moments encore les rayons du soleil qui se sauvent chaque jour de plus en plus tĂŽt, m’obligeant Ă  me replier dans mon duvet tout en admirant les couleurs du ciel rougeoyant. A 4h30, cette fois ce n’est pas le reflet de la pleine lune sur ma tente qui me rĂ©veille, mais celui des phares d’un pick up. DĂ©but de la premiĂšre traite
 respect Ă  ces mĂ©tiers Ă©galement, alors que moi, petite randonneuse Ă©phĂ©mĂšre, je replonge pour deux heures de sommeil, emmitouflĂ©e jusqu’aux oreilles. Ma redescente française se fait entre alpages, forĂȘts aux sols moelleux, et stations de ski pour rejoindre Tignes. J’y fais la connaissance de Nelly et Aurore, qui ont depuis cette annĂ©e la gestion du camping municipal. L’occasion d’échanger sur leurs activitĂ©s saisonniĂšres en montagne, ainsi que sur leur passion pour les sports outdoor et les voyages que nous avons en commun. L’une d’elles me conduit le lendemain Ă  Bourg Saint Maurice, oĂč je prends quelques jours de pause pour finaliser mon vaccin, dormir au chaud et me cuisiner de vrais repas. Cela me laisse le temps d’arpenter les rues de la ville, et de visiter la coopĂ©rative laitiĂšre de Haute Tarentaise. J’y dĂ©couvre les secrets de fabrication du Beaufort. Sa stricte rĂ©glementation, ses subtilitĂ©s d’hiver, d’étĂ©, d’alpages, et les efforts de 52 producteurs regroupĂ©s pour valoriser leur filiĂšre et leurs belles vaches Tarines et Abondances, deux seules races reconnues pour faire ce type de fromage. Dimanche 5 septembreJe rejoins le lac de Tignes pour reprendre mon itinĂ©raire sous un grand soleil, ravie de partir Ă  la dĂ©couverte du Parc National de la Vanoise, que je vais traverser durant les prochains jours. Premier des dix parcs nationaux créés en France, c’est un vĂ©ritable bijou sauvage, prĂ©servĂ© de la patte humaine et de ses amĂ©nagements civilisĂ©s. Son univers est brut et minĂ©ral. Totalement silencieux. Avec l’impression d’ĂȘtre une minuscule chose au milieu de ce dĂ©cor grandiose, je passe aux pieds de l’imposant glacier de la Grande Motte, suivant les cairns qui balisent un semblant de sentier Ă  travers les pierriers. A peine quelques fleurs poussent dans les rocailles de cet environnement austĂšre, presque lunaire. De l’autre cĂŽtĂ© du col, le vallon de la Leisse fait place Ă  un paysage de lande alpine. Les couleurs du sol se transforment dĂ©jĂ  vers des tons jaunes et orangĂ©s, annonce du changement de saison prochain. Chaque semaine qui passe, les marmottes sont de plus en plus grasses, peaufinant leurs rĂ©serves pour leur hibernation Ă  venir. La pluie qui s’invite de maniĂšre imprĂ©vue en fin d’aprĂšs-midi m’incite Ă  laisser la tente dans le sac et Ă  opter pour une place au refuge de la Leisse, tenu par deux jeunes trĂšs sympas. Une dizaine de personnes sont lĂ  pour la nuit, chouette petit groupe pour partager une soirĂ©e autour du poĂȘle Ă  bois, dans un chalet oĂč tout est prĂ©vu pour le confort des randonneurs de passage. AprĂšs une nuit au chaud mais entrecoupĂ©e par les allers-venues et les ronflements de mes colocs ponctuels, je continue ma traversĂ©e du Parc, retrouvant cette sensation d’ĂȘtre totalement sortie de la d’imposants massifs proches des 4000 mĂštres au-dessus desquels le soleil tarde Ă  s’élever, je croise un groupe de trois chevreuils, deux mĂąles et une femelle, qui dĂ©talent Ă  toute vitesse Ă  travers les bosquets. Plus bas, dans un village, nouveau camping, nouvelle rencontre. Yoris, originaire de Bruxelles, effectue l’intĂ©gralitĂ© du GR5 et, Ă  la diffĂ©rence de tous ceux rencontrĂ©s derniĂšrement, a dĂ©marrĂ© depuis le Luxembourg dĂ©but juillet ! Le lendemain, au dĂ©part de mon Ă©tape, une gentille dame qui se rend Ă  l’église m’interroge sur mon parcours du jour. Ma journĂ©e commence par 1400 mĂštres de montĂ©e pour rejoindre le col de la VallĂ©e Étroite. Elle me confirme de maniĂšre si charmante que je peux m’attendre Ă  quelques-petits-raidillons » en passant par la-montĂ©e-du-calvaire-qui-porte-bien-son-nom ». EFFECTIVEMENT. Douce France, oui je t’aime, dans la joie ou la douleur
 » NĂ©anmoins, l’effort en vaut largement la peine. 1000 mĂštres plus haut, le paysage s’ouvre en panoramique dans des couleurs splendides, un grand ciel bleu face Ă  moi, le Mont Thabor sur ma droite. De l’autre cĂŽtĂ© du col, des tons plus verts et une descente dans une plaine traversĂ©e par une petite riviĂšre, qui mĂšne au hameau des Granges Étroites. Enclave italienne sur le territoire français, cĂ©dĂ©e Ă  nos voisins au 18eme siĂšcle, puis rĂ©cupĂ©rĂ©e au 20eme, les habitants y sont nĂ©anmoins tous italiens, situation ambiguĂ« mais a priori pacifique pour ce petit morceau de paradis alpin. De retour en vallĂ©e en prĂ©vision d’une dĂ©gradation mĂ©tĂ©o, je me rĂ©veille avec la mĂ©lodie matinale du chant de la riviĂšre de la ClarĂ©e Ă  quelques mĂštres, et de celui des petits oiseaux que je n’avais plus entendu ces derniers temps, peut-ĂȘtre eux aussi planquĂ©s Ă  l’abri dans leurs duvets Ă  l’arrivĂ©e du froid automnal
Le temps brumeux m’incite Ă  rester en bas » aujourd’hui, longeant jusqu’à mon Ă©tape suivante cette mĂȘme jolie riviĂšre aux allures canadiennes. Sans les saumons. Ni les ours. Pas plus mal
 Jeudi 9 septembrePas de mieux cĂŽtĂ© mĂ©tĂ©o, je vois se maintenir pour les deux jours Ă  venir les nuages de pluie sur l’écran de mon tĂ©lĂ©phone. J’en profite pour une pause citadine Ă  Briançon, qui signera mon entrĂ©e dans un parc naturel rĂ©gional qui m’est cher, car il est le premier que j’ai dĂ©couvert dans les Alpes ; le merveilleux Queyras sans prononcer le S pour ne pas heurter les oreilles des locaux
. De lĂ , une quinzaine d’étapes me sĂ©pareront de la PrincipautĂ© MonĂ©gasque, point final de ma traversĂ©e 🙂 Thanks for following ! Samedi 24 juillet Exit l’Autriche pour entrer au Liechtenstein et en ressortir
 24h plus tard ! Vaduz, la capitale de cette toute petite PrincipautĂ©, est surplombĂ©e par son chĂąteau mĂ©diĂ©val dans lequel rĂ©side toujours la famille princiĂšre. Avec ses 5 000 habitants, elle n’offre pas grand intĂ©rĂȘt, en dehors de siĂšges administratifs et financiers. Sans lingots cachĂ©s lĂ -bas pour affronter le niveau de vie qui m’attends juste Ă  cĂŽtĂ©, je continue donc ma route et passe une nouvelle frontiĂšre en longeant le Rhin, sans mĂȘme un panneau ou signe de changement de territoire
 EntrĂ©e en Suisse, sixiĂšme pays de mon pĂ©riple, et premier ne faisant pas partie de l’Union EuropĂ©enne. Retour aux Francs » ! Sargans est la premiĂšre ville que je rejoins. Je m’y pose une journĂ©e pour prĂ©parer mon topo sur l’itinĂ©raire Vert de la Via Alpina, qui me fera traverser une bonne partie du pays, dont 60% est recouvert par les Alpes. DĂ©part matinal vers les hauteurs de la ville, depuis lesquelles le soleil tente une timide percĂ©e Ă  travers la masse nuageuse
 tentative rapidement abandonnĂ©e pour laisser place Ă  une brume bruineuse. Je ressors avec regret mon poncho et son effet sauna, avec double effet kiss cool ; d’un cĂŽtĂ© la pluie qui ruisselle Ă  l’extĂ©rieur, de l’autre la transpiration qui condense Ă  l’intĂ©rieur
 MontĂ©e vers les alpages, mon chemin parsemĂ© de petites maisons typiques et d’exploitations agricoles au-delĂ  desquelles la visibilitĂ© sur les montagnes environnantes est quasi inexistante. Un peu plus loin, je rencontre deux français. L’un n’est lĂ  que pour quelques jours, l’autre suit Ă©galement l’itinĂ©raire Vert. Nous bivouaquons en fin d’aprĂšs-midi prĂšs d’une ferme, les conversations Ă©courtĂ©es par la pluie congĂ©diant chacun Ă  l’abri dans sa tente
 Je les quitte tĂŽt le lendemain matin, profitant d’une accalmie avant le retour de pluies orageuses. J’aurai l’occasion de les recroiser quelques jours plus tard, lors d’une pause dans une petite auberge d’alpage, toujours de chouettes retrouvailles lorsque l’on croise et recroise des randonneurs au long cours. Sur le sentier en direction du col, les roches changent Ă  nouveau, plus foncĂ©es et plus friables, teintĂ©es de gris argentĂ©s et de bleus irisĂ©s qui s’illuminent sous l’effet de l’eau qui les recouvre. Parmi elles, des dizaines de petites salamandres noires ponctuent ma route. En slow motion » dans la fraicheur matinale, tout comme moi. Attendant l’arrivĂ©e des rayons du soleil, tout comme moi. Ma descente dans la vallĂ©e suivante se fait parmi les sapins et les Ă©rables, qui se mĂ©langent et cohabitent sur les flancs escarpĂ©s des chaines montagneuses alentours. Les Alpes sont trĂšs belles ici aussi, exposant nombre de sommets de 3000 Ă  4000 mĂštres et plus. Massives. Imposantes. Presque menaçantes avec leurs reflets noirs quand le temps se couvre. TraversĂ©es par de nombreuses chutes d’eau, abondamment alimentĂ©es durant ces derniers mois. Plus bas, le joli petit village d’Elm ouvre la vue sur ses grandes maisons en bois. Je le traverse au petit matin, savourant la chaleur naissante du soleil dans mon dos aprĂšs une demi-journĂ©e cloitrĂ©e dans ma tente, sous la pluie. De nouveaux orages Ă©tant annoncĂ©s dĂšs midi, je reste en vallĂ©e pour rejoindre mon Ă©tape suivante. Parfois, c’est agrĂ©able pour reposer » les muscles en minimisant les dĂ©nivelĂ©s, tout en profitant de traverser les petits villages pour observer les maisons, les jardins, les dĂ©corations
 et les nombreux animaux domestiques sur mon passage. Pour l’originalitĂ© du jour, j’y verrai mĂȘme un troupeau de lamas sur un flanc de vallĂ©e ! Un peu plus loin, c’est au tour d’un groupe de poneys de croiser mon chemin, en libertĂ© et en file indienne, leur pas dĂ©terminĂ© semblant les mener vers des herbages un peu plus loin. Certains s’arrĂȘtent Ă  ma hauteur pour une gratouille sur le chanfrein. Je prĂ©fĂšre penser qu’ils sont attirĂ©s par mon petit cĂŽtĂ© Brigitte Bardot des montagnes » plutĂŽt que par mon odeur potentiellement proche de la leur aprĂšs ces quelques jours de bivouacs
 ! Parfois, mes Ă©tapes du soir me sortent un peu de mon quotidien montagnard », comme dans ce camping-spot de glisse en bord de lac, oĂč il faut attendre 18h pour monter sa tente devant le local des planches! A Linthal, les conditions pluvieuses m’imposent une journĂ©e d’arrĂȘt. Je dĂ©cide de prendre un train pour aller dormir au bord d’un lac un peu plus au nord, ruminant de ne pas pouvoir marcher aussi rĂ©guliĂšrement que je le souhaiterais. A peine assise dans mon wagon vide, d’humeur aussi maussade que la mĂ©tĂ©o, un vieux monsieur un peu dĂ©braillĂ© mais surtout un peu dĂ©jantĂ© monte et dĂ©cide de s’asseoir face Ă  moi, semblant mettre un point d’honneur Ă  me faire la conversation durant tout le trajet
 Voyant que je ne comprends rien Ă  l’allemand, il me prend pour une amĂ©ricaine du fait de mes rĂ©ponses succinctes en anglais, et me baragouine tout un tas de sujets dans un mĂ©lange anglo-allemand approximatif. Du Wisconsin Ă  l’histoire de la rĂ©gion. De l’alignement des planĂštes Ă  leurs prĂ©visions annuelles, livre Ă  l’appui. Du paysage qui-est-plus-joli-de-ce-cĂŽtĂ©-du-wagon-alors-tu-dois-changer-de-place-pour-mieux-le-voir
 ».Finalement, il me tend trois marrons pour garder-une-bonne-Ă©nergie-dans-tes-jambes-durant-tes-randonnĂ©es-Ă -venir ». Un Ă  mettre dans ma poche gauche, et deux dans ma poche droite, car il-faut-plus-d’énergie-aux-marrons-de-ce-cĂŽtĂ©-pour-aller-jusqu’au-cƓur » ! Bon, au final, je n’ai ni tout compris, ni tout retenu
 Mais, Ă  minima, j’ai eu un bon fou rire intĂ©rieur ! Et puis, je repars avec sa carte de visite ; manuscrite, sur papier quadrillĂ©, mais dĂ©coupĂ©e en bonne et due forme 🙂 JournĂ©e de repos prĂšs du lac Walenstadt. La vue ne se dĂ©couvre qu’en fin de journĂ©e, une fois le gros des averses Ă©vacuĂ©. En contrebas, un voilier, seul, cocotte Ă©phĂ©mĂšre glissant sur le lac qui me laisse enfin entrevoir son bleu-gris. Face Ă  moi, une grande chute d’eau se jette au pied d’un hameau. Quelques rapaces tournoient lentement dans les airs, profitant des courants ascendants. Les hirondelles, elles, fusent et rasent le sol avec leurs plongeons rĂ©pĂ©tĂ©s. Un chat se fige en position de chasse dans un prĂ©, guettant la sortie des mulots. Le lendemain, je reprends mon itinĂ©raire de marche avec une grosse journĂ©e de dĂ©nivelĂ©s, comme quasiment toutes les Ă©tapes Suisses, qui oscillent entre 1200 et 1800m de dĂ©nivelĂ© positif, avec l’identique en nĂ©gatif derriĂšre. Étant donnĂ© l’instabilitĂ© du temps, c’est un challenge quotidien de surveiller l’évolution de la mĂ©tĂ©o et de calculer au mieux mes temps de marche pour passer entre les gouttes, et Ă©viter de me retrouver dans un orage en altitude
