LaSeine a de la chance mim Elle n’a pas de souci Si7 mim Elle se la coule douce lam Le jour comme la nuit Si7 Et elle sort de sa source mim Tout doucement, sans bruit, Si7 Do Et sans se faire de mousse, RéM Sol Sans sortir de son lit RéM Sol Elle s’en va vers la mer lam Do En passant par Paris. Si7 Do lam mim La Seine a de la chance

1 Querelle évoquée par Jean-Pierre Jeancolas dans Structures du court métrage français, 1945-1958 ... 2 François Vinneuil-Rebattet, cité sans indication de source par Bernard Chardère dans Aubervillie ... 3 Bernard de Fallois, cité dans Bernard Chardère, op. cit., p. 117. 4 Jean-Jacques Gauthier, cité dans Bernard Chardère, ibid. 5 François Porcile, Défense du court métrage français, Le Cerf, 1965. La citation d’Henri Agel est e ... 6 Alain Sayag et Annick Lionel-Marie dir., Eli Lotar, Centre Georges Pompidou, 1993. 1Le court métrage documentaire Aubervilliers, réalisé en 1945 par le photographe et caméraman Eli Lotar 1905-1969 est parfois plus connu pour la querelle1 à laquelle il a donné lieu lors de sa sortie en février 1946 que pour les qualités ou défauts qui lui sont propres. C’est en effet à l’occasion de ce film que Jacques Prévert, auteur du commentaire et des paroles des chansons, héritera des épithètes peu flatteurs de Déroulède des anarchistes2 » ou de révolutionnaire […] pour les midinettes3 ». La critique la plus célèbre reste celle de Jean-Jacques Gauthier dans Le Figaro4, où Prévert apparaît carrément comme un pousse-au-crime relançant à lui seul la lutte des classes. Malgré ou peut-être à cause de cette polémique, le film conservera pendant une vingtaine d’années une certaine notoriété avant d’être à nouveau accablé au cours des années 60. En 1965, François Porcile, reprend la formule d’Henri Agel et fait d’Aubervilliers un des courts métrages français les plus injustement célèbres du cinéma français5 ». Parallèlement à la désaffection progressive des milieux du cinéma envers Prévert, cette opinion globalement négative semble avoir prévalu jusqu’à la réhabilitation de l’œuvre cinématographique du poète dans les années 90, essentiellement due à la parution d’une série de textes biographiques, dont ceux du très actif et très partial Bernard Chardère. Lotar n’a pas bénéficié de cette reconnaissance tardive, puisqu’à ce jour, la monographie sous la direction d’Alain Sayag et Annick Lionel-Marie, d’où sont tirées la majorité des informations biographiques contenues dans ce texte, reste le seul ouvrage à lui être entièrement consacré6. 2Les critiques sévères qui accompagnèrent la réception du film sont uniquement focalisées sur le discours de Prévert, oubliant le plus souvent les images de Lotar. Or, cette collaboration entre deux hommes qui se connaissent bien ne peut se comprendre qu’en partant de l’hypothèse que ce film possède deux auteurs et non un, deux auteurs dont la vision du monde est très proche sur bien des points. Nous reviendrons donc ici sur les personnalités respectives des deux hommes, sur les liens qui les unissent et leurs contributions à la réalisation d’Aubervilliers, plus particulièrement en ce qui concerne l’articulation de l’image et du texte. Collaborations en pointillé 7 À noter que Lotar finira par aller filmer dans les Hurdes, mais avec Luis Buñuel en avril-mai 1933 ... 3Pour mieux comprendre la mise en chantier d’Aubervilliers, il est bon de remonter dans le temps afin de mieux saisir les liens amicaux et professionnels qui unissent les deux hommes depuis la fin des années 20. En effet, bien qu’il n’en soit pas un des membres les plus visibles à l’instar d’un Marcel Duhamel ou d’un Pierre Prévert, Eli Lotar fait très tôt partie de ce que l’on appelle couramment la bande à Prévert ». Jeune photographe d’origine roumaine, naturalisé français en 1926, il rencontre Jacques Prévert en 1929 par le biais de la Revue du cinéma, dirigée par Jean-Georges Auriol, dont plusieurs membres sont des amis des frères Prévert. En tant que proche voisin ils habitent le même palier !, il est donc naturellement convié aux réunions dans l’appartement des Prévert pour de longues soirées animées de sketches, de poèmes et de conversations de toutes sortes. L’intégration du jeune homme dans la bande à Prévert » se concrétisera cinématographiquement lors du tournage de L’Affaire est dans le sac de Pierre Prévert, en août 1932, où Lotar occupe le poste d’opérateur. Déjà, dès le début de cette année 1932, parallèlement aux liens affectifs, des liens professionnels se tissent entre les deux hommes. Ils vont en effet collaborer à deux reprises avec le metteur en scène Yves Allégret pour deux courts métrages. Le premier s’intitule La Pomme de terre ou Prix et profits 1932. Lotar s’occupe de la prise de vues. Jacques Prévert écrit le commentaire et participe en tant qu’acteur. La deuxième collaboration se fera à la suite d’un projet de voyage de Lotar et Allégret dans la région des Hurdes, au sud-ouest de l’Espagne, empêché par le gouvernement qui considère les deux hommes comme des agitateurs » et les expulse du pays. Ils se rabattent sur l’île de Ténériffe aux Canaries et, à leur retour, en tirent un film, sobrement titré Ténériffe, dont Prévert écrira le commentaire7. 4Ce début de collaboration ne va pourtant pas se poursuivre, sans doute du fait des autres projets respectifs des deux hommes. En effet, Lotar voyage beaucoup en Europe dans la seconde moitié des années 30 et affiche progressivement un certain dilettantisme vis-à-vis de ses activités cinématographiques. Quant à Prévert, il devient, à partir de 1934, un scénariste de plus en plus sollicité. Par la suite, la Seconde Guerre mondiale les éloigne un peu plus, Lotar partant rejoindre son épouse en Suisse, Prévert s’exilant dans le sud de la France. Les deux hommes ne se retrouveront qu’au sortir du conflit, à l’occasion d’Aubervilliers. La commande Aubervilliers 5Parallèlement, les autres projets, photographiques ou cinématographiques, d’Eli Lotar durant ces années 30 permettent de mieux cerner les lignes directrices d’un travail très éparpillé, de mieux comprendre à quel point Aubervilliers est pour lui la synthèse de vingt-cinq ans d’une carrière de photographe et d’opérateur de prises de vues. Dès ses débuts dans la photographie comme élève de Germaine Krull, dans les années 20, Lotar s’intéresse tout particulièrement aux architectures industrielles et à la vie du monde ouvrier en général, et ce en accord avec un engagement politique clairement marqué à gauche. Cette préoccupation se retrouve tout naturellement dans certains des projets de films auxquels il travaille, et tout d’abord dans le domaine de la fiction avec le projet collectif de L’Affaire est dans le sac. L’engagement de Lotar apparaît aussi dans ses choix en tant qu’opérateur de films documentaires, que ce soit dans sa participation à Zuyderzee 1929 de Joris Ivens ou aux Maisons de la misère 1 937 d’Henri Storck. Ce dernier court métrage jette par ailleurs un pont de presque dix ans en direction d’Aubervilliers il aborde peu ou prou le même sujet un constat sur les bidonvilles aux abords des métropoles, appliqué, dans le cas du film de Storck, à la Belgique. 8 Bernard Chardère, op. cit., p. 119. 6Les obsessions personnelles de Lotar et Prévert ne sont pourtant pas seules à avoir permis l’existence de ce projet. Officiellement, il s’agit d’une commande faite au réalisateur par Charles Tillon, ministre communiste de l’Air et maire d’Aubervilliers. Selon l’opérateur Raymond Picon-Borel8, le réalisateur, qui avait alors accepté de travailler comme opérateur au service cinéma du ministère de l’Air pour des raisons alimentaires, aurait réussi à orienter la commande en proposant de filmer les quartiers populaires d’Aubervilliers plutôt que d’aller prendre des prises de vues d’essais aéronautiques avec Picon-Borel pour le ministère, Lotar détestant l’avion. Le but premier du projet était d’enregistrer une trace des îlots insalubres » de la ville avant leur destruction et la mise en place d’un plan de rénovation par la municipalité. En outre, le cas d’Aubervilliers permettait de porter un doigt accusateur en direction de Pierre Laval, collaborateur notoire et ancien maire de la ville. Ses promesses non tenues et son mépris pour la classe ouvrière sont d’ailleurs évoqués de façon très directe le diplôme signé de sa main célébrant une famille exemplaire mais miséreuse, sans qu’il soit réellement possible de dire s’il s’agit là d’un impératif de commande ou d’un désir partagé par le commanditaire autant que par Lotar et Prévert. Sans doute les deux… 9 Selon André Heinrich, cette société avait entre temps acquis les droits de diffusion. Voir Une v ... 7À la vision du film, on se rend pourtant rapidement compte que les deux amis ont totalement outrepassé la commande, ajoutant à la dénonciation de Laval un appel au changement radical qui, s’il ne devait pas forcément déplaire à Charles Tillon, paraît difficilement compatible avec une stricte commande produite à l’aide du budget d’une institution publique. Le fait que, lors de sa diffusion en salle en première partie de La Bataille du rail 1946 de René Clément, le film sorte non sous l’égide du ministère mais sous celle de la société de production Ciné France pourrait laisser penser que le ministère n’a pas voulu revendiquer officiellement sa participation au projet. Mais le rôle de la société Ciné France concerne uniquement la propriété sur les droits de diffusion9, et non la production. Il reste donc difficile de savoir comment le film achevé et son discours ont été reçus par les autorités officielles. Les conditions du tournage et le partage des tâches 10 Bernard Chardère, op. cit., p. 119. 11 Bernard Chardère, tout comme Jacky Evrard et Jacques Kermabon dans leur Encyclopédie du court métr ... 8Les quelques informations concernant le tournage en lui-même, qui eut lieu, si l’on se fie au carton d’ouverture, durant l’été 1945, indiquent déjà que Lotar ne se contentait pas de filmer un sujet imposé, mais au contraire s’investissait totalement dans le projet. Pour seule preuve, la quantité de pellicule tournée selon le monteur Roger Dwyre, ce sont des milliers de mètres environ 5000 selon Bernard Chardère10 qui ont été tournés, pour un résultat final de 23 minutes11. Au-delà de ces éléments matériels, l’investissement du réalisateur apparaît tout simplement dans ses choix lors du tournage il ne nous présente pas seulement les taudis et les usines, il nous montre les êtres humains qui y survivent. Il cherche à capter les regards et les gestuelles, fait un détour par le potager, s’attarde sur les enfants qui fument ou jouent avec une pièce de monnaie. Il met finalement en évidence la profonde dignité d’une famille d’ouvriers, les Izy, en leur demandant simplement de poser, immobiles, face à la caméra. Ce souci de restituer leur amour-propre aux habitants des taudis se retrouve dans un commentaire off qui cite le nom des personnes présentées et va même jusqu’à leur attribuer des paroles l’ouvrier de l’usine Saint-Gobain ou des pensées, évoquant la résignation d’un vieux couple ou les problèmes de lunettes de Monsieur Izy. On est bien loin ici du simple document d’archive destiné à montrer aux générations futures comment était l’avant »… 12 André Heinrich, op. cit., p. 63. 