Mes journĂ©es dĂ©marrent souvent aux alentours de 6h30, pour ĂȘtre de retour en vallĂ©e ou en lieu abritĂ© en dĂ©but d’aprĂšs-midi, les conditions se dĂ©gradant majoritairement en deuxiĂšme partie de journĂ©e. Heureusement, les sentiers sont en grande majoritĂ© extrĂȘmement bien amĂ©nagĂ©s, les temps de marche prĂ©cisĂ©s d’un point Ă  un autre, les Ă©tapes abritĂ©es rĂ©guliĂšres. La principale difficultĂ© rĂ©side dans l’état des chemins dĂ©trempĂ©s par les prĂ©cipitations, parfois vraiment boueux en alpages, ou glissants dans les pierriers, ce qui augmente les risques de chutes, de blessures, ou tout simplement de pataugeage un peu trop prononcé  Et puis, nouveau challenge Ă  relever. Passage isolĂ©, traversĂ©e pĂ©rilleuse ? Non, non
 je dois prendre une tĂ©lĂ©cabine ! AprĂšs ma phobie des ponts qui, je dois le souligner, s’est nettement amĂ©liorĂ©e, c’est la deuxiĂšme chose vraiment stressante qu’il m’est difficile de rĂ©aliser seule. Mais aujourd’hui, mon temps de marche prĂ©vu vs le timing d’arrivĂ©e des orages ne colle pas, je dois donc trouver le moyen de raccourcir un peu mon heureusement, alors que je suis lĂ , plantĂ©e et confuse devant une toute petite tĂ©lĂ©cabine vintage faite pour deux personnes, sans bureau de paiement car il est au point d’arrivĂ©e en altitude, un autre randonneur du chanteur Dave, il parle parfaitement français et allemand et m’accompagne sur ma montĂ©e, gĂ©rant la communication avec le guichetier tout lĂ -haut. Il ne me chantera pas Vanina » pour me dĂ©tendre durant ces quelques minutes, mais au moins le fait de focuser ma concentration sur notre conversation m’évitera une trop grosse montĂ©e d’angoisse ! Le deuxiĂšme challenge de cette journĂ©e est au passage d’un col, qui n’est pourtant qu’à » 2400m. Moi qui voyais la neige comme un vieux souvenir, il y en a encore quelques bons passages par ici. L’un d’eux m’écarte de ma trace et je me retrouve Ă  escalader pĂ©rilleusement un autre flanc de montagne pour rejoindre mon sentier initial, me mettant bĂȘtement en difficultĂ©. Leçon retenue pour la prochaine fois
 et coup de stress rapidement Ă©vacuĂ© par la beautĂ© du panorama qui s’ouvre sur la vallĂ©e de l’autre cĂŽtĂ©, ainsi que par la petite course contre la montre quotidienne pour avaler les 1300 mĂštres de descente avant d’ĂȘtre rattrapĂ©e par la pluie. Juste le temps d’arriver au camping avant un gros orage de grĂȘle accompagnĂ© de belles rafales de vent, qui me prouve une fois de plus la remarquable rĂ©sistance de ma tente face Ă  ces dĂ©chainements ponctuels
 Ces perturbations sont usantes, et donnent le sentiment lassant de passer plus de temps tapie Ă  l’abri plutĂŽt qu’en haut des montagnes qui, chaque jour, drapent inexorablement leurs courbes dans leurs voiles nuageux. Les tempĂ©ratures en baissent et l’humiditĂ© constante refroidissent le corps, lui imposant de continuer Ă  brĂ»ler son Ă©nergie mĂȘme au repos, et crĂ©ant une sorte de fatigue gĂ©nĂ©rale latente. En mĂȘme temps, c’est prĂ©cisĂ©ment ce que je suis venue chercher. Me confronter au milieu montagnard sur une longue pĂ©riode, le ressentir bien au-delĂ  de mes courtes expĂ©riences estivales prĂ©cĂ©dentes, ou tout paraĂźt idyllique sous le soleil du moment. Ici, la vĂ©ritable maĂźtrise est entre les mains de MĂšre Nature. Les ÉlĂ©ments te rappellent qu’ils sont rois. La Montagne dicte sa loi et te remet Ă  ta place de simple passager. Tu ne peux pas dĂ©cider de tout petit Humain
 Trois jours d’averses continues s’en suivent. A nouveau, ma rĂ©silience est mise Ă  l’épreuve. Re-dĂ©clenchement du budget alĂ©a climatique », je me refugie dans un hĂŽtel douillet pour retrouver un peu de douceur. SĂ©cher et mettre au propre mes affaires. Faire sentir bon mes fringues. Racheter des aliments frais. Luxe, calme et voluptĂ© ». Lundi 2 aoĂ»tLe crĂ©neau mĂ©tĂ©o se lĂšve enfin. DĂ©part dans la fraĂźcheur matinale, rapidement oubliĂ©e avec les 1400 mĂštres de dĂ©nivelĂ©s positifs pour cette premiĂšre partie d’étape. Contente de reprendre ma marche, car aujourd’hui c’est une journĂ©e lacs ». Trois sont prĂ©vus sur mon itinĂ©raire !Dans la forĂȘt, les branches des arbres s’égouttent encore des derniĂšres pluies nocturnes. Le calme est absolu, mis Ă  part quelques timides chants d’oiseaux et quelques Ă©cureuils qui sautillent dans les feuilles mortes Ă  la recherche de leur petit dĂ©jeuner. Je dĂ©passe progressivement les cimes des arbres pour me rapprocher de celles des massifs face Ă  moi. Premier col Ă  1800m, et dĂ©ception devant la dĂ©couverte du premier lac. Ce qui aurait pu ĂȘtre un joli site d’altitude n’a plus grand chose de naturel, dĂ©figurĂ© par les pylĂŽnes et les cĂąbles des remontĂ©es mĂ©caniques, une route bĂ©tonnĂ©e allant d’un Ă©norme hĂŽtel Ă  un restaurant, ponctuĂ© d’un gros parc Ă  jeux bordĂ© de graviers
 pour l’authenticitĂ© vous repasserez ! Je continue pour passer le deuxiĂšme col, le froid ambiant contrastant avec la chaleur dĂ©gagĂ©e par mon corps. Le temps se voile au fur et Ă  mesure de mon ascension. Habituellement, la vue aux cols, c’est la cerise sur le gĂąteau
 Mais lĂ , avec cette purĂ©e de pois, je suis carrĂ©ment privĂ©e de dessert! Seul bourdonne Ă  mes oreilles le bruit des remontĂ©es mĂ©caniques qui rejoignent le gros restaurant d’altitude que je distingue Ă  peine. Heureusement, un peu plus loin dĂ©marre ma descente vers une nouvelle vallĂ©e
 et un nouveau lac, celui-ci bien plus authentique. Pour finir, mon Ă©tape me conduit au bord du troisiĂšme et dernier lac, autour duquel j’avais prĂ©vu de bivouaquer. Le sol est tellement gorgĂ© d’eau partout qu’aprĂšs en avoir fait le tour complet, je finis par me rĂ©signer Ă  aller dormir au chaud et au sec dans une auberge toute proche. Le lendemain matin, seulement 6h30 et 2°C, mais on s’active dĂ©jĂ  par ici
 La traite est finie et les vaches remontent le chemin en direction de leurs alpages. Les Ă©tables finissent d’ĂȘtre nettoyĂ©es. Les tracteurs transportent les cuves de lait. Les premiers pĂȘcheurs sont dĂ©jĂ  en place au bord du lac. Je m’active Ă  marcher pour me rĂ©chauffer, tout en savourant ce moment paisible et privilĂ©giĂ©. La mĂ©lodie des sonnailles rĂ©sonne le long des flancs d’alpages. Tintements plus ou moins lointains, sensation d’un bercement lĂ©ger Ă  mes oreilles, Ă  l’instar des cliquetis sur les mĂąts des bateaux amarrĂ©s dans les ports, mais en version montagnarde. Les vaches sont omniprĂ©sentes dans toutes les montagnes, belles et pacifiques, semblant profiter elles aussi des panoramas quand je les vois couchĂ©es, somnolant devant les sommets enneigĂ©s. Images de carte postale. Je leur adresse souvent un petit mot quand je les croise de tout prĂšs, les remerciant pour les bons fromages que je savoure grĂące Ă  elles au quotidien, ou pour le chocolat au lait rĂ©confortant en cas de coup de mou. Les passages sur les crĂȘtes sont toujours incroyables, d’autant plus durant ces heures ensoleillĂ©es, trop succinctes. Visions vertigineuses Ă  360°. Flancs Ă  pics. Glaciers qui se fondent dans les nuages, mais que l’on semble presque pouvoir toucher du doigt. Marmottes et marmottons, qui, ce jour-lĂ , alertent leurs troupes de la prĂ©sence de deux jeunes renards venus chasser sur leur territoire. En bas, je retrouve avec plaisir François, Via Alpiniste Français dĂ©jĂ  rencontrĂ© deux fois auparavant. Nous patientons 24h en vallĂ©e, attendant le bon crĂ©neau mĂ©tĂ©o pour avancer une journĂ©e ensemble, avant que nos chemins ne bifurquent Ă  nouveau. La nuit venue, dans le camping situĂ© au pied de la face Nord de l’immense Eiger, on peut distinguer le petit point lumineux d’un refuge d’alpinisme, sur la crĂȘte proche de son sommet. Quelques autres minuscules lumiĂšres brillent Ă©galement, certainement celles d’un groupe d’ascensionnistes partis Ă  son assaut. Et puis, rĂ©veillĂ©e en sursaut, je discerne une petite silhouette qui se dessine en ombre chinoise sur l’auvent de ma tente, ainsi qu’un museau pointu qui se glisse sous la toile
 un renard rĂŽde ici toutes les nuits, mais l’histoire ne dira pas s’il a Ă©tĂ© attirĂ© par mon sac de provisions renfermĂ© dans la tente, ou par l’odeur de mes chaussures restĂ©es dehors, qui lui rappellent certainement celle de ses congĂ©nĂšres ! L ’étape du jour valait l’attente des rayons du soleil. Remarquable, non seulement parce que le col porte mon nom Kleine Scheidegg » traduire Petite Scheid » 🙂 , mais surtout car elle passe aux pieds de trois sommets d’alpinisme mythiques l’Eiger, le Mönch et le Jungfrau. EnneigĂ©s et entourĂ©s de glaciers, ces trois gĂ©ants contrastent avec le vert des pĂąturages en contrebas. Mais ils contrastent aussi avec la vĂ©ritable mini ville qui s’étend sous nos yeux, au beau milieu du col. HĂŽtel de luxe. Gros restaurant. Boutique souvenirs. Terrasses et chiliennes
 Mais aussi une gare, dont les trains arrivent depuis les deux vallĂ©es alentours. Et en bonus, un train touristique monte via un tunnel de 7kms Ă  plus de 3400 mĂštres vers le sommet de la Jungfrau, oĂč l’on peut, entre-autres, trouver un palais des glaces, une boutique Lindt ou encore un snow park. DĂ©mesure moderne
 C’est le sentiment globalement contrastĂ© que me donne cette partie de Suisse parcourue. Incontestablement un superbe pays, traversĂ© par une chaine alpine abritant de vĂ©ritables bijoux, mais autour desquels l’atmosphĂšre authentiquement brute et sauvage semble se faire rare. La montagne y est extrĂȘmement civilisĂ©e ». Des hameaux, des habitations, des exploitations sur tous ses flancs. Des hĂŽtels de luxe aux cols les plus touristiques. Des hauteurs en grande majoritĂ© atteignables par bus, train, funiculaire ou tĂ©lĂ©phĂ©rique Ă  l’arrivĂ©e duquel est affichĂ© en 4×3 une publicitĂ© pour la derniĂšre Peugeot 3008
AccessibilitĂ© pour tous et hausse de frĂ©quentation qui posent la question du respect et de la protection de nos espaces naturels, bien souvent mis Ă  mal. La montagne semble ĂȘtre devenue un business plus qu’un sanctuaire Ă  prĂ©server. Dimanche 9 aout ArrivĂ©e dans la paisible petite ville de quelques jours, mon corps s’est un peu ralenti, dĂ©compression inconsciente Ă  l’approche d’une semaine off » aprĂšs les efforts soutenus et les conditions climatiques capricieuses des derniĂšres semaines. Lenk est le point de ralliement familial avec ma mĂšre, mon neveu, l’un de mes frĂšres et son amie, qui arrivent le lendemain pour passer une semaine ensemble en montagne. Chouettes moments de partage avec dĂ©paysement pour les uns, ressourcement pour d’autres ! Au programme ; balades en alpages, dĂ©gustations de fromages, visite de grottes, trotti-bike et accrobranche, escapades citadines Ă  Interlaken et Ă  Lausanne avec les cousins locaux
 Je dĂ©couvre par la mĂȘme occasion un morceau de Suisse Française, moi qui navais jusqu’à prĂ©sent marchĂ© que du cĂŽtĂ© Allemand. Et, pour prĂ©parer la relĂšve des aventuriers familiaux, initiation d’ Antoine, mon neveu, au lever de soleil au-dessus des montagnes
 ainsi qu’aux troupeaux de chĂšvres qui dĂ©boulent en galopant vers nous pour se rendre Ă  la traite ! La semaine se clĂŽture par la visite d’une chocolaterie, car qui croque un morceau de chocolat croque un morceau de bonheur ». Me voilĂ  rassurĂ©e, car avec le nombre de Toblerone avalĂ©s ces derniers temps, j’ai de quoi ĂȘtre sacrĂ©ment heureuse 🙂 Lundi 16 aoutLa familia reprend la route pour une longue traversĂ©e en direction de La Rochelle. De mon cĂŽtĂ©, je me retrouve au milieu de la cosmopolito-chic ville de GenĂšve, impatiente d’aller me perdre Ă  nouveau dans mes montagnes, mais cette fois en compagnie de Marine, l’une de mes meilleures amies, qui dĂ©barque le lendemain Ă  l’aĂ©roport pour quatre jours. Direction la petite ville Suisse de Saint Maurice au sud-est du lac LĂ©man, oĂč Jonathan et Ioessa, un couple d’amis en road trip en Italie, nous rejoignent en surprise de derniĂšre minute pour des potes retrouvailles » ! Nous passons ces quelques jours tous ensemble, et je finis de les convertir au plaisir de la randonnĂ©e en montagne avec deux chouettes itinĂ©raires vers des lacs d’altitude, sous un temps idyllique. En toile de fond, entre autres superbes sommets, le Mont Blanc et les Dents du Midi
 C’est bon de retrouver des tĂȘtes familiĂšres! Partager un apĂ©ro ou plus
. Prendre des nouvelles françaises. Se serrer en camion pour partir Ă  l’aventure. Rire Ă  des blagues nulles. Rire de tout et de rien, tout court. Puis, Jo et Io reprennent leur route, tandis que Marine et moi profitons d’une derniĂšre journĂ©e au bord du lac de Salanfe, avec option auberge, fondue savoyarde et lever de soleil dorĂ© sur les montagnes environnantes. Vendredi 20 aout Partage d’un bout de train, d’une salade et de quelques derniers rires avec Marine, puis je bifurque pour reprendre ma route en solo dans un petit village d’oĂč je rattraperai mon itinĂ©raire initial. Le rechargement des batteries Ă©lectroniques, physiques et mentales est au top aprĂšs ces vacances familiales et amicales. ParĂ©e pour la suite de mon itinĂ©raire vers