9Pour en venir plus précisément au rôle joué par Prévert dans la construction du film, il faut d’abord rappeler que le poète lui-même est très peu bavard sur son travail, et que, devant la relative rareté des témoignages sur ce film, on en est souvent réduit à des déductions et des suppositions. Ainsi, selon André Heinrich12, Prévert aurait écrit le commentaire sur le tournage des Portes de la nuit de Marcel Carné dont une partie de l’action se déroule aussi à Aubervilliers, à la fin de l’année 1945 ou au tout début de l’année 1946. La première diffusion en salles ayant lieu en mars 1946, il est raisonnable de penser que le montage actuel du film était achevé ou en passe de l’être, ce qui laisserait supposer que Jacques Prévert s’est contenté d’écrire un commentaire calqué sur le montage final prévu par Lotar. Il semble cependant difficile de concevoir que les deux amis ne se soient pas vus durant le tournage des discussions ont sans doute eu lieu sur la construction et le ton du film, mais il n’en subsiste aucune trace. Il n’est également pas impossible que Prévert soit allé lui-même à Aubervilliers pour assister à certaines des prises de vues. Bien qu’il reste encore assez difficile de déterminer la part exacte de chacun des deux hommes dans la construction du film, une chose semble sûre si le commentaire est purement prévertien, les images sont bien celles de Lotar. On le voit d’abord très directement à travers le choix des sujets filmés, bâtiments industriels, engins de chantier en action, ouvriers au travail ou en famille. On le ressent également dans la composition du cadre, qui, au lieu de multiplier les vues panoramiques des quartiers, s’attache plutôt à filmer les bidonvilles de l’intérieur, se concentrant sur les visages des habitants et sur certains éléments représentant le monde industriel les péniches sur la Seine et les navires du port d’Aubervilliers, les écluses, les grues et les structures métalliques du port, etc. Enfin, l’emploi d’une photographie noir et blanc, contrastée, faisant ressortir les volumes, achève de rappeler les clichés photographiques pris par l’artiste au début de sa carrière puis durant les années 30, clichés de fêtes populaires ou de motifs du paysage industriel architectures, pylônes, transformateurs électriques, etc.. 13 François Chalais, cité dans Bernard Chardère, op. cit., p. 119. 10L’attribution du court métrage, et de ses défauts, à Prévert devient, sous cet angle, totalement injustifiée et ne peut se comprendre qu’à travers l’image que le poète a à ce moment-là dans les milieux du cinéma. Considéré comme l’un des principaux propagateurs du réalisme poétique » dans le cinéma français, il s’est attiré depuis les années 30 la haine de la critique de droite, qui lui reproche en bloc d’appeler au défaitisme et à la révolution, d’attiser la lutte des classes, d’avoir une vision trop simpliste du monde. Et c’est exactement ce qu’on reproche à l’époque de sa sortie à Aubervilliers misérabilisme, manichéisme, appel au changement par la révolte. Mais le coupable de tous ces crimes reste invariablement le même Jacques Prévert. Lotar, lui, est à peine cité sauf par François Chalais dans Cinévie13, voire totalement ignoré par les critiques. Le film est par conséquent victime, lors de sa sortie, d’un malentendu, plus ou moins entretenu par la suite, faisant de Prévert l’unique responsable du ton du film, voire de sa forme. Pourtant, la vision transmise est autant celle de Prévert que celle de Lotar. On peut même parler ici d’une solidarité, voire d’une quasi-unicité du point de vue. Déambulation du regard 11Dès le début du film, le montage de Lotar se développe sous la forme d’une excursion » qui s’exprime d’abord de manière géographique, de Paris vers la banlieue Notre-Dame et les quais de la Seine, les écluses du canal Saint-Martin, l’arrivée des péniches à Aubervilliers, puis au sein même de la zone industrielle d’Aubervilliers le port, les entrepôts, les taudis du quartier du Landy, le potager, la rue, etc.. Cette progression est, dans un premier temps, matérialisée à l’écran par l’image des péniches en mouvement sur la Seine, qui servent de raccord visuel aux images du début du film. Une fois arrivés à Aubervilliers, les enfants prennent le relais et deviennent nos guides » à travers le dédale des bidonvilles. On les retrouve se baignant dans l’eau sale du port, jouant au pied des navires, près des roulottes où vivent leurs parents ou sur les terrains vagues, déambulant dans les rues, etc. Ils apparaissent au coin d’un plan, en groupe dans la rue ou regardant le mouvement des grues sur le port. Une des dernières images du film, qui nous montre les enfants de la famille Izy courant à travers les gravats et les rues défoncées, nous rappelle une dernière fois cette fonction de guides involontaires qu’ils ont occupée, dirigeant notre attention à travers les paysages désolés et les anecdotes pathétiques des habitants des îlots insalubres ». Il faut également ajouter que l’eau est un autre élément visuel constant dans le film, à travers les plans de la Seine, l’eau de la fontaine s’écoulant dans le caniveau ou encore la pluie qui accompagne les ouvriers au travail. Omniprésence de l’élément sonore 12La bande-son, quant à elle, peut être divisée en trois éléments distincts la musique de Joseph Kosma ; les trois chansons, interprétées par Fabien Loris et Germaine Montero Chanson de la Seine, Gentils enfants d’Aubervilliers – divisée en deux parties, la première partie étant chantée à deux reprises, chaque fois par un des deux interprètes – et Chanson de l’eau ; enfin le commentaire à proprement parler, énoncé en voix off par Roger Pigaut, qui affirme clairement son parti pris en nommant les habitants d’Aubervilliers et en reprenant leurs paroles et leurs pensées. Ces trois éléments se répartissent au cours du film sous la forme suivante une musique omniprésente, parfois mise en valeur par l’absence de voix humaine chant ou commentaire comme on l’entend sur certains plans le travail des ouvriers sur le port, les mouvements de l’excavatrice ou, plus loin, lorsque la caméra parcourt l’intérieur délabré d’une maison. Sur cette musique viennent se poser les voix des chanteurs et celle du commentateur, suivant un rythme d’alternance assez régulier, le commentaire assurant parfois lui-même le lien avec les chansons. C’est le cas au début du film, où les premiers mots prononcés par Roger Pigaut sont les mêmes que ceux qui achèvent la Chanson de la Seine. 13Globalement, la bande-son, organisée par rapport au montage image, se contente de reprendre à sa manière certains des thèmes visuels. L’image typiquement prévertienne de l’enfance innocente plongée dans un monde cruel se matérialise dans le texte par la chanson Gentils enfants d’Aubervilliers et par le commentaire de cette image d’enfant jouant avec une pièce, symbole de l’innocence brisée dans un monde régi par l’argent Et toujours le beau visage de l’enfant, tout naturellement attiré par les choses les plus belles, un oiseau, le soleil, aussi bien que par les objets les plus dérisoires, les plus sordides, les pièces de monnaie ». À côté de l’enfance sacrifiée, une autre image semble récurrente, celle des rats. Elle revient à plusieurs reprises, évoquée de façon anecdotique le pain suspendu chez José Ferreira, les rats qui investissent le logis fraîchement quitté par une famille, ceux qui cohabitent avec les habitants des roulottes ou, plus clairement associée aux enfants parcourant les rues d’Aubervilliers. C’est le cas des premières paroles de la Chanson de l’eau, Furtive comme un petit rat/Un petit rat d’Aubervilliers » que l’on entend alors qu’une jeune fille se rend à la fontaine publique, et qui est reprise sous une forme instrumentale à la fin du film pour accompagner la course des enfants de la famille Izy dans la rue Neuve. L’articulation des deux images, au-delà de leur valeur poétique l’association et la comparaison entre une image traditionnellement symbole d’innocence et de pureté et une autre incarnant la maladie et la mort représente également un acte de foi politique, une prise de position claire en faveur des déshérités. Intérêts communs 14 Michel Cieutat, Souvenirs d’un rite les sept genres du documentaire et le “petit film” » dans ... 14L’univers de Lotar cinéaste n’est guère éloigné de celui de Prévert poète. Ils ont en commun un intérêt pour la poétique du regard », un des sept genres du documentaire définis par Michel Cieutat14. À ce titre, le début et la toute fin du film apparaissent comme des applications pertinentes de ce principe par Lotar, quand la lumière du crépuscule sur l’eau ou au-dessus des cheminées d’usine donne un aspect à la fois apaisé et quasiment fantastique à une réalité plutôt ingrate de nature. Cette vision poétique se retrouve également dans un goût partagé pour les analogies entre hommes et animaux. Le montage associe tout d’abord un plan des enfants se baignant dans l’eau du port, qu’il fait suivre d’un plan où l’on voit le cadavre d’un chat flottant à la surface de la Seine. Plus loin, il reprend le même système, en associant, au moyen d’un fondu enchaîné, des chiots affamés dévorant leur pâtée et un groupe d’enfants désœuvrés. Si on trouve un écho de ces analogies dans la bande sonore à travers la correspondance entre les enfants et les rats, celle-ci développe également, à travers les chansons, un autre type de rapprochement, entre l’élément aquatique et les jeunes générations d’Aubervilliers les enfants plongent la tête la première/Dans les eaux grasses de la misère » Gentils enfants d’Aubervilliers, l’eau de la fontaine qui s’écoule dans les caniveaux évoque l’idée de fuite, pour échapper à Aubervilliers » Chanson de l’eau. Par opposition, la Chanson de la Seine présente un fleuve anthropomorphisé, qui n’a pas de soucis » et se la coule douce », contrairement aux habitants des îlots insalubres ». 15Un autre élément permet de mettre en place un discours poétique et politique, dans une veine assez proche de celle du surréalisme français la recherche constante du contraste. Dans le commentaire, on la retrouve dans la comparaison récurrente entre les enfants et les rats. À l’image, elle justifie plusieurs autres plans ou groupes de plans isolés les enfants se baignant près du chat mort ou jouant à la balançoire au pied des navires du port d’Aubervilliers ; le potager et ses fiers maraîchers, dernier espace de verdure dans cette friche industrielle, etc. Elle se présente également de façon plus dramatique, à travers certains détails explicités par le commentaire tels que la famille se battant pour du charbon devant le port en pleine activité ou encore le diplôme trônant au milieu du taudis. Le contraste sert ici autant à des fins esthétiques qu’à des fins politiques, illustrant le rapport de force constant qui anime en toile de fond les micro-tragédies d’Aubervilliers. Un acte militant 16La domination physique de l’industrie, qui surplombe et rythme la vie des habitants d’Aubervilliers, correspond dans le commentaire à une orientation franchement à gauche, prenant fait et cause pour les ouvriers. Par ailleurs, Lotar est tout à fait conscient de cette orientation il fait ajouter un carton avant le générique indiquant ouvertement sa partialité L’auteur de ce film n’a pas jugé utile de montrer les quartiers plus modernes et plus hospitaliers de la petite cité d’Aubervilliers – ce n’était pas l’objet de ce documentaire ». Ce qui ne l’empêchera pas de subir les critiques que ce carton était censé prévenir. Aubervilliers, film partial, se termine assez logiquement par un rejet de la commisération et un appel au changement qui se comprend tout à fait dans le contexte de l’après-guerre, ce que semble promettre aux yeux de Lotar et Prévert, la présence de Charles Tillon dans le gouvernement d’alors. 17Pourtant, la sympathie pour le monde ouvrier se teinte aussi d’une ironie amère que l’on discerne immédiatement dans certaines images les enfants plongeant dans l’eau sont bien comparés aux chats, mais aux pauvres vieux chats crevés », comme le rappelle de manière insistante les paroles de Gentils enfants d’Aubervilliers. De même, la solidarité du monde prolétaire est mise à mal lorsque le film montre comment une misère trop grande mène à une concurrence, parfois violente, entre les membres d’une même population, connaissant un sort semblable. Le plan de la femme et des enfants se battant pour du charbon au pied d’usines prospères est, à ce titre, des plus éloquents pour évoquer cette idée de lutte quasi fratricide pour la survie. Les diverses anecdotes parsemant le commentaire, poursuivent cette amertume, comme l’histoire de la famille modèle diplômée par Laval, dont le fils sera déporté. La palme de cette ironie revient sans doute à ce vieillard méritant, expulsé pour cause d’agrandissement du cimetière. On retrouve ici un motif typiquement prévertien, mais partagé une fois de plus par Lotar, celui de la présence écrasante du Destin, qui dans les fictions de Prévert conduit les amoureux à leur perte. Ce Destin, sous la forme de l’exploitation par le travail et la misère, condamne les habitants à leur sort Pour eux, c’est une vie comme une autre, une vie qui a mal commencé et qui finira de même. C’est la vie, pensent-ils, selon la formule consacrée… selon la formule résignée ». L’appel final au changement apparaît donc également comme un appel à combattre ce destin qui semble immuable. Ce désir de changement doit selon les auteurs accompagner la nécessaire reconstruction du pays après la guerre. 