 La France !! PlutĂŽt en avance sur mon timing initial que j’avais volontairement prĂ©vu large », cela me laisse un peu de temps pour Ă©tudier les pistes de mon itinĂ©raire jusqu’à Monaco, hĂ©sitant encore entre Via Alpina rouge, GR5, variantes dans les parcs naturels
 ou combo d’un peu tout ça ! Mais, comme le dit si bien notre cher Mike Horn Pour se mettre en marche, il suffit d’avoir 5% de rĂ©ponses Ă  ses questions. Les 95 % restantes viennent le long du chemin. Ceux qui veulent 100% de rĂ©ponses avant de partir restent sur place. » PensĂ©es chaleureuses Ă  tous ceux qui me suivent, de prĂšs ou de loin 🙂 Vendredi 2 juilletNouveau mois, nouveau pays !Je quitte l’Italie et ses inoubliables Dolomites pour retourner cĂŽtĂ© Autrichien. Cette premiĂšre partie de juillet sera marquĂ©e par une note plus citadine, pour rendre visite Ă  des amis qui habitent Ă  proximitĂ© de mon itinĂ©raire. A commencer par Innsbruck, que je rejoins en train pour le week-end. A la sortie de la gare, c’est comme un petit Ă©lectrochoc de me retrouver dans le centre urbain. Moi qui n’ai pas mis les pieds dans une vraie » ville depuis mon dĂ©part fin Mai, tout me semble dĂ©cuplĂ© ; les odeurs, les sons, le bruit de la circulation
 La foule » me fait presque me sentir comme un petit animal sauvage, avec mon look de randonneuse et mon gros sac Ă  dos parmi les citadins flĂąnant dans les rues !Une fois posĂ©e et changĂ©e, je me fonds Ă  mon tour dans la masse pour dĂ©couvrir le centre historique et ses animations. EntourĂ©e par les montagnes Ă  360 degrĂ©s, l’accĂšs facile et rapide Ă  de nombreuses activitĂ©s outdoor participe grandement au charme de la ville. Puis je retrouve Ralf, rencontrĂ© quelques annĂ©es plus tĂŽt en Alaska. A l’époque, je dĂ©marrais tout juste mon bike trip et ajustais encore mon rythme, mes connaissances de voyageuse au long cours et mes habitudes culinaires. Lui, plus que rodĂ©, avait dĂ©jĂ  cumulĂ© de nombreux autres voyages Ă  vĂ©lo, faisait en moyenne le double de kilomĂštres vs mes journĂ©es, et excellait dans la prĂ©paration de ses repas, preuve Ă  l’appui quand il nous avait concoctĂ© un couscous maison improvisĂ© lors d’un bivouac en bord de lac. Cinq ans plus tard
 ça n’a pas changĂ© ! InstallĂ© ici depuis plusieurs annĂ©es, il travaille Ă  l’hĂŽpital, principalement de nuit, rythme qui lui permet de profiter de nombreux jours de rĂ©cupĂ©ration pour s’adonner Ă  ses hobbies. Son goĂ»t pour la cuisine, les sorties ultra sportives et les espaces naturels sont toujours aussi prĂ©sents. Nous partageons Ă  nouveau quelques bons moments, et retrouvons sa petite amie ainsi qu’un autre ami, guide VTT en montagne, pour un dĂ©licieux dĂźner fait maison. Leurs connaissances des alentours me seront une fois de plus prĂ©cieuses pour affiner mes infos de randonnĂ©es Ă  venir
 Une nouvelle semaine dĂ©marre ensuite avec un train qui me reconduit rapidement dans une vallĂ©e proche, au pied de la Via Alpina, dans le petit village de Schwaz. C’est bon de retrouver l’air frais et la quiĂ©tude des montagnes ! Je regrimpe gentiment en altitude vers de nouveaux alpages, qui prennent leurs teintes estivales. Les troupeaux sont de sortie, principalement des vaches dont les sonnailles Ă©gayent les alentours, de temps Ă  autre accompagnĂ©es par les cris des marmottes. Les veaux gambadent et se chamaillent entre eux, tandis que les plus vieilles paissent tranquillement. Ces ados » qui ont parfois une curiositĂ© un peu trop envahissante quand ils s’approchent pour me renifler sur des passages communs Ă©troits
 Un midi, tranquillement installĂ©e pour une pause sĂ©chage de tente » au soleil, un petit groupe ira mĂȘme jusqu’à me faire changer d’endroit aprĂšs qu’ils se soient retrouvĂ©s Ă  prĂšs de dix autour de moi, attirĂ©s par mes toiles Ă©tendues sur l’herbe et allant mĂȘme jusqu’à essayer de les manger ! Tous les refuges sont Ă  prĂ©sent ouverts et ponctuent rĂ©guliĂšrement mon itinĂ©raire, de sorte que je n’ai pas Ă  me poser trop de questions pour mes ravitaillements en eau. La neige ne devrait maintenant plus ĂȘtre une prĂ©occupation, et il est vraiment agrĂ©able de profiter de ces quelques journĂ©es ensoleillĂ©es, sur fond de superbes panoramas. Chaque jour, je ne me lasse pas de cette sensation grisante en me retournant rĂ©guliĂšrement pour apprĂ©cier le chemin parcouru, passant d’un versant Ă  l’autre, d’un massif rocailleux Ă  un alpage, d’une forĂȘt Ă  un abord de riviĂšre. L’importance des petits pas, qui, l’un aprĂšs l’autre, permettent finalement d’escalader toutes ces montagnes. Comme dans la vie. Parfois, on ne distingue pas le chemin sensĂ© nous mener Ă  notre destination, mais inutile de s’en soucier, il suffit de continuer Ă  avancer pour le voir se profiler petit Ă  petit au dĂ©tour de virages, de lacets, de hauts et de bas. Quand les conditions sont bonnes et que de chouettes spots se prĂ©sentent, j’apprĂ©cie aussi particuliĂšrement mes bivouacs sauvages, qui doivent par ici se faire discrets car ils ne sont pas vraiment autorisĂ©s
 Au bord d’un petit torrent, je peux m’accorder mon moment de dĂ©tente girly » en profitant d’une toilette rafraichissante et de fringues presque propres, tout en admirant les couleurs changeantes sur les massifs qui m’entourent, selon la course des nuages et l’humeur de la lumiĂšre environnante. Bonus si, au petit matin, le soleil se lĂšve de mon cĂŽtĂ©, faisant glisser ses teintes orangĂ©es sur les murailles rocheuses, puis me rĂ©chauffant le visage quand il passe au-dessus des barres montagneuses. Simples mais prĂ©cieux instants de plĂ©nitude. La sensation d’ĂȘtre une vraie privilĂ©giĂ©e avec un spectacle unique, rien que pour moi. Puis viens la redescente progressive en vallĂ©e, pour rejoindre une nouvelle petite gare en direction de ma deuxiĂšme visite programmĂ©e MĂŒnich! Mon ressenti Ă  l’arrivĂ©e est le mĂȘme qu’à Innsbruck. Ca sent la ville », et j’ai toujours besoin d’un temps d’adaptation pour dissiper cette sensation brumeuse de retour Ă  la civilisation !Brunehilde dite Bubu !, une de mes plus proches amies, est venue s’y installer pour dix-huit mois avec Xavier, son conjoint, et leurs deux enfants, AĂŻto et Hina. Une semaine de pause citadine chez les Parthenay-Perrois, c’est un peu comme ĂȘtre Ă  la maison, un peu comme ĂȘtre en famille, retrouver des repĂšres coutumiers tout en me plongeant dans leur nouvel environnement. Je dĂ©couvre avec plaisir la ville et le fait que chacun d’entre eux semble s’ĂȘtre rapidement acclimatĂ© Ă  cette nouvelle vie 🙂 La ville est grande, riche et belle, remplie d’histoire. Elle semble agrĂ©able Ă  vivre, car trĂšs verte avec ses grands parcs, ses allĂ©es ombragĂ©es en bord de riviĂšre, son optimisation pour y circuler Ă  vĂ©lo en toute sĂ©curitĂ© 
 on y trouve mĂȘme un spot de surf dans l’hyper-centre ! Le tout agrĂ©mentĂ© de nombreux biergarten », littĂ©ralement jardin Ă  biĂšre », pour ne pas faillir Ă  la rĂ©putation allemande
 La mĂ©tĂ©o est capricieuse mais nous profitons au maximum des crĂ©neaux dĂ©gagĂ©s, bien que les averses fourbes aient rĂ©guliĂšrement le dessus et nous laissent rentrer de nos escapades pĂ©destres ou cyclables douchĂ©s
 Une soirĂ©e Ă  l’Odeonsplatz, l’une des plus belles places de la ville,nous plonge dans l’univers classique et chic d’un concert philarmonique. Anecdote historique, sept ans plus tĂŽt, jour pour jour, nous Ă©tions Bu et moi au concert des Francofolies de La Rochelle
 vieillesse et/ou sagesse qui approchent ?! Dans un autre registre, une de nos sorties me marque particuliĂšrement lorsque nous nous rendons Ă  l’ancien camp de concentration de Dachau, situĂ© tout proche de Munich. ParticuliĂšrement sensible Ă  cette tragĂ©die historique, ce plongeon en rĂ©el » dans le passĂ© des lieux est poignant. Premier camp nazi ouvert en 1933, il renfermait durant ses derniĂšres annĂ©es 32 000 personnes dans des baraquements initialement conçus pour 6000, et ne sera libĂ©rĂ© par l’arrivĂ©e des AmĂ©ricains qu’en avril 1945, comptabilisant plus de 41 000 morts durant sa pĂ©riode d’activité  Aujourd’hui, une grande partie du site a Ă©tĂ© conservĂ©e, entourĂ©e de mĂ©moriaux et de rĂ©trospectives dĂ©taillĂ©es. Le musĂ©e qui retrace l’histoire du camp est riche en documents historiques, tĂ©moignages et photos d’archives glaçantes. Le cƓur serrĂ© et les tripes retournĂ©es, je dois Ă  plusieurs reprise ravaler mes larmes Ă  la vision des horreurs commises dans ces lieux de terreur et de mort. Une surpopulation entassĂ©e dans des conditions dramatiques, subissant maladies et Ă©pidĂ©mies au quotidien, avec, au-delĂ  des travaux forcĂ©s, des punitions brutales, et des exterminations, nombre de sordides expĂ©rimentations effectuĂ©es par les mĂ©decins SS de l’époque. L’occasion de se rappeler que nous, humains, sommes bien la seule espĂšce vivante capable d’infliger de telles atrocitĂ©s Ă  ses semblables
L’occasion Ă©galement de noter qu’à mon sens, Ă  la lecture des actualitĂ©s sur notre situation sanitaire et nos prĂ©occupations prĂ©sentes en France, les parallĂšles faits avec cette Ă©poque n’ont rien de comparable et ne devraient ĂȘtre amalgamĂ©s avec ce dont ces milliers, millions de personnes ont Ă©tĂ© privĂ©s et ont subi durant ces annĂ©es sombres. Mais, sur une touche plus lĂ©gĂšre, aprĂšs ce devoir de mĂ©moire, le devoir est Ă  la cĂ©lĂ©bration de la Vie, avec un timing de sĂ©jour parfait pour fĂȘter les onze ans de mon filleul, autour d’un gĂąteau sur-mesure pour marquer l’évĂ©nement 🙂 DerniĂšre soirĂ©e avant de reboucler mon sac Ă  dos pour la suite de mes pĂ©rĂ©grinations montagnardes
 Merci Ă  vous les aventuriers des villes ! Mercredi 14 juilletTschĂŒĂŒĂŒĂŒs MĂŒnchen ! Bu m’accompagne dans le train qui nous amĂšne deux heures au sud-ouest de la ville, dans un petit village typique du Sud Tyrol Ă  la frontiĂšre Autrichienne. Elle descend quelques arrĂȘts plus tĂŽt que moi, pour faire un repĂ©rage de randonnĂ©e en vue de futures escapades familiales. De mon cĂŽtĂ©, je reprends ma marche dans une atmosphĂšre fraiche et brumeuse qui ne me laissera que peu de rĂ©pit avant de se dĂ©grader. En France, c’est la FĂȘte Nationale. Ici, c’est la FĂȘte de la Pluie, avec option prolongations pour les jours Ă  venir
Une pluie fine s’intensifie progressivement. Le plafond nuageux est gris et bas, la brume descendant rapidement les montagnes jusqu’à les recouvrir entiĂšrement, ne me laissant qu’un brouillard opaque pour seule vue. L’impression Ă©trange que la nuit va tomber en plein milieu de journĂ©e. Un orage Ă©clate, assez bref mais suffisamment impressionnant pour me rappeler ma pauvre vulnĂ©rabilitĂ© de marcheuse, si petite au milieu des Ă©lĂ©ments en rogne. J’avance une demi-heure avec la sensation d’avoir un pommeau de douche au-dessus de la tĂȘte, avant de trouver une petite cabane en bois sous laquelle m’abriter pour laisser passer le gros de l’averse
 et laisser place Ă  cette dĂ©sagrĂ©able sensation glacĂ©e dĂšs lors que mon corps en pause commence Ă  se refroidir. Plusieurs heures de marche me sĂ©parent encore du prochain village, le panorama autour de moi rendu morne et austĂšre par cette pluie continue. Partout, les niveaux des riviĂšres sont au plus haut, leurs courants forts transformĂ©s en eaux marronnasses. L’eau ruisselle de partout ; des cascades, des bords de sentiers, des branches d’arbres
 mais aussi de mon poncho, qui s’écoule sur mon pantalon, qui lui-mĂȘme s’écoule sur mes chaussures
Non, dĂ©cidĂ©ment, danser sous la pluie, ce n’est pas encore pour moi
 SpĂ©ciale dĂ©dicace Ă  Vaness! Malheureusement, les prĂ©visions sont du mĂȘme acabit jusqu’à la fin de la semaine, et vont m’obliger Ă  faire preuve de patience avant de continuer mon chemin. Cinq jours avec la sensation qu’il est 19h toute la journĂ©e. Cinq jours sans voir un coin de ciel bleu. Cinq jours sans savoir Ă  quoi ressemblent les paysages alentours. Impossible d’envisager de retourner sur les sentiers de haute montagne dans ces conditions. J’avance de quelques kilomĂštres en restant en vallĂ©e, et dĂ©clenche le budget alĂ©as climatiques » pour rester Ă  l’hĂŽtel, oĂč, mĂȘme confortablement installĂ©e, les trombes d’eau rĂ©guliĂšres viennent troubler mon sommeil tant certains Ă©pisodes sont violents. A lire les retours d’expĂ©riences d’autres Via Alpinistes sur la communautĂ© facebook, la situation est gĂ©nĂ©rale et tout le monde est Ă  l’arrĂȘt, plus ou moins prolongĂ©. S’adapter aux Ă©lĂ©ments et jongler avec les contraintes mĂ©tĂ©o font aussi partie du jeu, et j’apprends Ă  gĂ©rer mon moral face Ă  l’inactivitĂ©, transformant frustration en abnĂ©gation pour Ă©viter de laisser la brume envahir Ă©galement mon cerveau. A dĂ©faut d’occuper le corps, occuper l’esprit avec le tri des photos, la prĂ©pa de mes topos Ă  venir, la gestion de ma logistique, des tests covid