18Malgré cette évidente communauté de regard entre les deux hommes, on ressent parfois une sorte de hiatus entre l’image et le son, comme si ces regards convergents redevenaient soudain doubles, comme si chacun reprenait malgré lui sa propre personnalité. D’un côté, Lotar se porte vers le réalisme le plus cru, l’aspect poétique étant dévolu au montage, loin des beaux plans sur la Seine qui ouvrent le film. C’est le cas par exemple du plan sur le chat mort flottant dans l’eau de la Seine, de la femme repoussant l’homme qui veut lui prendre son charbon, de l’ouvrier de Saint-Gobain aux mains abîmées par le travail ou encore de ces enfants des roulottes, vivant dans la faim et la poussière. À l’inverse, Prévert tente à plusieurs reprises de sublimer par les mots la cruauté des images. On aboutit ainsi par moments à une situation assez contradictoire où le commentaire semble se détacher de la dureté des images pour tenter d’en adoucir les effets. Ces images tendent alors à perdre de leur spontanéité et de leur force visuelle. En donnant l’impression d’appliquer le réalisme poétique » à un film documentaire, le travail de Prévert semble atteindre sa limite. Cette vision poétique qui s’accorde mal à la cruauté des images explique en partie les réserves des critiques qui, on l’a vu, concernaient en grande majorité le commentaire de Prévert. 19Bien que le film conserve sa pertinence documentaire et esthétique cadre, montage, point de vue, l’appel au changement qui clôt Aubervilliers fige définitivement le film et son propos dans une époque précise, celle d’un après-guerre hésitant entre un certain désabusement et l’espérance en des jours meilleurs. Le film reste également une œuvre importante dans les carrières respectives de Prévert et Lotar, mais pour des raisons différentes. Pour Lotar, Aubervilliers marque la fin progressive de sa carrière de photographe, d’opérateur et de cinéaste. En revanche, pour Prévert, ce film marque le début d’une série de participations amicales délaissant progressivement les scénarios de long métrage à l’exception des collaborations avec Paul Grimault et son frère Pierre, il se consacrera essentiellement à l’écriture de commentaires pour des courts métrages. Aubervilliers marque le début de ce désir du poète de transposer son travail sur le texte cinématographique du scénario et du dialogue vers le commentaire, de la fiction vers le documentaire teinté de nostalgie.

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Carole Aurouet, dans son avant-propos La genèse des Enfants du paradis, nous mène de façon irrésistible à la lecture de cet extraordinaire scénario, introuvable sous cette forme. On pourra alors noter les nombreuses différences apparaissant entre ce scénario, premier, et le film réalisé par Marcel Carné, éprouver un plaisir renouvelé à la lecture de l’écriture de Jacques Prévert, ou encore accorder à Garance que c’est tellement simple l’amour. —> Les Enfants du paradis Le scénario original chez Amazon Etranges étrangers et autres poèmes Poète de la joie de vivre et de la liberté, Prévert était aussi celui de la révolte. Il dénonce le racisme, la misère et l’injustice tout en gardant son chant inimitable. Allez allez ne ramenez pas tant votre science Tout le monde ne peut pas tuer tout le monde Croyez-en ma vieille expérience Alors tout saccagé qu’il est le Grand Bal du Printemps peut-être ne fait que commencer » Jacques Prévert écrivit Étranges étrangers au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, époque tourmentée où la France dévastée recourait largement à une main-d’œuvre étrangère après avoir utilisé les cobayes des colonies comme chair à canon et où une vague xénophobe déferlait sur le pays. Il y dénonce les injustices subies par les hommes des pays lointains. Au-delà de sa révolte, l’auteur rend également hommage à leur vérité et à la beauté de leurs cultures multiples. —> Étranges étrangers et autres poèmes chez Amazon en livre de poche La pluie et le beau temps Vous je ne vous regarde pas ma vie non plus ne vous regarde pas J’aime ce que j’aime et cela seul me regarde et me voit J’aime ceux que j’aime je les regarde ils m’en donnent droit. » Droit de regard Alternant confidences personnelles et élans engagés, mêlant fables, poèmes et saynètes, Prévert déjoue toutes les classifications habituelles pour nous offrir un recueil d’une inaltérable actualité. —> La Pluie et le Beau Temps chez Amazon en livre de poche Poèmes et chansons Une anthologie de poèmes et de chansons, pour redécouvrir la musique unique de Jacques Prévert, que l’on chantonne enfant, et qui reste dans la tête, même quand on devient grand. —> Poèmes et chansons de Jacques Prévert chez Amazon Page d’écriture Les célèbres poèmes de Jacques Prévert mis en images par Jacqueline Duhême. —> Page d’écriture chez Amazon Imaginaires Un enfant sage comme une image regarde une image qui représente un enfant sage comme une image qui représente un enfant sage comme une image qui représente… Mais l’enfant en a assez de cette unique représentation, il veut que le décor change et toute la pièce avec. Cette image que je regarde, j’en fais ce que je veux, ça me regarde. » Il détache la page avec soin, la déchire, lance les morceaux en l’air et attend que ça retombe, en désordre ». Tel cet enfant inconoclaste, Jacques Prévert confronte dans ce recueil textes et collages. Pour mieux les déconstruire, les libérer et nous offrir, l’air de rien, au-delà des conventions, un art poétique. —> Imaginaires chez Amazon en livre de poche Spectacle Schneider et Krupp Monsieur le Président, Nous sommes désolés ,Mais les munitions, On les a mélangées, Ça va faire mauvais effet !