 et les soirĂ©es Netflix ! Naturellement, les rayons du soleil manquent cruellement. En randonnĂ©e, l’humeur est instinctivement liĂ©e au temps qu’il fait, et il n’est pas si Ă©vident de s’en dĂ©tacher. Mais parfois, il suffit de petits riens pour changer la donne ; une musique sur le MP3, un message reçu, ou un bout de chocolat retrouvĂ© au fond d’un sac ! Finalement, le soleil se dĂ©cide Ă  repointer son nez un lundi, n’en dĂ©plaise Ă  Claude François
 C’est avec une joie de gamine que je le regarde se lever et venir prendre place au-dessus des cimes. Comme si une main invisible avait soulevĂ© le rideau de brumes pour laisser apparaĂźtre un nouveau spectacle, et dĂ©couvrir les silhouettes des massifs alentours totalement masquĂ©es durant ces interminables derniers jours. Cette fois, je reprends vraiment » ma route sous les rayons UV, heureuse de me claquer de nouveaux coups de soleil sur les Ă©paules et les mollets ! Une semaine de marche me sĂ©pare du Liechtenstein, mon prochain tiny pays. J’apprĂ©hende un peu l’état dans lequel je vais retrouver les sentiers d’altitude aprĂšs ces jours diluviens, mais les tempĂ©ratures redevenues estivales et le soleil bien rĂ©installĂ© sĂšchent assez rapidement la majoritĂ© de mon itinĂ©raire. Une semaine de marche avec de belles et longues journĂ©es ensoleillĂ©es, sans une goutte d’eau, sans un orage, quel bonheur ! Mon itinĂ©raire est magnifique jour aprĂšs jour, avec des dĂ©nivelĂ©s progressifs et des balisages impeccables qui rendent ma progression plus fluide. Quelques Ă©tapes montagneuses. Un lever de soleil somptueux aprĂšs une nuit en refuge. Un retour en vallĂ©e Ă  travers plusieurs petits villages authentiques, qui seront les derniers de mon tracĂ© Autrichien. En faisant une Ă©tape camping dans l’un d’entre eux, j’y rencontre Tim, un autre Via Alpiniste Allemand. Bien qu’avec des parcours un peu diffĂ©rents, nous avons dĂ©marrĂ© quasiment en mĂȘme temps et passons la fin de journĂ©e Ă  partager nos expĂ©riences respectives et nos ressentis de marche en solo. Vendredi 23 JuilletVaduz. Liechtenstein. CinquiĂšme pays sur mon parcours. 600 kms parcourus Ă  pied pour 200 heures de marche dĂ©jĂ  huit semaines Ă©coulĂ©es sous les Ă©toiles des Alpes ! Ce deuxiĂšme mois m’a fait avancer dans ma mutation personnelle, Ă  tous les mon corps s’est renforcĂ©, affutĂ©. Mes genoux sont presque au top de leur forme. Mes pieds se sont endurcis. AprĂšs trois changements de chaussures, je suis finalement revenue Ă  ma bonne vieille paire de Meindl, qui semble faire le job le plus optimal. La plupart de mes douleurs ont disparu, et le poids de mon sac Ă  dos me semble chaque jour un peu plus lĂ©ger 🙂 DĂ©lestĂ©e de certaines contraintes physiques, l’adĂ©quation entre corps et esprit s’amĂ©liore. Tous deux communiquent en meilleure harmonie, sorte de dialogue intĂ©rieur et de conciliations rĂ©ciproques pour apprĂ©hender les dĂ©fis quotidiens. Mentalement, ma dĂ©connexion se fait plus profonde. Mon nomadisme plus serein. Ma routine » de marche, d’organisation, et de logistique est maintenant rodĂ©e. J’amĂ©liore petit Ă  petit mon agilitĂ© mentale tout autant que mon agilitĂ© physique, pour Ă©largir mes capacitĂ©s d’adaptation jour aprĂšs jour. Deux mois de prise de hauteur, dĂ©sormais au propre comme au figurĂ©. L’ouverture progressive vers une pĂ©riode de rĂ©flexion plus intime. C’est ce que j’aime dans ce type d’aventure. Ce que je suis venu retrouver, clarifier, faire germer pour mĂ©diter sur mes choix de vie Ă  venir. Le cheminement est aussi bien extĂ©rieur qu’intĂ©rieur. Chaque jour, on peut rester en bas Ă  regarder la montagne en face de soi, pour n’y voir qu’une muraille infranchissable et intimidante. Et on peut aussi prendre le temps d’analyser les chemins possibles pour la gravir, Ă©tape par Ă©tape. Et arriver en haut pour y dĂ©couvrir un nouveau champ des possibles. Les montagnes sont une mise Ă  nu qui incite Ă  la recherche d’authenticitĂ©. Aller explorer plus profondĂ©ment ses ressources secrĂštes. Passer au-delĂ  de l’effort physique, et laisser le mental se poser. Lorsqu’il se clarifie petit Ă  petit, il est plus facile de voir au travers et de laisser jaillir de nouvelles idĂ©es, en confirmer d’anciennes, en abandonner d’autres. L’alternance de moments en solitaire et d’autres Ă  la rencontre d’autrui est Ă©galement idĂ©ale pour moi. Chaque rencontre est unique, et j’ai la conviction que chacune se prĂ©sente sur mon chemin pour une raison prĂ©cise. Qu’elle soit pour quelques instants, quelques jours ou pour un lien Ă  vie. Chacune participe Ă  ma rĂ©flexion personnelle pour continuer Ă  façonner mes piliers de vie en dĂ©couvrant, en Ă©changeant sur la maniĂšre dont chacune gĂšre les leurs. Leur mode de vie. Leurs prioritĂ©s et leur gestion du temps. Leurs joies et leurs difficultĂ©s. Leurs questionnements et les miens
M’inspirer de ces bribes d’expĂ©riences extĂ©rieures qui auront ensuite tout le loisir de venir se confronter Ă  mes aspirations intĂ©rieures. Ralentir pour mieux Ă©couter. Observer pour mieux comprendre. ExpĂ©rimenter pour mieux pour mieux choisir. Tout un programme pour avancer vers ce troisiĂšme mois 🙂 Next step au pays du chocolat
 cap vers la Suisse pour le mois d’Aout ! Jeudi 17 juin Dernier dĂ©part de SlovĂ©nie en direction de la frontiĂšre Autrichienne, pour rejoindre le tracĂ© de la Via Alpina dont je m’étais lĂ©gĂšrement dĂ©calĂ© pour Ă©viter un col enneigĂ©. Une journĂ©e de reprise Ă  rallonge qui commence par quelques dĂ©tours pĂ©nibles, me retrouvant bloquĂ©e Ă  deux reprises par des clĂŽtures d’alpages en barbelĂ©s sur des sentiers d’altitude que j’avais prĂ©vu d’emprunter. Soit
 si l’Autriche rechigne Ă  m’ouvrir sa porte, je passerai par la fenĂȘtre Italienne ! La zone Ă©tant frontaliĂšre entre les trois pays, je rĂ©cupĂšre un peu plus bas une longue piste cyclable qui me fait entrer un peu plus au sud. Comme je regrette mon Surly en voyant tous ces cyclistes me dĂ©passer en toute lĂ©gĂšretĂ©, moi me trainant avec mon gros sac Ă  dos sous un soleil de plomb!CramĂ©e, dans tous les sens du terme, j’arriverai finalement en fin de journĂ©e Ă  la frontiĂšre Autrichienne Ă  l’entrĂ©e du petit village de Thörl, aprĂšs 35kms de marche, et juste Ă  temps pour me mettre Ă  l’abri avant que la pluie ne s’invite
 Le lendemain, le redĂ©marrage est fĂ©brile. Mon corps Ă  peine reposĂ©, mes muscles endoloris et mes mollets rouges. C’est pourtant une grimpette de 1000 mĂštres raide Ă  souhait qui m’attend pour atteindre mes premiers vrais paysages d’altitude, au-delĂ  de 1500 mĂštres. Heureusement pour moi, je profite un peu de la fraicheur ombragĂ©e des bois avant d’accĂ©der aux premiers alpages. Certains passages sont extrĂȘmement raides, me donnant l’impression que les autrichiens ne s’embarrassent pas des sentiers en lacets pour tracer plutĂŽt des raccourcis au droit dans la forĂȘt, m’obligeant parfois Ă  me sĂ©curiser avec les mains tant la pente est abrupte. Je sens les fibres musculaires de mes mollets Ă©tirĂ©es Ă  leur maximum, mes bĂątons fermement ancrĂ©s dans le sol pour m’aider Ă  propulser mes pas, mon cƓur rĂ©sonnant jusque dans mes tempes. Je prends de la hauteur, mais pour l’instant au sens propre uniquement
 ! Par ici, les sentiers semblent trĂšs bien balisĂ©s. Heureusement, car Ă  dĂ©faut, il ne sont pas toujours bien dessinĂ©s, et surtout ne semblent pas du tout l’inverse de certaines jolies portions forestiĂšres, d’autres se transforment en vĂ©ritable parcours du combattant. JonchĂ©es de nombreux sapins morts en travers du chemin, il faut redoubler d’énergie pour escalader les troncs, les contourner, se contorsionner ou ramper pour passer dessous sans y accrocher son sac
 J’y laisserai quelques gouttes de sueur additionnelles, et une belle entaille sous une cuisse en me ratant sur le passage de plusieurs arbres enchevĂȘtrĂ©s
 MalgrĂ© tout, l’arrivĂ©e sur les alpages est un vrai bonheur. L’air est plus frais et la vue s’ouvre sur un panorama montagnard comme je les aime. Par endroit, le sol encore jauni et brĂ»lĂ© traduit la prĂ©sence rĂ©cente de neige, les premiers brins d’herbe commençant Ă  peine Ă  percer. J’avance littĂ©ralement sur la frontiĂšre Italo-Autrichienne, suivant les bornes en pierre qui la matĂ©rialise. Ici aussi, les traces de la seconde guerre mondiale sont bien visibles ; bunkers, postes d’observation, mĂ©moriaux
 Une nouvelle Ă©tape m’amĂšne tardivement jusqu’à un alpage dont les quelques maisons semblent toutes fermĂ©es. Seulement deux tentes sont installĂ©es sur un coin d’herbe plat. Deux français ! Les premiers rencontrĂ©s depuis mon dĂ©part du pays ! François, originaire du Vercors, est Ă©galement parti pour une traversĂ©e intĂ©grale des Alpes. Bernard est venu le rejoindre de GenĂšve pour deux semaines de traversĂ©e Ă  ses cĂŽtĂ©s. Je m’installe avec eux et retrouve le plaisir de bavarder dans ma langue natale
 Au petit matin, rĂ©veillĂ©e par un rayon de lumiĂšre diffus sur la toile de ma tente, je savoure le premier lever de soleil en haute montage depuis mon dĂ©part, qui me rĂ©gale par sa beautĂ© et l’ambiance sereine qui s’en dĂ©gage. Ces instants qui effacent toute la douleur endurĂ©e pour arriver jusque-lĂ  ! Moi et mes compatriotes passerons les deux jours suivants Ă  marcher ensemble dans la joie et la bonne humeur, accompagnĂ©s par vaches et marmottes sur notre passage. Nouvelle Ă©tape, nouvel alpage. Egger Alm », petit hameau typique avec ses jolis chalets en pierres et en bois, ses locaux venus pour le week-end, quelques sportifs et cyclistes de passage. Le tout ambiancĂ© par LE restaurant/bar de Rudi, propriĂ©taire des lieux, qui semble ĂȘtre le point de passage bucolique du coin. Un groupe de VTTistes Autrichiens, dĂ©jĂ  attablĂ©s avant notre arrivĂ©e, enchainent les pintes de biĂšres, chacune d’entre elle entrecoupĂ©e par un shot de digestif
 AmusĂ©s, nous les surveillons d’un Ɠil tout en savourant nos premiers Karntner Nudelns », sortes de gros ravioles garnis qui pourraient Ă©radiquer la faim dans le monde Ă  eux seuls
 InterloquĂ©s par le nombre de tournĂ©es accumulĂ©es par nos voisins, nous trainons Ă  table, curieux de voir dans quel Ă©tat ils vont reprendre la route, eux qui n’ont pas commandĂ© de repas pour Ă©ponger un minimum
 A notre grande surprise, ils remonteront quelques heures plus tard sur leurs vĂ©los sans sourciller et sans un Ă©cart, aprĂšs un dernier petit digestif offert par le patron
 Respect Ă  l’entrainement local!La bonne humeur rĂšgne, le diner partagĂ© avec les conversations d’une autre randonneuse et de quelques locaux. Nous aussi aurons droit Ă  notre tournĂ©e de liqueur de myrtille offerte par Rudi, qui semble mettre un point d’honneur Ă  trinquer avec chaque table de clients 🙂 Autour de nous les vaches paissent en libertĂ©, entretenant les environs, venant boire aux points d’eau du hameau et se frottant sur les murs des maisons. Une petite Ă©table fait la traite sur place et fabrique ses fromages que nous ne manquerons pas de tester! Rudi nous ayant permis de planter nos tentes Ă  cĂŽtĂ© de son auberge, vient la question au moment de se coucher du comment ne pas se faire Ă©craser par l’une d’entre elles pendant la nuit »  Hilare, le voisin nous apporte quelques piquets et un rouleau de clĂŽture pour nous assurer un sommeil plus serein. Ironie du sort, c’est nous qui nous retrouvons parquĂ©s pour la nuit !Blottie dans mon duvet, je m’endors au son des sonnailles, avec la vision du gros nez d’une vache Ă  trois mĂštres de ma tente en jetant un Ɠil par l’entrebĂąillement de ma fenĂȘtre. AprĂšs une Ă©tape matinale dĂ©marrĂ©e Ă  5h pour Ă©viter la chaleur, François et Bernard poursuivent leur route pour rejoindre un sommet cĂŽtĂ© italien, tandis que je m’accorde une pause Ă  Nassfeld, station de ski autrichienne. Mon Ă©nergie est au plus bas et j’ai grand besoin d’une journĂ©e off pour rĂ©flĂ©chir Ă  la suite de mon itinĂ©raire. Les prochaines Ă©tapes de la Via Alpina passent par les crĂȘtes des Alpes Carniques Ă  une altitude Ă©levĂ©e, et je suis de nouveau confrontĂ©e au risque de passages enneigĂ©s sur lesquels je ne veux pas m’engager
. Doute confirmĂ© quelques jours plus tard par les garçons qui m’enverront leurs photos crampons aux pieds ! Un peu frustrĂ©e de ne pas pouvoir suivre mon itinĂ©raire planifiĂ©. Un peu dĂ©sabusĂ©e de devoir Ă  nouveau trouver un plan B sans avoir de cartes et avec peu d’infos Ă  disposition. Et un peu dubitative sur mon corps qui me lance quelques alertes. La contrainte physique de la marche avec un sac Ă  dos chargĂ© pour l’autonomie est forte, bien plus forte qu’en voyage Ă  vĂ©lo. Je fatigue de plus en plus vite et peine Ă  retrouver 100% de ma forme pour avancer facilement ». Chaque bobo ou douleur anodins lors d’une marche ponctuelle ont des rĂ©percussions sur des jours de marche cumulĂ©s, crĂ©ant des effets rebonds en cascade ; un genou qui tire et ce sont les ligaments de la jambe opposĂ©e qui trinquent. Une ampoule sous le talon qui modifie les appuis et c’est l’autre pied qui compense
 Mon pied gauche s’inflamme de plus en plus, provoquant des douleurs du dessus des orteils en passant par la voute plantaire jusqu’au talon d’Achille, et me lançant des dĂ©charges Ă©lectriques en fin de journĂ©e qui viennent me titiller jusque dans mon duvet alors que l’heure du repos salvateur approche. Alors je rĂ©apprends le lĂącher prise, et fais Ă©voluer mes plans initiaux pour en crĂ©er de nouveaux au jour le jour. En fonction de la mĂ©tĂ©o. De la forme physique. Du moral. Des rencontres. Des infos glanĂ©es sur ma route. Et cela fonctionne plutĂŽt bien 
! Les bonnes surprises, les bonnes personnes et les petites synchronicitĂ©s quotidiennes s’enchainent, preuves que mon instinct me guide sur le bon chemin. Je m’écoute plus et mieux. A commencer par ma rencontre avec Annette, une Allemande qui parle un excellent français et sĂ©journe Ă©galement dans la maison d’hĂŽtes oĂč j’ai pris une journĂ©e de repos. Nous partageons quelques bons moments ensemble, durant lesquels elle m’accompagne pour trouver les cartes dont j’ai besoin, puis pour une aprĂšs-midi chill au bord d’un lac et enfin pour un bon diner dans un restaurant typique. Nos hĂŽtes ont Ă©galement une petite ferme dans la continuitĂ© de leur jolie maison, derriĂšre un jardin potager exemplaire dans lequel je vais flĂąner en compagnie de leurs chiens. Une belle dĂ©couverte et un vrai repos qui tombent Ă  pic ! Finalement, je dĂ©cide de faire un saut de cent kilomĂštres en train pour allĂ©ger mon rythme sur les jours Ă  venir et me rendre directement dans le Nord des Dolomites, en zappant la deuxiĂšme partie des Alpes Carniques encore partiellement enneigĂ©es. J’ai Ă  cƓur de passer du temps dans cette rĂ©gion montagnarde mythique situĂ©e dans le Sud Tyrol, et je ne vais pas ĂȘtre déçue! Les Dolomites sont un bijou, souvent surnommĂ©es Ă  juste titre le joyau des Alpes ». PrĂšs de 142 000 hectares sur lesquels sont rĂ©partis 18 sommets de plus de 3000 mĂštres, vĂ©ritables murailles verticales au sein de massifs qui regorgent de spĂ©cificitĂ©s gĂ©ologiques toutes plus belles les unes que les autres. ExtrĂȘmement touristique en Ă©tĂ©, j’ai la chance d’y ĂȘtre encore en demi saison, ce qui me laisse le temps d’explorer plutĂŽt sereinement les endroits les plus prisĂ©s en dĂ©but de journĂ©e. Je profite du rĂ©seau organisĂ© de navettes au sein du parc pour randonner en Ă©toile » Ă  la journĂ©e, laissant ma tente plantĂ©e en camping. Quel bonheur de retrouver la lĂ©gĂšretĂ© de crapahuter avec Ă  peine quelques kilos sur le dos ! Je sens mon corps regagner toutes ses forces jour aprĂšs jour, avec la presque sensation de pouvoir parcourir les sentiers en mode trail
 Je n’aurai pas assez de superlatifs pour dĂ©crire les merveilles de ces lieux, qui mĂ©ritent haut la main leur place au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Ici, tous les panoramas sont scĂ©niques. Chaque massif a sa propre singularitĂ©. Leurs envergures imposantes s’étirent, ciselĂ©es, bien au-delĂ  des cimes des sapins, laissant place Ă  des ambiances minĂ©rales incroyables. L’eau y est aussi omniprĂ©sente, entre lacs, riviĂšres et cascades. Et puis la neige, toujours lĂ  Ă©galement sur certains itinĂ©raires, notamment sur les faces exposĂ©es au Nord. Le Lago Di Braies m’offre ses superbes lumiĂšres matinales, et sa vision Ă  360° tout simplement Ă  couper le souffle. Deux truites longent le bord de la rive Ă  mes cĂŽtĂ©s avant de rejoindre d’un coup de nageoire les eaux bleutĂ©es plus profondes. Elles font partie des quelques espĂšces de poissons protĂ©gĂ©es par ici. Un peu plus loin, un champ de cairns tranche sur le bleu-vert du lac, petites pyramides de pierres initialement utilisĂ©es en montagne pour marquer les sentiers non balisĂ©s. Le lendemain, c’est le sommet du Mont Specie Ă  2307m qui m’en met plein la vue, avec sa vue plongeante sur tous les massifs alentours, incluant les Tre Cime, emblĂšme du Parc. En fin de journĂ©e ou en soirĂ©e, les orages rĂ©guliers offrent eux des festivals d’éclairs et de coups de tonnerres qui roulent le long des montagnes alentour. Une ambiance façon home cinĂ©ma », leur rĂ©sonnance allant parfois jusqu’à faire vibrer le sol autour de moi. Heureusement, au petit matin, la lumiĂšre revient, et les premiers rayons du soleil m’accompagnent dans chacune de mes marches, perçant Ă  travers les sapins et faisant s’évaporer les brumes. AprĂšs quelques jours passĂ©s au nord du parc, je fixe mon deuxiĂšme QG Ă  Cortina d’Ampezzo, ville idĂ©ale pour sillonner les alentours. J’y arrive en dĂ©but de week-end, durant lequel se dĂ©roule un ultra-trail avec plus de 3000 coureurs attendus. L’ambiance dans la ville est Ă©lectrique ! A 23h le soir, bien au chaud et Ă  l’abri, les muscles au repos, c’est avec une pensĂ©e compatissante que j’entends rĂ©sonner le dĂ©part pour la plus grande boucle
 de 120kms. Chaque journĂ©e qui passe est une succession de cartes postales au travers des diffĂ©rentes randonnĂ©es que l’on me conseille
 Et puis les bonnes surprises continuent, avec François sur qui je retombe par surprise dans le mĂȘme camping que moi une fin d’aprĂšs-midi ! Sa traversĂ©e Carnique avec Bernard est terminĂ©e, et il s’accorde un peu de repos Ă  Cortina en attendant l’arrivĂ©e de son prochain partenaire de lendemain, c’est Benjamin, un SlovĂšne rencontrĂ© quelques temps plus tĂŽt Ă  Tolmin, qui me rejoint pour quelques jours d’exploration dans la rĂ©gion. Nous enchainons les randonnĂ©es dans des dĂ©cors de plus en minĂ©raux Ă  mesure que nous montons en altitude, jonglant avec la mĂ©tĂ©o orageuse. Un bivouac au pied des Cinque Torri nous offrira un superbe coucher de soleil rougeoyant derriĂšre les montagnes, suivi d’une longue sĂ©rie d’éclairs lumineux tranchant au travers des nuages, mais cette fois sans le son, visuel muet d’un orage dans les vallĂ©es lointaines. Vendredi 2 juilletRevigorĂ©e aprĂšs ces dix jours de randonnĂ©es lĂ©gĂšres » dans de tels paysages, tous mes voyants sont au vert, prĂȘte Ă  reprendre ma route pour ce deuxiĂšme mois de marche 🙂 L’Aventure peut continuer ! SAMEDI 5 JUINTout juste une semaine que j’ai posĂ© mes premiers pas sur la Via Alpina. AprĂšs un peu de repos dans la petite ville d’Idrija, me voilĂ  repartie en direction du Parc National du Triglav. DĂ©marrage matinal par un petit sentier raide et Ă©troit Ă  travers les maisons perchĂ©es en hauteur de la ville, pour rejoindre l’entrĂ©e de la forĂȘt. Mes pas se font feutrĂ©s sur le sol moelleux, mĂ©lange de terre et d’humus. La fraĂźcheur du sous-bois est agrĂ©able, et contraste rapidement avec ma tempĂ©rature corporelle qui monte en flĂšche. Les arbres par ici sont immenses et protecteurs, l’ambiance y est particuliĂšrement apaisante, enveloppante. Ma prĂ©sence ne semble pas troubler la vie animale matinale qui suit son cours. J’y entends le chant familier du coucou parmi les pĂ©piements des nombreux autres oiseaux. Le cri d’un chevreuil, qui se fera rĂ©gulier durant les jours Ă  venir, et qui me fait sourire toute seule en me remĂ©morant ma premiĂšre dĂ©couverte nocturne. Et puis, pour la premiĂšre fois, de petits bruits de pas qui approchent juste en contrebas, Ă  quelques mĂštres de mon sentier. CachĂ©e par un gros tronc d’arbre, ils ne m’ont ni vu ni senti. C’est un, puis deux, trois et quatre chamois qui passent tranquillement en file indienne. Une premiĂšre pour moi de les admirer dans les bois, sans les voir dĂ©taler Ă  toute vitesse comme Ă  leur habitude. A l’orĂ©e de la forĂȘt, un panorama tout en rondeur se dessine, les montagnes gris-brun du Triglav Ă  peine visibles dans le brouillard lointain. Dans les vallĂ©es, on fait les foins. Les tracteurs sont de sortie et les familles participent, toutes gĂ©nĂ©rations balisage des sentiers lui, n’est toujours pas au top. Certains passages non entretenus sont tellement en herbe que sans mon tĂ©lĂ©phone, je ne remarquerais mĂȘme pas leur trace ! Je profite du temps ensoleillĂ© et de mon taux d’énergie encore honorable pour une journĂ©e de marche Ă  rallonge, la mĂ©tĂ©o prĂ©voyant une dĂ©gradation dans les jours Ă  venir. Les fins d’aprĂšs-midi sont souvent propices Ă  l’observation d’une faune spĂ©cifique, comme un petit renard dorĂ© qui m’apparaĂźt alors que je suis Ă  la recherche de mon lieu de bivouac. Pas le temps de rĂ©gler l’appareil photo qu’il a dĂ©jĂ  filĂ© dans les sous-bois
 Finalement, Ă  force de tourner sans rĂ©ussir Ă  trouver un endroit suffisamment plat pour ma tente, j’avance jusqu’au village le plus proche et demande Ă  un vieux couple de slovĂšnes l’autorisation de camper derriĂšre leur jardin, le long d’une petite riviĂšre. Au petit matin, j’aurai le droit en bonus au cafĂ© et aux barres chocolat-caramel. RĂ©confort simple mais apprĂ©ciĂ© aprĂšs une premiĂšre nuit de fortes pluies, qui me laissent d’humeur
 maussade. Toutes mes affaires sont humides, la tente est repliĂ©e encore trempĂ©e dans sa housse. Une grosse journĂ©e de marche et de nouvelles averses sont au programme, je ne prĂ©fĂšre donc pas trainer. Pas assez dormi. Pas assez mangĂ©. Pas assez d’énergie. RĂ©sultat, mon corps se traine et peine Ă  avancer pour Ă©chapper Ă  la pluie. Mes mains moites glissent sur mes bĂątons de marche, mĂ©lange de sueur et d’humiditĂ© ambiante. Le plafond nuageux est bas et recouvre la cime des arbres. C’est vers lui que je dois pourtant me diriger pour grimper dans la forĂȘt et passer sur le versant de l’autre cĂŽtĂ©. C’est pĂ©nible, mais en mĂȘme temps tellement beau. La brume sur le sentier créé une ambiance presque mystique. Je n’ai pas rĂ©ussi Ă  joindre le refuge prĂ©vu sur ma route pour m’assurer de son ouverture, et me prĂ©pare donc Ă  une rallonge d’une heure de marche pour accĂ©der au village le plus proche, quand mon ange gardien se dĂ©cide Ă  m’apporter un coup de pouce. En haut du versant, je rencontre une dame venue rendre visite Ă  ses parents, qui me propose de m’avancer sur ma route. Elle connaĂźt la SlovĂ©nie comme sa poche, et est aussi heureuse de me donner ses infos que moi de les recevoir. Trente minutes confortablement assise Ă  ses cĂŽtĂ©s sur les petites routes sinueuses menant Ă  Zgornja Sorica m’offrent de prĂ©cieux conseils, et l’esquisse de mon tracĂ© pour la semaine Ă  venir, encore incertain jusqu’alors. Son fils, grimpeur, nous confirme par tĂ©lĂ©phone que l’itinĂ©raire d’altitude via le Triglav n’est pas encore accessible car trop enneigĂ©. DĂ©cision prise, je contournerai donc le massif par le Sud, en empruntant un itinĂ©raire dont j’ai dĂ©jĂ  entendu parler plusieurs fois du fait de sa beautĂ© ; celui de la Soča VallĂ©e. A peine le temps de poser mon sac dans l’hĂŽtel prĂšs duquel cette adorable dame m’a dĂ©posĂ© qu’une averse se remet Ă  tomber. La pluie est mon point faible, et ma rĂ©sistance morale face Ă  elle ne lui arrive pas Ă  la cheville. Je me tapis donc dans la chaleur d’une chambre transformĂ©e en campement de sĂ©chage. L’eau chaude de la douche et le lit douillet sont mes rĂ©conforts pour cette deuxiĂšme partie de journĂ©e au calme. Nuit rĂ©paratrice, le tintement des gouttes de pluie Ă©tant bien plus sympa Ă  Ă©couter sur les vitres de ma chambre que sur ma toile de tente
 Le lendemain matin, mon premier petit dĂ©j de luxe m’est servi sur fond de musique lounge slovĂšne. Par la fenĂȘtre, une petite pluie fine, et la moitiĂ© de la vallĂ©e recouverte par le brouillard. Ma motivation est lĂ , face Ă  moi, affalĂ©e sur les coussins moelleux ; T’es sĂ©rieuse lĂ ? Tu vas vraiment nous claquer 25 bornes et 1000 mĂštres de dĂ©nivelĂ©s dans la forĂȘt ?! ». Mon genou droit prend son parti. Mon petit orteil gauche et sa grosse ampoule aussi. Finalement, le compromis physico-mental est trouvĂ© on sort, mais on reste proche d’une petite route et, si ça se dĂ©grade de trop, on finit en mode stop