…Poincaré avec un bon sourire Mais non, ça ne fait rien. Les obus français et les obus allemands sont de la même famille. Vous n’avez qu’à partager » La bataille de Fontenoy Spectacle nous rappelle que Jacques Prévert, s’il a travaillé longtemps pour le cinéma, a écrit aussi, entre 1932 et 1936, un certain nombre de courtes pièces de théâtre, jouées à l’origine par le groupe Octobre. —> Spectacle chez Amazon en livre de poche L’opéra de la lune Il n’avait jamais connu ses parents et vivait chez des gens qui n’étaient ni bons ni méchants, ils avaient autre chose à faire, ils n’avaient pas le temps… C’est l’histoire de Michel Morin, le Petit Garçon de la Lune. Le chat et l’oiseau Avec Prévert, on apprend les choses qui comptent vraiment dans la vie, des choses qui jamais ne s’oublient et qui resteront quand même lorsque le XXe siècle sera fini. —> Le Chat et l’Oiseau chez Amazon La Pléiade
JacquesPrévert naît au 19 de la rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine (actuellement Hauts-de-Seine) le 4 février 1900. Il y passe son enfance. Son père André Prévert, fait divers métiers pour gagner sa vie et de la critique
Le 11 avril 1977, disparait Jacques Prévert. Un immense poète encore d’actualité, de plus en plus apprécié de la maternelle à l’université, un temps surréaliste mais toujours iconoclaste. Chanté par les plus belles voix, apprécié des plasticiens pour ses collages, encensé par les plus grands noms du cinéma. De la plume au bitume, une poésie aux multiples facettes. S’éteint en terre normande, le 11 avril 1977, Jacques Prévert, l’auteur des Feuilles Mortes. L’une des cinq chansons françaises qui ont fait le tour du monde, avec une version japonaise, chinoise, russe, arabe… », soulignait Françoise Canetti en 2017, l’année du quarantième anniversaire du décès du poète où nouveautés littéraires et discographiques se ramassaient à la pelle ! Elle fut la maître d’œuvre d’un formidable coffret de trois CD rassemblant 45 chansons et 25 poèmes du grand Jacques avec pas moins de 35 interprètes. De Cora Vaucaire à Bob Dylan, d’Iggy Pop à Jean Guidoni, de Jeanne Moreau à Philippe Léotard… Clope au bec, chapeau sur la tête et toutou à ses pieds, le regard songeur sur les quais de Seine comme l’immortalisa son copain photographe Robert Doisneau, Prévert s’en moquerait aujourd’hui près de 500 établissements scolaires portent son nom, le plaçant juste derrière Jules Ferry en tête de ce classement honorifique ! Une notoriété qui eut l’heur de déplaire à certains. Jacques Prévert est un con », déclarait sans préambule Michel Houellebecq dans un article aux Lettres Françaises en 1992. Pourquoi ? Parce que ses poèmes sont appris à l’école, qu’il chante les fleurs et les oiseaux, qu’il est un libertaire donc un imbécile… Si d’aucuns n’apprécient guère les auteurs populaires, ils furent pourtant nombreux, les gens de renom, à saluer la sortie du recueil Paroles en 1946 André Gide, René Char, Georges Bataille, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre ! Ses détracteurs n’ont certainement pas lu toute son œuvre, mon grand-père avait conscience d’être enfermé dans son rôle de poète des écoles », déplore Eugénie Bachelot-Prévert. Pourtant, il a aussi écrit des textes très subversifs, en réalité les personnes qui l’attaquent estiment que la poésie doit être réservée à une élite ». Avec Prévert, il faut apprendre à dépasser les clichés, à goûter la force de son verbe autant que celle de ses engagements politiques et sociaux, à mesurer la pluralité de son talent. Qui ne se souvient du célèbre Dîner de têtes, du Cancre ou de Barbara ? Des poèmes passés à la postérité que des générations de lecteurs, d’abord en culottes courtes puis montés en sève sous leurs cheveux blancs, ne cessent de déclamer avec bonheur et volupté… La mémoire, tenace, ne peut oublier ce qui fait trace ! D’aucuns pourtant l’ignorent, selon l’expression même du grand Jacques, certains de ces poèmes furent proférés, gueulés » en des lieux où la poésie ordinairement n’avait pas droit de cité à la porte des usines, à l’entrée des cités. Ainsi, en va-t-il de cette hilarante et pourtant dramatique Pêche à la baleine écrite en 1933 et publiée dès 1946 dans le recueil Paroles. C’est ce que nous révèle André Heinrich, patient et éminent collecteur de l’intégralité des Sketches et chœurs parlés pour le groupe Octobre. Même s’il refusa toujours de se faire mettre en cellule », Prévert très tôt afficha une sensibilité proche des milieux communistes. Déjà, au temps du surréalisme, avec Tanguy et Duhamel, le trio infernal clamait son indépendance, juste pour contrarier André Breton dont il ne supportait pas l’autoritarisme ! Ami du peuple, des pauvres et des miséreux, Prévert ne cessera de dénoncer l’injustice mais il demeurera toujours rétif à tout embrigadement, tout système, toute hiérarchie. À l’image de son compère Boris Vian, dont il sera voisin de palier cité Véron à Paris, derrière le Moulin-Rouge. Jacquot l’anarchiste ne pouvait supporter la charité mielleuse du cercle familial, les généraux, les évêques et les patrons… Alors, il écrit des textes et des chansons pour la FTOF, la Fédération du Théâtre Ouvrier Français, d’inspiration communiste. Qu’il joue ensuite, avec la bande des joyeux lurons du groupe Octobre Maurice Baquet, Sylvia Bataille, Roger Blin, Raymond Bussières, Paul Grimault, Pierre Prévert…, aux portes des usines Citroën en grève par exemple ! Un grand moment de révolte où le nom du patron rime avec millions et citron, un appel ouvert