 J’enfile mon sac Ă  dos devant l’hĂŽtel, au moment oĂč un petit rayon de soleil perce Ă  travers les nuages, comme pour me dire ; Aller file, ça va aller! ». Je me remets en route, le bas de mon pantalon rapidement trempĂ© par les herbes, regardant oĂč je mets les pieds pour Ă©viter escargots et limaces. En haut de la colline, le temps paraĂźt se dĂ©couvrir un peu, instant Ă©phĂ©mĂšre de plĂ©nitude. C’est si beau, si calme. Mon MP3 dans une oreille, j’avance d’un bon pas pour arriver en dĂ©but d’aprĂšs-midi Ă  mon Ă©tape suivante, pour tenter d’éviter au maximum les averses orageuses, souvent annoncĂ©es en deuxiĂšme partie de journĂ©e. Sur ma route, je rencontre Rodolphe, le propriĂ©taire du refuge que j’avais tentĂ© de contacter la veille. Le tĂ©lĂ©phone arabe montagnard Ă  fait le job, et il sait dĂ©jĂ  que je suis la française qui randonne sur la Via Alpina. SincĂšrement rassurĂ© de me voir ici, il l’est encore plus quand je lui prĂ©cise que je redescends vers la Soča. Il m’apprend qu’ Anne Caroline, l’Allemande rencontrĂ©e quelques jours plus tĂŽt, a continuĂ© sur l’itinĂ©raire d’altitude malgrĂ© ses mises en gardes, et a Ă©tĂ© transportĂ©e Ă  l’hĂŽpital suite Ă  un accident plus haut. D’autres allemands ayant Ă©galement voulu prendre cette option se sont retrouvĂ©s coincĂ©s dans la neige et ont dĂ» ĂȘtre hĂ©liportĂ©s
 Rodolphe me souhaite bonne route en me bĂ©nissant d’un geste de la main. Ces rencontres locales sont de prĂ©cieux cadeaux, qui peuvent changer du tout au tout le cours d’une aventure, et j’ai Ă  cƓur de prendre en compte chacune de leurs informations. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je suis marquĂ©e par la bienveillance des habitants, qui tiennent rĂ©guliĂšrement Ă  m’indiquer ma direction. Un vieux monsieur ira mĂȘme jusqu’à m’accompagner pendant prĂšs d’un kilomĂštre avec ses savates pour me montrer le sentier oĂč bifurquer !En redescendant dans la vallĂ©e, je suis principalement une petite route d’asphalte. Peu agrĂ©able pour marcher, elle Ă©chauffe les pieds, ravive les ampoules et rĂ©sonne dans les articulations, mais a l’avantage d’ĂȘtre une option sĂ©cure en cas de gros grain, des auberges se prĂ©sentant rĂ©guliĂšrement sur mon chemin. Le temps est lourd et orageux, allĂ©gĂ© de temps en temps par la fraicheur de petites cascades et d’une riviĂšre dans laquelle je peux plonger mes pieds brulants. Et puis, de temps Ă  autre, entre deux bouchĂ©es d’herbe, de curieux spectateurs relĂšvent le nez pour surveiller mon passage. Finalement je ne m’en sors pas si mal, et fais Ă©tape dans une petite auberge traditionnelle. Le patron, d’une grande gentillesse, me raconte l’histoire des lieux en m’offrant une coupe de glace aprĂšs ma pizza rassasiante. Cela fait plus de 100 ans que l’affaire se transmet de pĂšre en fils, depuis la crĂ©ation du village durant la construction du chemin de fer transalpin entre la SlovĂ©nie et l’Autriche. Le lendemain, ma descente se poursuit vers Tolmin. Les conditions mĂ©tĂ©o sont moins pire qu’annoncĂ©es, et c’est avec joie que je marche sous un grand soleil. Mon corps commence Ă  se rĂ©guler, il fonctionne mieux et plus longtemps avec moins de nourriture. Mes muscles et mes genoux se renforcent progressivement, les courbatures s’estompent plus rapidement. Et c’est lĂ , Ă  travers les arbres et leurs branches feuillues que je l’aperçois pour la premiĂšre fois la riviĂšre Soča. Superbe ligne bleue translucide qui sillonne Ă  travers les grandes Ă©tendues vertes. Quelques parapentes sont en vol au-dessus d’elle, la vue de lĂ -haut doit ĂȘtre encore plus incroyable. Mon itinĂ©raire me fera remonter son cours durant les prochains jours, son tumulte en bruit de fond. Parfois Ă  effleurer son bord, parfois un peu plus haut dans la forĂȘt, son grondement devenant murmure. TracĂ© qui me mettra Ă©galement Ă  l’épreuve face Ă  ma phobie des ponts, en traversant nombre de passerelles en bois. De celles qui tanguent et rebondissent sous le poids de mes pas, avec leurs planches craquantes Ă  certains endroits
 Mais cette difficultĂ© n’est rien comparĂ©e Ă  la beautĂ© de la marche. Les couleurs paraissent irrĂ©elles, les contrastes avec les montagnes environnantes renforcĂ©s par le temps orageux, Ă©voluant au fil de la journĂ©e dans une ambiance magique. A Kobarid, petit commune marquĂ©e par l’histoire de la premiĂšre guerre mondiale, on trouve de nombreux vestiges historiques, dont un immense ossuaire italien bĂąti autour d’une Ă©glise, recueillant les restes de plus de 7000 soldats morts durant les affrontements contre l’empire austro-hongrois. Aux alentours, la forĂȘt que je parcours est traversĂ©e par des cours d’eau et des cascades dans une atmosphĂšre enchantĂ©e. Tellement enchantĂ©e que je ne serai pas surprise d’y voir sortir un elfe pour me serrer la main!Des parois sculptĂ©es par l’érosion de l’eau. Des rochers recouverts de mousse et parsemĂ©s de fleurs lĂ©gĂšres. Des sentiers aux racines apparentes des grands arbres qui se referment au-dessus de moi en un toit feuillu. Une fraicheur humide et un grondement continu, dont on ne sait parfois pas s’il s’agit de la riviĂšre ou du tonnerre au loin. Mon passage Ă  Bovec puis Ă  Trenta, ainsi que l’arrivĂ©e du week-end, me fait croiser plus de monde dans ces lieux touristiques. Les bonjours ne sont plus slovĂšnes, mais principalement allemands. J’envie parfois les quelques personnes croisĂ©es sur mon sentier, avec leurs minis sacs Ă  dos et l’odeur de lessive de leurs fringues propres! Le village suivant, Kranjska Gora, est une station de ski, animĂ©e par les activitĂ©s outdoor proposĂ©es aux alentours. Il s’agit de ma derniĂšre Ă©tape slovĂšne avant mon passage en Autriche. Je ressens le besoin d’un peu de repos aprĂšs ces deux premiĂšres semaines cumulant 75h de marche, et puis je suis triste Ă  l’idĂ©e de devoir dĂ©jĂ  quitter ce petit pays. De l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, des refuges d’altitude sont encore fermĂ©s et la neige reste prĂ©sente sur certains tronçons de mes passages prĂ©vus. Je ne suis donc pas pressĂ©e et dĂ©cide de m’accorder un bonus de luxe en louant une voiture pour trois jours de road trip, histoire de laisser un temps de rĂ©paration supplĂ©mentaire Ă  mes pieds, et d’offrir Ă  mes yeux une dose d’émerveillements slovĂšnes additionnelle 🙂 Trois jours qui vont dĂ©finitivement finir de me faire tomber amoureuse de la SlovĂ©nie. A commencer par le lac de Bled, le plus cĂ©lĂšbre. Un look de carte postale avec son chĂąteau en contrehaut et son Ă©glise perchĂ©e sur une petite Ăźle centrale. Son eau bleue invite Ă  la baignade, tout du moins au trempage de pieds
 Puis, en avançant vers l’Est, je dĂ©couvre une rĂ©gion plus agricole et maraichĂšre, regroupant notamment d’immenses champs de houblons qui s’étendent de part et d’autre de ma route. J’apprends que la SlovĂ©nie en est l’un des plus gros producteurs au monde, avis aux amateurs de biĂšre ! Proche de l’extrĂ©mitĂ© Est, c’est le petit village pittoresque de Ptuj. Lui aussi a son chĂąteau qui le domine, entourĂ© de bĂątiments historiques colorĂ©s et Ă©lĂ©gants. Une journĂ©e Ă  gambader dans la superbe capitale Ljubljana, Ă  l’image du reste du pays mais en version citadine pleine de charme et d’histoire, remplie d’une douce et jeune Ă©nergie. Ma ballade est accompagnĂ©e par le son des Ă©tudiants du Conservatoire, qui rĂ©pĂštent un concert classique en plein centre, remplissant l’atmosphĂšre de leurs talents musicaux. Puis, retour Ă  la nature avec une escale au lac Bohinj, le plus grand de SlovĂ©nie. Ici aussi des couleurs et une atmosphĂšre incroyables, qui invitent Ă  la contemplation. L’eau est cristalline, on y voit virevolter toutes sortes de poissons. Et pour finir, une parenthĂšse au lac de Jasna, proche de ma ville de dĂ©part, avec son panorama de rĂȘve devant les montagnes du Triglav. MERCREDI 16 JUINLes clĂ©s de la voiture sont rendues. Les fringues sont lavĂ©es. Le ravitaillement est prĂȘt. Le topo au clair pour les prochains jours. Demain, je renfilerai mon sac Ă  dos pour rejoindre la frontiĂšre Autrichienne. Adieu Alpes Juliennes. Bonjour Alpes Carniques. C’est avec Ă©motion que je quitte la SlovĂ©nie. Je ne connaissais rien d’elle avant d’y poser les pieds. Mais, comme pour l’Alaska, l’évocation de son nom avait rĂ©sonnĂ© en moi, et la magie des lieux dĂ©couverts par ici a confirmĂ© cette pour ce pays green dans tous les sens du terme, qui matche avec mes idĂ©aux de style de vie. Au-delĂ  de ses contrĂ©es verdoyantes, pas un papier par terre en trois semaines, pas un dĂ©chet qui traine, ni en forĂȘt, ni en campagne, ni en ville. Un respect naturel de l’environnement, auquel les habitants sont intrinsĂšquement connectĂ©s. Une discrĂ©tion et une authenticitĂ© palpables. Gratitude envers les femmes et les hommes croisĂ©s sur mon chemin, qui font le charme de l’aventure autant que celui des paysages traversĂ©s. Un accueil simple et bienveillant, des locaux qui respirent la gentillesse. DĂ©sormais, en fermant les yeux, la prononciation du mot SlovĂ©nie » s’accompagnera de prĂ©cieuses images, inoubliables souvenirs de cette premiĂšre partie d’aventure. Une pensĂ©e pour ceux qui me suivent, merci pour vos petits mots qui m’accompagnent chaleureusement tout au long de mes journĂ©es 😉 Samedi 29 MaiEn ce dĂ©but de matinĂ©e, j’embarque sur un petit ferry direction Muggia. Une traversĂ©e d’une trentaine de minutes qui longe le port de commerce de Trieste et m’amĂšne au point de dĂ©part de ma Via Alpina. Petite commune organisĂ©e autour de son port, ses ruelles ont un charme traditionnel et authentique. Quelques embarcations modestes, certaines aux peintures Ă©limĂ©es, aussi Ă©limĂ©es que l’un des propriĂ©taires qui bricole Ă  bord. Des boutiques Ă  l’allure un peu dĂ©suĂštes. Des maisons et des courettes en pierres colorĂ©es et fleuries. L’arrivĂ©e du week-end se fait sentir, les rues s’animent peu Ă  peu. Je constate avec dĂ©pit que l’office de tourisme est fermĂ©e. Je ne pourrai donc compter que sur mon tĂ©lĂ©phone pour dĂ©marrer, sans carte papier en back-up ni infos mĂ©tĂ©o prĂ©cises. Le dĂ©but de mon itinĂ©raire grimpe dans les hauteurs du village pour rejoindre le petit hameau de Santa Barbara CaTeBarbera, chanson de la sĂ©rie parodie des inconnus toute la matinĂ©e dans la tĂȘte
!. Un air printanier flotte avec ses odeurs de chĂšvrefeuille et de fleurs fraiches. Des glycines, de belles villas, un chat qui me surveille vautrĂ© sur son muret, quelques chiens qui aboient Ă  mon passage. Le ciel voilĂ© du matin fait progressivement place Ă  un beau soleil, la casquette et la crĂšme solaire sont en place. Je rejoins ensuite un petit chemin arborĂ© qui ouvre de temps Ă  autre une vue dĂ©gagĂ©e sur le Golfe, et marche avec la mĂ©lodie des petits oiseaux, des tondeuses et des Ciao » chaleureux des gens qui s’affairent dans leurs jardins. L’ambiance de la deuxiĂšme partie d’aprĂšs-midi sera moins lĂ©gĂšre, en oscillant sur la bordure italo-slovĂšne. La signalĂ©tique devient double, et mon opĂ©rateur de tĂ©lĂ©phone m’envoie rĂ©guliĂšrement des messages me souhaitant la bienvenue dans l’un ou l’autre des deux pays. Au dĂ©marrage d’une piste grossiĂšrement dĂ©boisĂ©e par des machines puis s’enfonçant progressivement dans la forĂȘt, quelques affaires trainent par-ci, par-lĂ  ; couvertures, sweat-shirts, gants, bouteilles vides
 je commence par mettre cela sur le compte des agents forestiers qui doivent Ɠuvrer dans le coin, mais mon ressenti se fait de plus en plus Ă©trange, et une inexplicable sensation d’apprĂ©hension prend place. Et puis, les vĂȘtements se multiplient au bord de ma route et deviennent un, puis deux, puis trois, jusqu’à dix campements de fortune. Me revient alors d’un coup en tĂȘte que la zone est un passage d’immigration clandestine
 Effectivement, il s’agit de l’une des principales voies d’entrĂ©es depuis la route des Balkans, en direction de l’Italie et de l’Europe de l’Ouest, pour des migrants venus des pays de l’Est ou de l’Afrique du Nord. Sujets Ă©pineux entre les diffĂ©rents pays concernĂ©s, oĂč les polices locales organisent des campagnes de surveillance et de recherches pour tenter de limiter ces entrĂ©es illĂ©gales sur leurs territoires. L’Italie est notamment accusĂ©e de renvoyer des migrants vers la zone SlovĂšne de maniĂšre informelle », qui sont ensuite repoussĂ©s en chaine plus Ă  l’Est, hors de la zone UE. De nombreux migrants se terrent ainsi en se cachant dans les forĂȘts pour Ă©viter les autoritĂ©s et tenter de percer leur route. C’est la premiĂšre fois que je suis confrontĂ©e si directement Ă  ce type de situation, que je n’avais absolument pas anticipĂ©. En Ă©tant aussi isolĂ©e avec mon gros sac sur le dos et aucune connaissance des risques potentiels d’une rencontre fortuite, c’est dĂ©concertant de voir comme le cerveau dĂ©clenche instantanĂ©ment un instinct de protection, et allume une alarme rouge ordonnant d’ajuster sa le pas, et, quelques kilomĂštres plus tard et une bifurcation par un sentier en bordure de village, je suis soulagĂ©e d’arriver Ă  ma premiĂšre Ă©tape Refugio Premuda ». Le refuge » n’est au final qu’un genre de guinguette d’étape au bout d’un hameau, qui ne propose pas de lits et ne sert qu’à l’extĂ©rieur, mais accepte que je pose ma tente sur un petit bout d’herbe un peu abritĂ© Ă  proximitĂ©. Exit le bivouac en pleine forĂȘt par ici aprĂšs mon expĂ©rience trouble du jour !Je m’installe en mĂȘme temps que l’arrivĂ©e de grosses rafales de vent. Moi qui pensais la Patagonie championne des courants d’air, je dĂ©couvre ici le Bora » ou Burja » en slovĂšne. Vent local froid et brutal qui descend des montagnes de l’arriĂšre-pays, c’est le plus puissant du bassin mĂ©diterranĂ©en, et l’un des plus forts au monde. Ses bourrasques obligent Ă  replier terrasses et parasols en catimini, faisant tout voler sur son passage. Il me tiendra Ă©veillĂ©e une bonne partie de la nuit, faisant claquer ma tente malgrĂ© le fait d’ĂȘtre abritĂ©e par quelques arbres. Un sommeil pas vraiment rĂ©parateur donc
 mais l’avantage du vent est qu’au matin, la tente est parfaitement sĂšche pour la replier ! Le jour pointe son nez dĂšs cinq heures par ici, et je suis debout aux aurores. J’enfile mon sac Ă  dos et quitte le village encore endormi pour une petite montĂ©e de 300m en guise d’échauffement. Heureusement, la forĂȘt est vierge de tout signe de campements, et mes inquiĂ©tudes s’envolent rapidement. Je ne serai plus confrontĂ©e Ă  cette situation dans les jours Ă  venir. ArrivĂ©e en haut, c’est une jolie rĂ©compense avec une vue panoramique que je n’aurai pas tous les jours, puisque trois pays d’un coup s’étendent sous mes yeux l’Italie, la SlovĂ©nie et la Croatie. Me voilĂ  pour de bon du cotĂ© SlovĂšne. Hameaux paisibles et sentiers bordĂ©s de prairies et de murets en pierre sont au programme de ce dĂ©but de journĂ©e qui m’amĂšne Ă  Lipica, village qui, je crois, a plus de chevaux que d’habitants !Joie de gamine durant ces quelques heures passĂ©es Ă  la dĂ©couverte du Lipica Stud Farm». Le site est l’équivalent de notre Cadre Noir Ă  Saumur, sauf qu’ici tous les chevaux sont gris. Ce domaine d’Etat Ă  des installations magnifiques, impeccablement tenues, qui abritent pas moins de 370 lippizzans. Race historiquement importĂ©e d’Espagne, son standard Ă©tait composĂ© il y a deux cent ans encore de chevaux de diffĂ©rentes robes, qui, avec la sĂ©lection gĂ©nĂ©tique, se sont progressivement rĂ©duites au gris pour 99% d’entre eux. Petits et trapus, ils mesurent entre 150 et 160 cm au garrot, avec des membres courts, un physique puissant et un regard calme, dĂ©gageant l’élĂ©gance naturelle typique des chevaux du sud. A l’entrĂ©e, une vingtaine de juments suitĂ©es accueillent les visiteurs avec leurs poulains fraichement nĂ©s. Belle stratĂ©gie de sociabilisation de ce petit monde, tant au sein du troupeau qu’auprĂšs des visiteurs qui viennent les gratouiller. D’ici quelques temps, 80% d’entre eux seront destinĂ©s au dressage classique, 20% Ă  l’attelage. Chaque annĂ©e, le centre vend une vingtaine de ses chevaux dans le monde entier, les États-Unis Ă©tant les premiers importateurs. Leurs prix varient de 20 Ă  50 000 euros pour un cheval dressĂ©, et jusqu’à 100 000 euros pour un cheval de haute Ă©cole, aucun cheval n’étant vendu avant l’ñge de cinq ans. Les Ă©talons reproducteurs, eux, dĂ©marrent la monte Ă  cet Ăąge-lĂ , mais ne peuvent ĂȘtre officiellement » approuvĂ©s qu’à partir de onze ans, une fois leurs performances gĂ©nĂ©tiques confirmĂ©es. L’écurie principale exhibe fiĂšrement son lot d’entiers vedettes, Ă©tonnamment calmes dans leurs confortables boxes cinq Ă©toiles. Aux alentours, plusieurs troupeaux de dizaines de juments s’étendent Ă  perte de vue dans d’immenses prairies bordĂ©es d’impeccables lisses blanches. Une belle vision du paradis des chevaux ! L’heure Ă©tant venue pour moi de poursuivre ma journĂ©e, le sentier indiquĂ© par mon tĂ©lĂ©phone traverse l’un des prĂ©s clĂŽturĂ©s juste Ă  cĂŽtĂ© de celui du troupeau principal, dans lequel il n’y a pas de chevaux actuellement mais avec tout de mĂȘme une pancarte y interdisant l’accĂšs. Au vu du dĂ©tour Ă  faire pour le contourner, je dĂ©cide d’y passer quand mĂȘme discrĂštement »  C’était sans compter sur la curiositĂ© gĂ©nĂ©rale des voisines qui arrivent toutes au galop vers moi! Pour la discrĂ©tion on repassera
 mais l’effraction » en valait largement le spectacle o Matavun, petit village paisible, m’attend pour sa fin de journĂ©e. J’y trouve un spot de bivouac tranquille Ă  proximitĂ© du centre d’information avec eau, prise Ă©lectrique et wifi, le luxe. Cette nuit sera plus sereine, mis Ă  part un rĂ©veil en sursaut Ă  une heure du matin par le cri puissant et rauque d’un animal. Étant donnĂ© l’intensitĂ©, il doit ĂȘtre tout proche, mais je n’ai jamais entendu ce son et n’arrive pas Ă  l’identifier. Heureusement pour moi, cela ne dure que quelques minutes Ă  peine. Le lendemain matin, la magie d’internet m’indiquera qu’il s’agissait d’un chevreuil
 Qui aurait cru qu’un animal si petit et si mignon puisse sortir de pareils sons ?! si vous ne voyez pas de quoi je parle cliquez ici et vous comprendrez^^. Ces premiers jours sont difficiles physiquement. Les matinĂ©es tout en lĂ©gĂšretĂ© laissent place Ă  des deuxiĂšmes parties de journĂ©es qui me font serrer les dents et trainer les pieds. Une fois les rĂ©glages de mon sac Ă  dos affinĂ©s, les douleurs dans les Ă©paules s’estompent et le dos s’habitue progressivement Ă  sa charge de sherpa. Mais les genoux demandent plus de temps, les douleurs alternant de l’un Ă  l’autre, et descendant jusqu’au bout des orteils. MalgrĂ© cela, je prends mon mal en patience, sachant que chaque jour qui passe m’endurcit un peu plus. J’essaye de gĂ©rer au mieux mon effort et de prendre du temps de repos, m’astreignant au combo Ă©tirements – baume du tigre – hydratation pour soulager mes articulations. Accepter les rĂ©glages physiques et mentaux du dĂ©marrage, sorte de mutation progressive avant d’atteindre mes pleines capacitĂ©s. La suite de mon tracĂ© rejoint le Karst, rĂ©gion de hauts plateaux rocheux calcaires, Ă  l’origine du terme gĂ©ologique karst » et des phĂ©nomĂšnes karstiques ». Cette Ă©rosion spĂ©cifique a formĂ© au fil du temps des paysages comme des grottes, des tunnels souterrains, des lacs
 J’y dĂ©couvre l’un de ses aspects les plus marquants avec les dolines, sortes de dĂ©pressions circulaires qui peuvent aller de quelques mĂštres Ă  plusieurs centaines de mĂštres de diamĂštre. La doline d’effondrement la plus haute de la rĂ©gion fait 163m et se situe sur mon chemin. Elle m’offre un beau panorama face Ă  elle au petit matin, son torrent bouillonnant avec force en bas de ses roches. Des forĂȘts Ă  perte de vue, et leurs palettes de verts qui changent au grĂ© de la danse entre le soleil et les nuages. DĂ©gradĂ©s de nuances et de niveaux vers l’horizon, les derniers plans des montagnes perdus dans les brumes. Quelques Ă©cureuils pestent rĂ©guliĂšrement aprĂšs moi et filent se percher dans les branches hautes, dĂ©rangĂ©s dans leur quĂȘte primordiale de provisions. J’aime Ă©galement traverser les nombreux petits hameaux parsemĂ©s sur mon chemin. La marche Ă  cet avantage de laisser le temps d’observer les matĂ©riaux, les couleurs, les odeurs, les dĂ©tails furtifs de la vie quotidienne y est sereine. Les maisons bien entretenues. Les jardins sont fleuris, les potagers ordonnĂ©s, le bois bien rangĂ©. Les chats traĂźnent nonchalamment et me regardent passer d’un air dĂ©tachĂ©. Les chiens aboient peu et viennent parfois quĂ©mander quelques caresses. Les petites vieilles se racontent leurs cancans le long d’un muret, pendant que je m’accorde une pause biscottes-nutella avant que celles-ci ne soient totalement rĂ©duites en chapelure, quotidiennement Ă©crasĂ©es dans mon sac Ă  dos. Ici aussi, les saluts sont chaleureux ; Dober Dan ! ». L’un des seuls mots de mon rĂ©pertoire slovĂšne actuel, frustrant de ne pouvoir adresser parfois quelques mots de plus Ă  mon passage. Heureusement, dans les commerces et les lieux d’accueil, l’anglais de base Ă  l’air plutĂŽt rĂ©pandu. Seul point nĂ©gatif, il est encore tĂŽt dans la saison, et de nombreux restaurants, gĂźtes ou refuges d’étapes sont fermĂ©s, laissant s’envoler mes espoirs d’un bon repas copieux en arrivant face Ă  eux. Globalement, la traversĂ©e de cette premiĂšre partie du pays pour rejoindre les hauteurs montagneuses du Triglav offre une bonne mise en route dans des conditions ensoleillĂ©es optimales. CĂŽtĂ© itinĂ©raire, je me rĂ©jouis de l’efficacitĂ© de mon appli » que j’utilisais dĂ©jĂ  beaucoup Ă  vĂ©lo, et qui s’est aussi dĂ©sormais beaucoup amĂ©liorĂ©e pour les sentiers pĂ©destres. C’est une chance, car les slovĂšnes sont peut-ĂȘtre champions au scrabble avec leur sĂ©mantique slave bien spĂ©cifique
 mais ils le sont moins pour le balisage des sentiers, alĂ©atoire et parfois trĂšs espacĂ©, qui rend souvent impossible un suivi uniquement par ce biais ! Et puis, aprĂšs une bonne journĂ©e de grimpette arrive l’heure de ma premiĂšre longue descente Ă  travers les bois pour rejoindre Idrija. Les dĂ©nivelĂ©s nĂ©gatifs engagĂ©s sont une vraie Ă©preuve pour moi. Depuis quelques annĂ©es une instabilitĂ© rotulienne, majoritairement prononcĂ©e sur mon genoux droit, provoque des douleurs allant de la simple gĂȘne Ă  de fortes inflammations qui finissent parfois par empĂȘcher la flexion de ma jambe tant la douleur peut ĂȘtre intense. Je dois donc redoubler de concentration en descente pour gĂ©rer mes appuis, transfĂ©rer un maximum de poids sur mes bĂątons et allĂ©ger la charge sur mes genoux. TrempĂ©e de sueur, la derniĂšre heure est un calvaire, mes muscles crispĂ©s par les efforts prolongĂ©s et par la douleur qui se fait lancinante. Mais la rĂ©compense est juste en bas du chemin, avec l’arrivĂ©e au Wild Lake », superbe petit lac aux eaux turquoises limpides. DĂ©livrance, j’y plonge mes pieds endoloris et mon genou enflĂ© dans la fraicheur de la riviĂšre qui l’alimente. Et en bonus, j’y rencontre ma premiĂšre Via Alpiniste, Anne Caroline, une allemande qui randonne Ă©galement en solo et prĂ©voit aussi de faire l’intĂ©gralitĂ© de la traversĂ©e! Joie partagĂ©e de pouvoir parler ensemble, aprĂšs une semaine oĂč nos rencontres respectives ont Ă©tĂ© rares et nos conversations locales succinctes du fait de la barriĂšre de la langue. Nous Ă©changeons nos numĂ©ros, et seront certainement amenĂ©es Ă  nous recroiser par la suite. Ce moment d’échange enjouĂ© me redonne la lĂ©gĂšretĂ© nĂ©cessaire pour finir mon Ă©tape du jour bien mĂ©ritĂ©e, avec l’arrivĂ©e dans une chambre d’hĂŽtes oĂč les propriĂ©taires ont une petite Ă©curie privĂ©e. Ici, ce sont les poneys qui vivent en tiny house ! Accueillie aux petits soins, on m’offre un bon jus de fruis frais et des Ɠufs pour pouvoir cuisiner mon premier diner copieux depuis 5 jours 🙂 Les 48h suivantes seront posĂ©es Ă  Idrija pour remettre mon genou d’aplomb et organiser la suite qui s’annonce un cran plus engagĂ©e. La ville est modeste mais il y a tout ce qu’il faut Ă  quelques pas ; de bons produits frais, enfin une carte papier de la Via Alpina SlovĂšne, du voltarĂšne, et les bons conseils de mon hĂŽte Miha prononcer Micha » – mais il prĂ©fĂšre qu’on l’appelle Mike » o. Vendredi 4 juinDemain je reprendrai la route en direction du parc national du Triglav, que je devrai atteindre d’ici deux jours. La bonne nouvelle prise de hauteur, nouveaux paysages, et lacs d’altitude sont au programme. La moins bonne une dĂ©gradation de la mĂ©tĂ©o est annoncĂ©e, il y a encore de la neige en montagne, et nombre de refuges paraissent fermĂ©s. Du coup, ces conditions incertaines rendent la prĂ©paration de mon itinĂ©raire lĂ©gĂšrement » casse-tĂȘte
 Mais, en rando comme dans la vie, si le plan A ne fonctionne pas, il reste encore 25 lettres dans l’alphabet ! Mercredi 26 Mai Paris. Terminal 2F. AĂ©roport Charles de Gaulle. Les restrictions sanitaires interdisent l’accĂšs dans l’aĂ©roport aux non-passagers ». Sur le parking du dĂ©pose minute, c’est donc un au-revoir rapide avec Martine, ma mĂšre et supportrice sans faille de mes projets, qui m’accompagne Ă  nouveau vers de nouvelles aventures. Dans un sens, cette fois-ci, je ne pars qu’à » 1500kms, sur le mĂȘme continent, et que » pour cinq mois, la pression ressentie est donc moins lourde