à la grève généralisée clamé à la Maison des syndicats en mars 1933… Suivront d’autres pamphlets, devenus des classiques aussi célèbres que les écrits dits poétiques » de Jacques Prévert La bataille de Fontenoy, L’émasculée conception ou La famille Tuyau – de – Poêle… Prévert brandit haut La crosse en l’air » contre cette société qui s’enrichit sur le dos des exclus. C’est pour tous ces gens de peu qu’il part en croisade crier, hurler, gueuler… Gueuler pour ses camarades du monde entier, ses camarades cimentiers…, ses camarades égoutiers…, ses camarades surmenés, exploités et mal payés…, pour ses camarades de toutes les couleurs, de tous les pays ». La lecture réjouissante d’une œuvre puissante qui, de nos jours, n’a rien perdu de son acuité. Une œuvre, une écriture que Prévert le scénariste décline aussi au cinéma avec les plus grands réalisateurs Marcel Carné, Jean Renoir, Paul Grimault… et comédiens Jean Gabin, Arletty, Michèle Morgan, Michel Simon, Louis Jouvet… de son temps ! Des répliques ciselées au cordeau, passées à la postérité, dont chacun se souvient Bizarre, moi j’ai dit bizarre, comme c’est bizarre », T’as d’beaux yeux, tu sais » comme des films culte dont elles sont extraites Le crime de monsieur Lange », Drôle de drame », Quai des brumes », Les enfants du paradis »… Le cinéma ? Un art auquel l’initie son frère Pierre dans les années 30, qu’il affine après guerre en compagnie de Paul Grimault, l’un des précurseurs du cinéma d’animation en France. Ensemble, ils signent Le roi et l’oiseau », un authentique chef d’œuvre à voir ou revoir absolument. Prévert adore aussi rassembler des éléments divers photos, tissus, dessins.. pour épingler encore le monde par-delà les mots… Des collages qu’il offre ensuite à Minette sa fille ou à Picasso son ami. C’est en 1948, suite à un grave accident, que Prévert alité se prend à jouer du ciseau, de la colle et du pinceau. Un passe-temps qui se transforme très vite en une véritable passion, encouragée par ses potes Picasso et Miro. Il maraude gravures et documents chez les bouquinistes des quais de Seine, il taille menu les photographies de Brassaï et de Doisneau, il cisaille sans vergogne images et cartes postales. Au terme de son existence, il aura réalisé pas loin de 1000 collages, d’aucuns étonnants de beauté, d’humour et d’imagination. De surprenantes œuvres d’art au parfum surréaliste et fantaisiste, méconnues du grand public… En un superbe coffret, outre le recueil Paroles, les éditions Gallimard ont eu la bonne idée d’y ajouter un fascicule des plus beaux collages de Prévert. Où l’humour et la couleur explosent à chaque page, un superbe cadeau à offrir, voire à s’offrir ! Entré au panthéon de La Pléiade, la célèbre collection au papier bible, Jacquot l’anticlérical doit bien rigoler en son éternelle demeure. Il en est une, en tout cas, qu’il n’aura jamais déserté de son vivant, qui nous le rend immortel celle du Verbe proclamé ou chanté, colorié ou filmé. La poésie, c’est ce qu’on rêve, ce qu’on imagine, ce qu’on désire, et ce qui arrive, souvent », écrivait Jacques Prévert. À vos plumes alors, poètes des villes et des champs, c’est le printemps ! Yonnel Liégeois À lire, à écouter – Jacques Prévert, œuvres complètes » deux volumes à La Pléiade, sous la direction de Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster. Paris Prévert », de Danièle Gasiglia-Laster en collaboration avec Fatras/Succession Jacques Prévert. – Paroles » un coffret comprenant le recueil de poèmes et un fascicule de collages. – Jacques Prévert n’est pas un poète » une biographie dessinée d’Hervé Bourhis et Christian Cailleaux. – Prévert&Paris, promenades buissonnières », Jacques Prévert, une vie », Prévert et le cinéma », Le cinéma dessiné de Jacques Prévert » les principaux ouvrages signés par Carole Aurouet, docteur en littérature et civilisation françaises à l’université Paris III-Sorbonne nouvelle et éminente érudite de l’univers prévertien ». – Jacques Prévert, ces chansons qui nous ressemblent » un coffret de trois CD comprenant 70 chansons et poèmes.
Parolesde Il faut vivre par Serge Reggiani. Il faut vivre, l′azur au-dessus comme un glaive Prêt à trancher le fil qui nous retient debout Il faut vivre partout, dans la boue et le rêve. En aimant à la fois et le rêve et la boue Il faut se dépêcher d'adorer ce qui passe Un film à la télé, un regard dans la cour Un cœur fragile et
Jacques Prévert n’a pas mis Paris en bouteille. Il l’a mis en Seine* ». Dès son enfance Prévert a arpenté Paris, ses quartiers, ses rues; il a beaucoup évoqué la ville lumière dans ses poèmes et ses films. Je vous propose d’écouter ce très joli poème Chanson de la Seine » . Pour cet enregistrement Paola nous a prêté sa voix. La Seine a de la chanceElle n’a pas de souciElle se la coule douceLe jour comme la nuitEt elle sort de sa sourceTout doucement, sans bruit,Et sans se faire de mousseSans sortir de son litElle s’en va vers la merEn passant par ParisLa Seine a de la chanceElle n’a pas de soucisEt quand elle se promèneTout le long de ses quaisAvec sa belle robe verteEt ses lumières doréesNotre-Dame jalouseImmobile et sévèreDu haut de toutes ses pierresLa regarde de traversMais la Seine s’en balanceElle n’a pas de soucisElle se la coule douceLe jour comme la nuitEt s’en va vers le HavreEt s’en va vers la merEn passant comme un rêveAu milieu des mystèresDes misères de Prévert Sources. jean-paul liégeois – Editeur, écrivain…

Chansonde la Seine (traduction en allemand) Artiste : Jacques Prévert • Artiste invité : Chanson Plus Bifluorée • Aussi interprété par : Jeanne Moreau Chanson : Chanson de la Seine • Album : Spectacles 6 traductions Traductions : allemand #1, #2, anglais#2, anglais