 tout du moins de mon cĂŽtĂ© o Le trajet s’enchaĂźne facilement, entre montagne et mer. A peine le temps d’un petit somme pour rattraper ma courte nuit que je vois dĂ©jĂ  apparaĂźtre le dĂ©but de la chaine montagneuse des Alpes en mettant le nez au hublot. Nous les surplombons pendant un petit moment. Elles sont immenses et s’étendent Ă  perte de vue, leurs sommets enneigĂ©s fondus dans les couches Ă©parses des nuages. Vu d’ici, c’est vachement facile de les survoler. Une fois en bas, ça le sera un peu moins pour les traverser ! Un transit rapide Ă  Rome et une arrivĂ©e tout en douceur dans le petit aĂ©roport de Trieste, au Nord-Est de l’Italie, sous 23 degrĂ©s ensoleillĂ©s. Je me rends Ă  la gare routiĂšre en bus et finis par une petite marche le long du front de mer pour rejoindre mon hĂŽtel dans le centre. Car oui, je m’offre trois jours de luxe » en mode touriste pure, le temps de me poser un peu et de planifier mes derniers dĂ©tails logistiques. Je dĂ©couvre avec tranquillitĂ© les premiĂšres esquisses des lieux. Trieste est une ville cĂŽtiĂšre Ă  taille humaine, pleine de charme et d’histoire. NichĂ©e dans le golfe de la mer adriatique, elle me fait penser Ă  ma terre rochelaise, et je m’y sens instantanĂ©ment Ă  l’aise. Il y a un petit port. Un quai avec un roof top proposant vue sur la ville, cocktails et tapas. De jolis monuments historiques. Des allĂ©es piĂ©tonnes bordĂ©es de terrasses. Des boutiques souvenirs. Une rue Saint Nicolas. Un vieux monsieur qui joue de l’accordĂ©on. Des gens qui font la queue devant La Poste. Des vendeurs de rue relous qui te proposent des trucs relous. Des kĂ©kĂ©s avec vitres de voiture ouvertes et sono bien en Ă©vidence. Et en bonus, tout ce qu’il faut pour se rĂ©galer. MĂȘme du beurre salĂ©. Non vraiment, je ne peux pas demander mieux, Trieste et moi on est faites pour s’entendre ! Et bien sĂ»r, on y trouve cet esprit typique Italien. Architectures travaillĂ©es, sculptures impeccables, façades colorĂ©es, boutiques de prĂȘt-Ă -porter distinguĂ©es, scooters Ă  profusion. Le tout enrobĂ© par l’ambiance lĂ©gĂšre et enjouĂ©e de la ville, et l’accent chantant de ses habitants qui anime les rues. LĂ©ger dĂ©tail, moi je n’y comprends pas grand-chose Ă  l’accent chantant
 Mon vocabulaire se limite Ă  quelques mots de survie ponctuĂ©s de sono francese », no parlo italiano » !J’entremĂȘle français, espagnol et anglais, mais les locaux n’ont pas l’air de m’en tenir rigueur et pour l’essentiel
 ça fait le job o Le lendemain, rĂ©veil au son d’une sirĂšne de navire. A sa tonalitĂ© grave et puissante, je me doute que ce n’est pas le dĂ©part des pĂȘcheurs du coin, mais celui du titanesque bateau de croisiĂšre MSC vu la veille, amarrĂ© tout prĂšs. VĂ©ritable ville flottante, sa taille Ă©tait dĂ©mesurĂ©e, dĂ©passant largement la hauteur dĂ©jĂ  imposante des bĂątiments autour de lui. Mes prĂ©paratifs de randonnĂ©e Ă©tant bien avancĂ©s, je profite de cette belle journĂ©e pour flĂąner et dĂ©couvrir un peu plus le vieux Trieste, lĂ©gĂšrement dans les hauteurs. Il abrite de vĂ©ritables bijoux basilique, Ă©glises, théùtre romain, les restes d’un fort et un chĂąteau qui offre une superbe vue panoramique. D’ici, le front de mer en contrebas semble tout petit, avec ses bateaux qui ressemblent Ă  des cocottes en papier et ses mouettes, minuscules points blancs qui virevoltent dans le bleu du ciel. Au loin, en arriĂšre-plan, on distingue les cimes ciselĂ©es des Alpes encore partiellement enneigĂ©es, Ă  demi masquĂ©es par la brume. Vendredi 28 maiAprĂšs ces trois premiers jours d’acclimatation, je suis prĂȘte Ă  me lancer. Demain matin j’embarquerai Ă  bord d’un petit ferry pour rejoindre Muggia, Ă  30 minutes d’ici, Ă©tape officielle » du dĂ©part de la Via Alpina. Les conditions s’annoncent parfaites, le moral et le soleil sont au beau fixe. Une bonne semaine de marche, quasi intĂ©gralement sous la barre des 1000m d’altitude, avant de rejoindre mon premier gros massif montagneux, le Triglav, ce qui devrait laisser le temps Ă  d’éventuelles neiges tardives de fondre un peu plus haut. Et accessoirement, de me laisser Ă©galement le temps de me mettre en route physiquement, ma prĂ©pa Ă©tant loin d’ĂȘtre au top de ce cĂŽtĂ©-là
 Pour mon entrĂ©e en SlovĂ©nie, prĂ©vue dimanche, j’ai Ă  cƓur de faire une pause dans le petit village de Lipica » que j’ai eu la bonne surprise de dĂ©couvrir en prĂ©parant mes premiers topos cartographiques. Connu pour son haras, c’est le berceau des lipizzans, cĂ©lĂšbre race de chevaux de dressage, que l’on voit notamment dans les reprĂ©sentations de l’École espagnole de Vienne en Autriche. Pour le reste, wait and see »  ! A presto tutti 🙂 DĂ©but de l’aventure fin Mai 🙂
TĂ©l: 05 59 34 62 06. S ite web / Facebook. Espace Nordique d’Issarbe. Station. TĂ©l : 05 59 36 00 26. Que faire au Pays Basque : De l’actu, des idĂ©es balades, des restos, des hĂ©bergements et activitĂ©s sportives et culturelles ! Notre page Facebook ou Instagram regorge de jeux concours, de superbes photographies et vidĂ©os ainsi que de

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 mais un magnifique ciel Ă©toilĂ©, ils ont pu dormir en hauteur, confortablement, sur un vrai matelas moelleux, et profiter pleinement de notre belle nature ! Nous vous dĂ©voilons les quelques lieux magiques oĂč ils ont pu passer la nuit librement Face Ă  l’ocĂ©an autour du Bassin d’Arcachon et sur la dune du Pilat Quoi de plus naturel, au dĂ©part de l’agence VAN-AWAY Bordeaux, de prendre la direction du bassin d’Arcachon pour un grand bol d’air et d’iode ! Aucune difficultĂ© avec notre petite CitroĂ«n de se faufiler dans la ville d’hiver d’Arcachon et son architecture hors du commun, puis de visiter quelques uns des nombreux villages ostrĂ©icoles, et notamment le village de l’Herbe sur la Presqu’üle de LĂšge-Cap Ferret. Une envie de grands espaces ? Direction la dune du Pilat, dont on ne peut Ă©viter l’ascension notamment en fin de journĂ©e pour admirer le coucher du soleil, et dĂ©couverte au loin d’une palette allant du blanc au cobalt, en passant par le turquoise le cĂ©lĂšbre banc d’Arguin. Pour la nuit, rien de mieux que le parking du Petit Nice, sous la dune. A dĂ©couvrir avec l’application Park4Night ! A quelques pas seulement des marmottes au Col de Portet dans les PyrĂ©nĂ©es C’est au dĂ©part de St Lary en VallĂ©e d’Aure par la D123 en direction d’Espiaube et aprĂšs avoir empruntĂ© la petite route sinueuse juste aprĂšs l’Auberge de l’Ours, qu’ils ont pu atteindre le col Ă  2215 m d’altitude. En chemin, ils ont eu la grande surprise de croiser les vaches se prĂ©lassant Ă  l’ombre sous le pont juste avant d’arriver au parking. De ce petit coin de Paradis, vous avez la possibilitĂ© d’emprunter les sentiers menant jusqu’aux magnifiques Lacs de Bastan culminants Ă  2280 m, et surplomber le Lac de l’Oule. En 4h aller/retour, c’est un bol d’air frais et un dĂ©paysement total qui vous attend. A dĂ©couvrir Ă©galement notre circuit spĂ©cial PyrĂ©nĂ©es pour un dĂ©part en van de Pau, Bordeaux ou Toulouse. Vue sur le parc des CĂ©vennes C’est Ă  cĂŽtĂ© du joli village de Mialet, sur la D160, dans les CĂ©vennes, que nos amoureux de la nature ont trouvĂ© l’endroit idĂ©al pour passer la nuit. Ils confirment les prĂ©cieux commentaires des utilisateurs de Park4night, l’endroit est calme et offre une vue imprenable sur le parc, classĂ© au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Aux alentours, les activitĂ©s ne manquent pas ! A partir du Pont des Camisards, classĂ© monument historique, Ă  l’entrĂ©e du village de Mialet, vous pouvez pique niquer et vous baigner dans l’eau rafraĂźchissante du Gardon, de nombreuses plages de pierres et de galets bordent la riviĂšre et vous attendent pour quelques ricochets. Pour les plus sportifs, il est possible de s’offrir une descente en rappel ou en canyoning pour sillonner la riviĂšre. A quelques kilomĂštres de lĂ , une petite visite de l’incontournable Bambouseraie d’Anguse vous dĂ©paysera Ă  coup sĂ»r en vous transportant dans les jardins d’ExtrĂȘme-Orient.

LeshĂ©bergements les pieds sur terre proposent de passer une nuit dans une de leurs installations insolites. Parmi elles, se trouve La bulle des plĂ©iades. Vous pouvez dormir Ă  l’intĂ©rieur, sans insectes et confortablement dans un lit double, avec la vue sur les Ă©toiles. C’est ce que j’appelle du camping de luxe.
A La Roche-Maurice, prĂšs de Brest, une famille propose de dormir Ă  la belle Ă©toile ou presque, protĂ©gĂ©e dans une bulle. Une expĂ©rience au plus proche de la nature. Un temps pour soi. Pour dĂ©connecter. Chez Elodie et Christophe RouĂ©, tout est fait pour buller. Autrement dit savourer, profiter et rien d'autre. Se mettre dans sa bulle. Amatrice de gĂźtes insolites, Elodie et son mari mĂ»rissent le projet depuis longtemps. Il y a deux ans, ils changent de vie et se lancent. "J'ai toujours aimĂ© aller faire des hĂ©bergements insolites pour ĂȘtre dĂ©connectĂ©e, pour passer un bon moment, discuter, avancer dans des projets" raconte Elodie, "et j'avais envie d'offrir ça aux gens." L'accueil est familial. Les trois enfants sont investis dans l'aventure et rendent des menus services, de la livraison d'un plateau de fruits de mer Ă  l'entretien de l'Ă©tang. Un esprit de famille qui, outre les Ă©toiles filantes et la lumiĂšre du matin, sĂ©duit les visiteurs.
Lanuit suscite de multiples interrogations chez les enfants. Ce programme de courts mĂ©trages intitulĂ© Balades sous les Ă©toiles s’empare de ce thĂšme en nous proposant six films courts autour de la peur de l’obscuritĂ©, des rĂȘves, des rencontres et des relations entre les adultes et les enfants. Dans Promenades nocturnes, la nuit laisse place Ă  un rapprochement entre Anna et
Le camping, c’est la santĂ©! Au lieu de recourir Ă  notre pharmacie, il est peut-ĂȘtre temps de sortir nos tentes et nos sacs de couchage. Des recherches dĂ©montrent que camper dans la nature est bon pour notre bien-ĂȘtre physique et mental. N’est-ce pas lĂ  la meilleure des raisons pour partir avec la famille ou des amis profiter du plein air et dormir sous les Ă©toiles? Voici les bienfaits du camping pour le corps et l’esprit Un meilleur sommeil dormir loin de la lumiĂšre artificielle et se rĂ©veiller avec la lumiĂšre naturelle du soleil peut rĂ©tablir votre rythme circadien et vous aider Ă  vous sentir reposĂ©. Resserrer les liens avec les amis et la famille Un voyage de camping est une excellente occasion de resserrer les liens avec eux. S’asseoir autour d’un feu de camp et parler sans distractions est un excellent moyen de se rapprocher. Troquez votre Ă©cran de cellulaire contre un Ă©cran solaire Le camping est un excellent moyen de dĂ©crocher d’Internet. Fermez vos Ă©crans et donnez un peu de rĂ©pit Ă  vos yeux et Ă  votre esprit. De nombreux parcs ont une couverture cellulaire, mais rĂ©sistez Ă  l’envie de raconter votre expĂ©rience de camping en direct sur les mĂ©dias sociaux en laissant votre tĂ©lĂ©phone cellulaire Ă©teint dans votre voiture. RĂ©duction du stress Le camping dans la nature nous Ă©loigne de tensions courantes de la vie quotidienne telles que la circulation, le travail et la pollution sonore. Nous sommes au contraire exposĂ©s Ă  des paysages reposants et Ă  des sons qui rĂ©duisent les tensions, comme le bruit des vagues, celui des eaux vives et le chant des oiseaux. Bienfaits pour le corps Air pur Camper et passer davantage de temps au milieu des arbres permet de respirer davantage d’oxygĂšne et moins d’air polluĂ©. Votre corps fonctionne mieux lorsqu’il y a beaucoup d’oxygĂšne. Cet oxygĂšne additionnel incite votre corps Ă  sĂ©crĂ©ter davantage de sĂ©rotonine, que l’ont considĂšre comme une substance contribuant au sentiment de bien-ĂȘtre et de bonheur. Offrez-vous une bonne dose de vitamine D En passant du temps en plein air, vous profiterez de l’air pur et du soleil. Des recherches sont dĂ©montrĂ© que la vitamine D peut aider Ă  protĂ©ger contre de nombreuses maladies, qu’elle est importante pour une croissance normale et pour le dĂ©veloppement des os et des dents, et qu’elle pourrait mĂȘme protĂ©ger de certains cancers. Soyez actifs lorsque vous amĂ©nagez votre emplacement de camping, que vous allez chercher de l’eau potable, que vous vous rendez aux toilettes et que vous construisez votre feu, vous vous rendez compte que le camping demande un certain effort physique et que cela vous rend, ainsi que votre famille, plus actifs. Ce surcroĂźt d’activitĂ© contribue Ă  la santĂ© de votre cƓur et de vos poumons! Source voyage dĂ©couverte CompanyDescription: AVANT D'ALLER DORMIR SOUS LES ETOILES is located in PARIS, ILE DE FRANCE, France and is part of the Management, Scientific, and Technical Consulting Services
22 Avril 2012 , RĂ©digĂ© par robert PubliĂ© dans Chants Pour tous ceux qui vont s'endormir brisĂ©s par les combats stĂ©riles de la GLNF Avant d'aller dormir sous les Ă©toiles Doux maĂźtre, humblement Ă  genoux Tes fils t'ouvrent leur cƓur sans voile Si nous avons pĂȘchĂ©, pardonne-nous. Eloigne de ce camp la mal qui passe Cherchant dans la nuit son butin Sans toi, de toutes ces menaces Qui nous protĂšgera, berger divin ? ProtĂšge aussi, Seigneur, ceux qui nous aiment Partout, garde-les du pĂ©ril PitiĂ© pour les mĂ©chants eux-mĂȘmes Et paix Ă  tous nos morts. Ainsi soit-il. Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous
sQM7.
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