Tracklist I = Instrumental L = Live B = Bonustrack H = Hidden Track C = Coversong CD 1 Track Künstler/Band Titel Zeit Besonderheit Gesamtzeit 7550 1. Marianne Oswald Embrasse-Moi 301 2. Marianne Oswald Chasse À L'enfant 246 3. Marianne Oswald Toute Seule 314 4. Marianne Oswald La Grasse Matinée 317 5. Marianne Oswald Les Bruits De La Nuit 229 6. Marianne Oswald Déjeuner Du Matin 203 7. Agnès Capri Adrien 230 8. Agnès Capri Quand Tu Dors 302 9. Agnès Capri La Pêche À La Baleine 330 10. Agnès Capri L'orgue De Barbarie 324 11. Agnès Capri Les Animaux Ont Des Ennuis 157 12. Agnès Capri Nuit Blanche 048 13. Agnès Capri Il Faut Passer Le Temps 134 14. Agnès Capri Plan De Paris 116 15. Édith Piaf Embrasse-Moi 309 16. Édith Piaf Simple Comme Bonjour 259 17. Édith Piaf Autumn Leaves [Les Feuilles Mortes] 329 18. Édith Piaf Cri Du Cœur 240 19. Renée Lebas Les Feuilles Mortes 310 20. Lys Gauty Chanson Des Escargots Qui Vont À L'enterrement 252 21. Claire Leclerc Chanson Des Enfants D'aubervilliers 246 22. Cora Vaucaire Les Feuilles Mortes 227 23. Cora Vaucaire Chanson Des Escargots Qui Vont À L'enterrement 247 24. Cora Vaucaire Cet Amour 521 25. Cora Vaucaire Quand Tu Dors 242 26. Cora Vaucaire Chanson Du Geôlier 236 27. Cétait Paris en 1970, Juliette Gréco, paroles de Pierre Delanoë et musique de Claude Bolling; Chanson de la Seine, paroles de Jacques Prévert, musique de Joseph Kosma (1946) Chanson en canot, Colette Magny, 1964; Châtenay Malabry, Vincent Delerm, 2002; Le Chevalier de Paris, Édith Piaf; Ciel de Paris, Jean Sablon

Un vieillard en or avec une montre en deuil Une reine de peine avec un homme d’Angleterre Et des travailleurs de la paix avec des gardiens de la mer Un hussard de la farce avec […] Plus Il y a de grandes flaques de sang sur le monde où s’en va-t-il tout ce sang répandu est-ce la terre qui le boit et qui se saoule drôle de soûlographie alors si sage… si […] Plus C'était OK J'ai aimé Incroyable Cet amour Si violent Si fragile Si tendre Si désespéré Cet amour Beau comme le jour Et mauvais comme le temps Quand le temps est mauvais Cet amour si vrai Cet amour si beau Si […] Plus La porte que quelqu’un a ouverte La porte que quelqu’un a refermée La chaise où quelqu’un s’est assis Le chat que quelqu’un a caressé Le fruit que quelqu’un a mordu La lettre que quelqu’un a […] Plus C'était OK Bof J'ai aimé Complainte de la mer dans le fracas du vent Tout ce qu’elle vocifère et qu’elle chante en rêvant dans les sables mouvants Tout ce qu’elle tait soudain Silencieuse étale et plate calmement Plus L’effort humain n’est pas ce beau jeune homme souriant debout sur sa jambe de plâtre ou de pierre et donnant grâce aux puérils artifices du statuaire l’imbécile illusion de la joie de la danse et […] Plus C'était OK Bof J'ai aimé Incroyable Recueil Paroles » Heureux comme la truite remontant le torrent Heureux le cœur du monde Sur son jet d’eau de sang Heureux le limonaire Hurlant dans la poussière De sa voix de citron […] Plus Bof C'était OK J'ai aimé Louis I Louis II Louis ILE Louis IV Louis V Louis VI Louis VII Louis VIII Louis IX Louis X dit le Hutin Louis XI Louis XII Louis XIII Louis XIV Louis XV Louis XVI […] Plus à Cécile Miguel Orange des orangers citrons des citronniers olives des oliviers ronces des ronceraies Mystères fastueux et journaliers La vie est belle je me tue à vous le dire dit la fleur et elle […] Plus Bof Un jour, il y avait un jeune dromadaire qui n’était pas content du tout. La veille, il avait dit à ses amis Demain, je sors avec mon père et ma mère, nous allons […] Plus Une hirondelle vole dans le ciel vole vers son nid son nid où il y a des petits elle leur apporte une ombrelle des vers de vase des pissenlits un tas de choses pour amuser […] Plus Soyez prévenus vieillards soyez prévenus chefs de famille le temps où vous donniez vos fils à la patrie comme on donne du pain aux pigeons ce temps-là ne reviendra plus prenez-en votre parti c’est fini […] Plus

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Гуչемሌምу αчозоምուщեρа уравипሮдиц ኹιкоβըκежИ ктխ
Avecla petite cuiller Sans me parler Sans me regarder. Il a tourné Sans me regarder Et moi j'ai pris. Il a bu le café au lait 20 Il s'est levé Ma tête dans ma main. Et il a reposé la tasse Il a mis Et j'ai pleuré. Sans me parler Son chapeau sur la Russia is waging a disgraceful war on Ukraine. Stand With Ukraine! Artiste Jacques Prévert •Artiste invité Chanson Plus Bifluorée •Interprété aussi par Jeanne Moreau Chanson Chanson de la Seine •Album Spectacles Traductions allemand 1, 2 ✕ Chanson de la Seine La Seine a de la chance Elle n'a pas de souci Elle se la coule douce Le jour comme la nuit Et elle sort de sa source Tout doucement, sans bruit Et sans se faire de mousse, Sans sortir de son lit Elle s'en va vers la mer En passant par ParisLa Seine a de la chance Elle n'a pas de souci Et quand elle se promène Tout le long de ses quais Avec sa belle robe verte Et ses lumières dorées Notre-Dame jalouse, Immobile et sévère Du haut de toutes ses pierres La regarde de traversMais la Seine s'en balance Elle n'a pas de souci Elle se la coule douce Le jour comme la nuit Et s'en va vers le Havre Et s'en va vers la mer En passant comme un rêve Au milieu des mystères Des misères de Paris traduction en allemandallemand rimante Lied der Seine Versions 12 Die Seine hat 's gut Sie hat keine Sorgen Sanft strömt sie dahin So heute wie morgen. Sie entspringt ihrer Quelle Sanft, ohne Geschrei Ohn' ihr Bett zu verlassen Ohne Schaumschlägerei So fließt sie zum Meer An Paris vorbeiDie Seine hat's gut sie hat keine Sorgen Und wenn sie flaniert an den Ufern aus Stein in smaragdfarbenem Kleid und vergoldetem Schein Notre-Dame, voller Neid, Erhaben und fest Aus steinerner Höhe Sie vorüberziehn der Seine ist's egal Sie hat keine Sorgen Sie strömt sanft uns süß So heute wie morgen An Le Havre vorbei Zieht sie fort an die See Und streift wie ein Traum All' Geheimnis und Weh Das Paris hält verborgen Publié par Gunda412 Lun, 24/05/2021 - 1522 Dernière modification par Gunda412 Jeu, 27/05/2021 - 1158 ✕ Ajouter une nouvelle traduction Ajouter une nouvelle demande Traductions de Chanson de la Seine » Expressions idiomatiques dans Chanson de la Seine » Music Tales Read about music throughout history pQXQa.
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